Paris est une ferme

La start-up Sous Les Fraises, qui développe des potagers verticaux sur les toits parisiens, vient de lancer une gamme de produits entièrement cultivés et transformés à Paris. Une première.

 Paris (IVe), vendredi. Après le toit des galeries Lafayette, la start-up Sous Les Fraises créée par Yohan Hubert (ci-dessus) a installé au printemps une deuxième ferme agricole sur le toit du BHV Marais, où une permaculture verticale s'étend sur 1 500 m².
Paris (IVe), vendredi. Après le toit des galeries Lafayette, la start-up Sous Les Fraises créée par Yohan Hubert (ci-dessus) a installé au printemps une deuxième ferme agricole sur le toit du BHV Marais, où une permaculture verticale s'étend sur 1 500 m². LP/A.H.

    « T'entends, le merle ? » Sur le toit du BHV, en plein cœur de Paris (IVe), l'agriculteur urbain Yohan Hubert est dans son élément. Il caresse les branches du framboisier, goûte aux fleurs comestibles, respire l'odeur fraîche et puissante des herbes aromatiques. Nous sommes dans la deuxième ferme agricole urbaine de Sous Les Fraises. Spécialisée dans la production de végétaux en milieu urbain, la start-up est née en janvier 2015.

    Très vite, Yohan Hubert et son associée, Laure-Line Jacquier, inaugurent leur première ferme maraîchère sur le toit des Galeries Lafayette, puis, en mars 2017, celle du BHV Marais. Elle devient le plus grand « toit jardiné » de la capitale, avec 1500 m² de permaculture verticale.

    Environ 20 000 plantes, fruits et légumes s'épanouissent hors sol grâce à un système breveté de membrane biologique (qui ressemble à une poche de kangourou), conçue à partir de laine de mouton et de chanvre. Cette membrane les protège, les nourrit et stocke l'eau. « J'ai mis vingt ans pour développer cette technique », souligne Yohan Hubert.

    D'abord destinée aux restaurants, la production de Sous Les Fraises est désormais assez importante pour la distribuer auprès du grand public. Depuis fin décembre, la start-up commercialise ses propres produits transformés sous la marque « Farmhouse ».

    Bonbons au miel, thym et au romarin (4 €), nougats aux fraises ou aux framboises (7 €), bière artisanale (3,80 €) et spiritueux (47 € la bouteille de 50 cl) sont élaborés à partir des plantes et du miel des toits parisiens. Le tout cultivé sans pesticide ni herbicide. Une manière, pour l'agriculteur, de « rapprocher les citadins de la nature » et de « créer un écosystème ».

    Cet écosystème passe par un travail en réseau. Yohan a fait appel à des artisans locaux pour transformer certains produits : le gin aux fruits rouges et la vodka aux aromates herbacés sont distillés par Nicolas Julhès, de la Grande Distillerie de Paris.

    La bière, aux « notes de pêche, abricot et mandarine », est brassée par Ronan Orain, de la brasserie Outland à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). « Le houblon vient des toits de Paris et l'orge d'une production en proche banlieue », ajoute Yohan.

    La société commence doucement avec quatre produits, mais les possibilités sont infinies. L'agriculteur écrase une camomille entre ses doigts, l'odeur explose. « On va sortir les tisanes au printemps » sourit-il.

    Sans aller jusqu'à la transformation de leurs récoltes, d'autres fermes maraîchères ont fleuri dans la capitale ces deux dernières années. Fondée par deux fils d'agriculteurs, Agricool fait pousser des fraises sans pesticides dans des conteneurs.

    Depuis septembre, La Caverne, « seule ferme bio de Paris » comme le revendique la start-up Cycloponics à l'origine du projet, cultive des champignons, des endives et des micropousses dans un ancien parking souterrain, à porte de la Chapelle.

    Et la mairie de Paris vient de lancer son deuxième appel à projets Parisculteurs, qui met 43 sites à disposition des amateurs de jardins, potagers et ferme urbaine.

    Sous Les Fraises, elle, bourgeonne de projets pour 2018. La start-up prévoit d'ouvrir d'autres fermes maraîchères à Paris et un site hybride à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), à la fois potager, pisciculture et restaurant : au milieu des plantes, les clients pourront pêcher eux-mêmes leur poisson (ou du moins, le choisir) avant qu'il soit cuisiné.

    Produits en vente sur le site farmhouse.paris/farmhouse , ou dans leurs boutiques éphémères du BHV Marais et du centre commercial So Ouest de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).