Bougival : le coach des légumes bio sur le vieux terrain de foot, c’est lui

Des carottes et des salades à la place des crampons et du ballon rond. Sur l’île de la Chaussée, la transformation du terrain de foot en terre agricole vient de commencer.

 Bougival, mardi. Eric Joly, lauréat de l’appel à projet lancé par la mairie, vient d’entamer la transformation de l’ancien terrain de foot. 250 m3 de fumier y sont répandus depuis ce mardi pour enrichir le sol
Bougival, mardi. Eric Joly, lauréat de l’appel à projet lancé par la mairie, vient d’entamer la transformation de l’ancien terrain de foot. 250 m3 de fumier y sont répandus depuis ce mardi pour enrichir le sol LP/Élisabeth Gardet

    C'est une troisième mi-temps insolite et radicale. À Bougival, la métamorphose de l'ancien terrain de foot est en marche. Depuis ce mardi, 250 m3 de fumier issus des écuries de Maisons-Laffitte sont en cours d'épandage sur ce terrain de l'île de la Chaussée.

    Dans quelques semaines, la pelouse qui fut foulée par des générations de footballeurs amateurs sera remplacée par des pommes de terre, des carottes, des radis et des salades. Les premiers légumes d'une production appelée à devenir une vaste zone de maraîchage, cultivée selon les principes de la permaculture*.

    Porté par Luc Wattelle, le maire (DVD) de Bougival, ce projet subventionné par l'Union européenne au titre de la politique agricole commune a vocation à devenir un site pilote de l'agriculture urbaine. Un sujet cher à Eric Joly, jardinier-paysagiste à Villepreux, lauréat de l'appel à projet lancé par la municipalité en janvier dernier. Formé au maraîchage en Bretagne et à la permaculture à l'école du Bec Hellouin (Eure), cet agriculteur nouvelle vague est lié à la mairie par une convention.

    Guinguette et visites pédagogiques

    Pendant trois ans, il conservera son activité de paysagiste à mi-temps, pour tester la viabilité de sa « Ferme sur l'île » — c'est le nouveau nom du site — avant de s'y engager à temps plein. « L'enjeu est de réussir à produire une trentaine de variétés de légumes, pour proposer 50 à 80 paniers chaque semaine, explique Eric Joly. Le terrain de foot était entretenu sans produit phytosanitaire depuis plusieurs années. Le sol a été analysé : il est déjà propre, ce qui permettra d'obtenir le label bio ».

    Le fumier répandu sur la pelouse va permettre d'enrichir le terrain, en lui fournissant la matière organique nécessaire aux plantations. À terme, les légumes seront commercialisés dans l'ancien local du gardien du stade, en cours de transformation. Il doit bientôt accueillir une guinguette qui proposera des plats confectionnés à partir des légumes d'Eric Joly, et un local réservé à une Amap (association pour le maintien d'une agriculture paysanne) qui vient de voir le jour.

    Des visites pédagogiques pour les enfants seront organisées avec l'appui de l'association « On sème en Seine » en cours de création. Un partenariat avec la cuisine centrale pour la restauration scolaire est aussi à l'étude. « L'interaction, le circuit très court… C'est tout un monde qui est en train de naître autour de cet ancien terrain de foot, résume Eric Joly. L'idée est aussi de créer un modèle par l'exemple, de faire en sorte que ces micro-fermes en agriculture biologique essaiment. »

    * Née en Australie dans les années 1970, la permaculture défend une agriculture respectueuse de l'environnement, basée sur des principes d'écologie et sur le savoir des sociétés traditionnelles.