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Asa Lanova est partie dans les étoiles

Asa Lanova vivait entourée de chats comme ici, photographiée en 2004.

Maryse Jaton, pour l'état civil, Asa Lanova pour ses lecteurs et pour Boris Kniaseff, le «maître des étoiles», a terminé sa vie, le 26 décembre, là où elle l'avait commencée, il y a 85 ans: dans la maison familiale de Pully. Mais dans l'intervalle, une enfance tiraillée entre parents et grands-parents, les cours de Mara Dousse au théâtre municipal, ceux de l'illustre Préobrajenska au studio Wacker, à Paris; un bref partenariat avec Béjart, à la scène comme à la ville; des engagements chez Raymondo de Larrain, auprès de Golovine à Genève, de Beriosoff à Zürich. «J'étais une étoile filante», disait-elle. Le succès venait-il? Elle quittait tout de peur de ne pas être à la hauteur.

En 1965, elle épouse Philippe Dahlmann, un brillant danseur avec qui elle ouvre l'Académie Fusion, à Lausanne. Mais peu intéressée par la pédagogie, elle se tourne vers le tissage, sur le conseil de Pierre Gisling. Les circonstances de la vie l'amènent à écrire trois dramatiques pour la TSR. Dans la foulée, Michel Soutter l'incite à se mettre au roman. En 1977, La Dernière migration est publiée par Régine Deforges. Pour Crève l'amour, elle bénéficie du soutien éditorial de Georges Belmont, le fondateur des éditions Acropole, qu'elle tient pour son maître. Suivent Le Cœur tatoué (Mazarine), L'Etalon de ténèbre (Deforges) et Le Testament d'une mante religieuse (L'Aire) ; autant de romans à plus ou moins forte composante autobiographique.

Au fil du temps, son écriture perd de sa préciosité pour acquérir une élégante gravité. A compter du Blues d'Alexandrie - ville où elle vit cinq ans-, elle trouve en Bernard Campiche un éditeur fidèle qui publiera les quatre volumes suivants. En 2005, La Gazelle tartare est couronnée par le Prix Schiller.

A l'instar de ses chats –elle en aura jusqu'à dix-neuf à la fois - , Asa Lanova a donc eu plusieurs vies. Certaines très heureuses, ses débuts de danseuse, par exemple, d'autres parsemées de déboires et de blessures. Mais elle avait emprunté à Sarah Bernhardt sa devise: « Quand même!» Ce qui la forçait à surmonter ses épisodes dépressifs. Et la confortait dans la certitude de la métempsycose. «Me réincarner dans un arbre ou un animal… », rêvait-elle.