Trente centimes le traitement en acupuncture ou aromathérapie contre 20 à 25 euros en antibiotiques : les éleveurs commencent à avoir recours aux médecines naturelles, malgré un durcissement de la réglementation. De l'estragon ou de l'eucalyptus citronné pour une mammite chaude, de l'écorce de canelle pour une mammite froide, de la cardamome pour une mammite due au stress, de la lavande pour une dermatite, de la monarde pour le vêlage ou encore de la sauge et de la myrthe pour stimuler la reproduction : voici quelques exemples d'utilisation des plantes.
Des huiles essentielles non autorisées à la vente
Huit fois par mois, le Centre d'expérimentation et de technologie alimentaire (CETA) organise des formations de deux jours en aromathérapie (depuis 2012) et acupuncture (2017), indique Claire Odienne, une animatrice de la structure. Elle souhaite désormais une évolution de la législation dans le cas des huiles essentielles car elles ne sont pas officiellement autorisées à la vente. En effet, l'utilisation d'homéopathie et d'huiles essentielles à des fins thérapeutiques est soumise à prescription après examen des animaux par un vétérinaire. "On applique aux huiles essentielles les mêmes règles que les médicaments alors que leur composition change d'une plante à l'autre et d'un lot à l'autre d'une même plante. A ces conditions, il n'y aura jamais d'AMM (autorisation de mise sur le marché) de ces huiles" comme c'est prévu par l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation), selon Michel Derval, naturothérapeute, qui a formé 1.200 éleveurs en 15 ans, après avoir été sollicité par l'école vétérinaire de Nantes.
Des éleveurs invités à réduire leur consommation d'antibiotiques
L'Union européenne a aussi publié en 2013 un règlement imposant le retrait du marché de centaines d'extraits aromatiques végétaux employés en aliments complémentaires. Pourtant, dans son programme de lutte contre "l'antibiorésistance", le gouvernement incite les éleveurs à "développer les mesures de prévention des maladies infectieuses et faciliter le recours aux traitements alternatifs" que sont la phytothérapie et l'aromathérapie. Et "c'est vers les vaccins que s'orientent les pouvoirs publics", pense savoir M. Derval.
L'utilisation des antibiotiques en santé animale en France, que ce soit pour des élevages ou des animaux de compagnie, a chuté de 37% en cinq ans, dans la foulée de ce plan lancé en 2012. Un plan "Ecoantibio2", le plan national de réduction des risques d'antibiorésistance en médecine vétérinaire qui s'étalera de 2017 à 2021, a été lancé afin de "pérenniser la démarche". "La lutte contre l'antibiorésistance est un défi majeur et mondial de santé publique", assure le Ministère de la l'Agriculture et de l'Alimentation dans un communiqué. Outre le développement des traitements alternatifs, le gouvernement veut également développer des mesures de prévention des maladies infectieuses, communiquer davantage sur l'antibiorésistance et ses enjeux ou encore, "mettre à disposition des outils d’évaluation et de suivi du recours aux antibiotiques, ainsi que des outils pour leur prescription et administration responsables".