Venezuela : Moscou donne un coup de pouce à son allié
+ VIDEO. La Russie a signé ce mercredi un accord pour restructurer une dette de 3 milliards de dollars.
A Moscou, le Venezuela est venu chercher un peu d'air frais en pleine crise de sa dette. Hasard ou non de calendrier, au lendemain de la déclaration de son S&P Global Ratings et Fitch, il a signé ce mercredi avec la Russie un accord d'allégement et de restructuration.
Un des principaux créanciers de Caracas
Avec 9 milliards de dollars, le vieil allié sous l'URSS -comme désormais avec le Kremlin de Vladimir Poutine- est l'un des principaux créanciers de Caracas, toutefois loin derrière la Chine (28 milliards de dollars).
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Le président vénézuélien Nicolas Maduro avait lui-même fait le voyage à Moscou en octobre pour, en marge d'un forum sur l'énergie, rencontrer et négocier personnellement avec le président russe. Depuis, les discussions se sont accélérées afin de rééchelonner les remboursements voire diminuer ou effacer des créances, notamment le crédit de trois milliards de dollars accordé en 2011 pour l'achat d'armements russes.
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Concerné : un crédit de 3 milliards de dollars
Aucune cérémonie publique n'a eu lieu pour finaliser cet accord. Arrivé mercredi matin à Moscou, le ministre vénézuélien des Finances Simon Zerpa l'a signé juste après. Peu de détails ont filtré. Cela concerne a priori seulement ce crédit de 3 milliards de dollars pour des achats militaires.
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Et la restructuration consisterait à diviser le remboursement en deux étapes. Dès 2015, la Russie avait déjà accepté une première fois de rééchelonner ce crédit. Un accord tant économique que politique entre deux alliés. Le Venezuela est en effet l'un des principaux partenaires de Moscou en Amérique latine, partageant avec lui des relations conflictuelles avec les Etats-Unis. Mais Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a insisté mercredi après-midi : Caracas n'a demandé aucune autre aide. Il reste pourtant au moins six autres milliards de dollars de dettes à régler, mélange de crédits d'Etat à Etat et d'emprunts entre entreprises.
Rosneft à la manoeuvre
Parmi les compagnies concernées : Rosneft, le géant semi-public de l'or noir russe dirigé par Igor Setchine. Depuis des semaines, ce proche du président Vladimir Poutine, ancien agent secret comme lui et réputé passionné d'histoire des révolutions latino-américaines, est à la manoeuvre. Rosneft, pivot de la diplomatie économique du Kremlin lui-même fortement endetté, a multiplié les versements en avance au groupe pétrolier PDVSA, fleuron de l'industrie vénézuélienne.
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Ces sommes ont du coup dopé le budget vénézuélien. En échange, PDVSA a livré du pétrole ; des volumes ensuite commercialisés, notamment aux Etats-Unis grâce à des intermédiaires déjouant les sanctions américaines. Quelque 2,5 milliards de dollars ont ainsi été versés entre mai 2016 et avril 2017. Des accords opaques dont il a été forcément question aujourd'hui en coulisses à Moscou…
(Correspondant à Moscou)