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Création variétale : des fraises plus goûteuses pour riposter aux produits espagnols

Les producteurs ont créé leur propre outil de recherche pour concevoir des variétés plus goûteuses, productives et résistantes aux maladies. Elles couvrent 20 % du marché français.

Par Paul Molga

Publié le 24 avr. 2018 à 15:19

Charlotte, ciflorette, cirafine, rubis des jardins… Depuis la fondation du Ciref, le centre de création variétale de la filière fraise, la riposte aux fraises d'importation porte ses fruits. La quinzaine de variétés sorties des serres de cet organisme voulu par la profession couvre à présent 20 % environ du marché français. « La meilleure réponse aux fraises bon marché venues de l'étranger est la qualité gustative », plaide son directeur, Pierre Gaillard.

C'est un travail de longue haleine : entre les premières spécifications et la mise en étal, il peut facilement s'écouler dix ans. Il faut d'abord écrire le cahier des charges avec les producteurs : le goût recherché, les maladies à combattre, la saisonnalité, le rendement cible, l'adaptation aux conditions climatiques… A l'aide de marqueurs moléculaires, les ingénieurs du Ciref cherchent ensuite, dans leur « fraisothèque » forte de plus de 200 variétés, les caractères génétiques correspondants. Puis ils croisent entre elles les espèces présentant des aptitudes complémentaires et trient dans la descendance les individus répondant au mieux aux objectifs qu'ils se sont fixés. Avant de les multiplier. « Nous conservons chaque année entre 2 et 5 % des milliers d'hybrides obtenus par croisement au Ciref », explique Pierre Gaillard.

Créations protégées

Les plants obtenus subissent ensuite de nouveaux cycles de sélection pour vérifier leur stabilité et leur performance dans des environnements de culture différents. « Sélectionner, c'est éliminer jusqu'à obtenir le graal commercial recherché », poursuit le président.

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Sur les milliers de variétés étudiées depuis 1988, seulement 12 ont été protégées par un certificat d'obtention végétale pour être commercialisées sous forme de licence, à raison de 18 à 25 euros de royalties pour un millier de plants. A elle seule, la charlotte, aux arômes boisés, créée en 2004, couvre plus de la moitié (55 %) des ventes réalisées par le Ciref, qui engrange grâce à elle une bonne part des 800.000 euros de son budget annuel. « Le solde provient de l'adhésion de quelque 600 producteurs contributeurs de notre modèle de création variétale collaborative qui participent activement à nos tests », précise le Ciref.

La résistance à l'oïdium est le sujet de préoccupation du moment, surtout pour les productions en jardins suspendus. Le Ciref dédie à ce champignon pathogène un programme particulier. « Plusieurs gènes sont impliqués, explique la chercheuse Aurélie Petit. Nous en avons identifié certains et obtenu 8 variétés tolérantes. » Mais elles ne présentent pas les autres caractères d'intérêt réclamés par les professionnels. Après dix ans de recherche, une nouvelle phase de croisement démarre donc cette année.

Paul Molga

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