DJIHADISMEOù en est la propagande de l'organisation Etat islamique en ligne?

Où en est la propagande de l'organisation Etat islamique en ligne?

DJIHADISMEL’organisation a nettement perdu du terrain sur internet mais son idéologie continue d’être diffusée…
Illustration de l'endoctrinement djihadiste de Daesh sur Internet.
Illustration de l'endoctrinement djihadiste de Daesh sur Internet. - SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA
O. P.-V. (avec AFP)

O. P.-V. (avec AFP)

L'essentiel

  • Le groupe Etat islamique est clairement en recul dans sa propagande en ligne, à mesure qu’il enchaîne les défaites militaires.
  • Une commission sénatoriale américaine estime les efforts de Facebook, Twitter et YouTube encore « insuffisants ».
  • Le politologue Asiem El Difraoui prévient que « le corpus idéologique » de l’EI est toujours accessible sur Internet.

Le « califat » est en passe d’être réduit à un territoire virtuel. Le groupe Etat islamique (EI), quasiment battu militairement en Irak et en Syrie, tente de conserver la même capacité de propagande en ligne. Mais là aussi, l’organisation djihadiste perd du terrain.

« En décembre 2017, plus des trois-quarts des 38 organes médiatiques de l’EI, qui allaient d’Afrique de l’Ouest à l’Afghanistan, ont été pratiquement réduits au silence », a expliqué à l’AFP Charlie Winter, chercheur britannique au King’s College. Début novembre, les 8 et 9, pour la première fois depuis sa création, l’organisation Etat islamique n’a rien diffusé du tout, sur aucun des réseaux qu’il utilise.

« Une phase de la lutte est terminée et une autre commence »

« Depuis plusieurs mois, on va statistiquement vers une réduction très nette de sa propagande sur Internet, confirme à 20 Minutes Asiem El Difraoui, politologue germano-égyptien auteur du Djihadisme dans la collection Que sais-je ?. Pour Daesh, une phase de la lutte est terminée et une autre commence. Ils ont pris conscience de la défaite militaire. Ils veulent assumer un échec pour mieux rebondir. »

Cette chute de production est évidemment liée aux déroutes armées du groupe djihadiste. Albert Ford, chercheur sur « l’extrémisme domestique » pour New America, à Washington, a détaillé à l’AFP que Daesh a « moins de monde disponible, moins d’endroits pour recueillir leurs informations, moins de moyens pour les mettre en ligne ».

Facebook, Twitter et YouTube pointés du doigt

Les raids de la coalition menée par les Etats-Unis ont notamment eu raison de plusieurs figures de la propagande de Daesh, comme Abou Mohammed al-Adnani, le porte-parole officiel de l’organisation, tué en août 2016.

D’autre part, les géants du Web, utilisés par l’EI pour diffuser ses idées, ont sévi ces derniers mois, même si ce n’est « pas suffisant » selon le sénateur Ben Nelson, membre d’une commission sénatoriale américaine qui a déploré mercredi le fait que le groupe djihadiste puisse encore faire sa propagande sur Facebook, Twitter et YouTube.

YouTube, a pourtant affirmé une de ses directrices Juniper Downs, retire automatiquement 98 % des vidéos qui promeuvent la violence grâce aux algorithmes. Monika Bickert, une responsable de Facebook sur le contre-terrorisme, a assuré que sur le plus grand réseau social du monde, 99 % des contenus de l’EI et d’Al Qaïda « sont détectés et retirés avant même d’être signalés et, dans certains cas, avant qu’ils ne soient en direct sur le site ».

« Il ne faut pas crier victoire »

Daesh conserve une assise en ligne du fait d’années de travail de diffusion de sa propagande, explique Asiem El Difraoui : « Le corpus idéologique est toujours très présent, bien que les géants d’Internet ont fait des efforts pour le rendre plus difficilement accessible. Parmi les sympathisants, il y a des échanges directs par Telegram et d’autres messageries cryptées.

« Ils cherchent un endroit où ils pourraient communiquer et s’organiser. Ils ont été capables de mener leur propagande au niveau mondial pour recruter » et cherchent à pouvoir continuer à le faire, a rappelé Clint Watts, chercheur sur l’utilisation d’Internet par les groupes terroristes à l’institut Foreign Policy devant la commission de sénateurs américains, qui a ajouté qu’« ils se cherchent une nouvelle maison mais ils ne l’ont pas encore trouvée. »

« Même s’il y a une réduction temporaire grâce à la prise de conscience des pouvoirs publics et des réseaux sociaux, c’est une lutte qui va durer des années, à très long terme. Il va y avoir une reconfiguration de la propagande. Combien de fois avons-nous cru que le djihadisme était vaincu ? Il ne faut pas crier victoire », confirme le politologue Asiem El Difraoui.

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