Dopage

Interdite de JO, la Russie encaisse le(s) coup(s)

Les Jeux de Pyeongchangdossier
par Veronika Dorman
publié le 6 décembre 2017 à 19h46

«Refuser - c'est se rendre!», tel est le nouveau slogan des sportifs russes, qui encaissent le choc, au lendemain de l'exclusion de la Russie des JO d'hiver par le Comité international olympique (CIO). Ce cri du cœur est venu remplacer le «No Russia - No Games!» porté jusque-là en étendard, induisant que si la Russie, soupçonnée de dopage organisé par l'Etat, était réduite à jouer à Pyeongchang sans ses attributs nationaux, elle boycotterait.

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Abattus, les athlètes russes ont écouté le verdict du CIO, délivré depuis Lausanne mardi soir. La sentence est lourde : seuls les sportifs jugés «propres» pourront participer aux Jeux sans drapeau ni hymne russe, aucun officiel du sport russe ne sera accrédité à Pyeongchang, tandis que l’ex-ministre des Sports Vitali Moutko et son adjoint, Alexandre Joukov, sont à vie interdits de JO. L’adhésion du Comité olympique russe au CIO est suspendue jusqu’à nouvel ordre. Pour la première fois de l’histoire de l’olympisme, un pays tout entier est suspendu pour dopage.

«Nous sommes en partie responsables»

C’est donc bien l'«humiliation nationale», dont avait parlé en octobre Vladimir Poutine. Le débat fait rage depuis mardi soir, sur les réseaux sociaux, les plateaux de télévision, dans les couloirs des administrations : boycott ou pas boycott ? En Russie, toute discussion publique, si elle ne l’est pas d’office, devient immédiatement politique. Et le sport ne peut faire exception, dès lors que Poutine l’a érigé en l’un des piliers de l’identité nationale, en tout cas en motif de fierté patriotique. Mardi soir, un talk-show à l’heure de grande écoute sur Pervy Kanal, la première chaîne du pays, a délimité, pêle-mêle, les enjeux : la Russie a reçu un coup sous la ceinture ; recevoir des médailles «neutres» à Pyeongchang, c’est accepter l’humiliation ; nos sportifs sont forcés de choisir entre la gloire internationale et l’amour de la patrie ; les ennemis de la Russie essayent de la faire plier, les sanctions n’ayant pas marché.

En visite dans une usine de Nijni-Novgorod, ce mercredi, le président russe a, quant à lui, promis qu'aucun sportif ne sera empêché de participer aux JO. Il a même montré amorcé un début d'autocritique : «Il faut dire ouvertement que nous sommes en partie responsables [de la situation], car nous avons donné un prétexte [pour nous faire sanctionner]», a assuré Poutine. «Même si je considère que ce prétexte a été utilisé de manière pas très honnête», s'est-il rattrapé en faisant référence à la responsabilité collective qui le CIO a décidé de faire peser sur l'ensemble des sportifs russes, dopés ou pas. «Je n'ai jamais fixé l'objectif, pour aucune administration, de gagner les JO de Sotchi», s'est encore défendu Poutine. Et de conclure sur sa rengaine préférée: «Tout ceci ressemble à une décision politiquement motivée et totalement mise en scène». 

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