La Chine va envoyer un émissaire en Corée du Nord
La décision a été prise après la tournée en Asie de Donald Trump, qui a appelé Pékin à renforcer la pression sur Pyongyang.
Par Les Echos
La Chine a-t-elle la volonté de calmer les tensions entre Washington et Pyongyang ? C'est la question qui se pose après l'annonce qu'un diplomate chinois de haut rang, Song Tao, va se rendre en Corée du Nord à partir de vendredi en tant que représentant spécial du président Xi Jinping.
« Il sera officiellement chargé d'informer Pyongyang des développements liés au survenu mi-octobre », a indiqué mercredi l'agence étatique Chine nouvelle, sans plus de détails. L'information a été confirmée ultérieurement par l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA.
Cette annonce de Pékin intervient après le voyage de douze jours de Donald Trump en Asie. Pendant cette longue tournée, le président américain a affirmé que, face aux ambitions militaires de Pyongyang, « le temps pressait » et que « la Chine pouvait régler ce problème facilement et rapidement ».
Une visite exceptionnelle
L'envoi d'un émissaire par la Chine est chose suffisamment rare pour confirmer cette urgence. Les observateurs notent que l'envoi de Song Tao, qui est le chef du Bureau de liaison internationale du Parti communiste chinois (PCC), survient dans un contexte tendu.
En effet, Xi Jinping n'a pas rencontré Kim Jong-Un depuis l'arrivée de ce dernier au pouvoir, fin 2011. Et les relations entre les deux capitales restent empoisonnées par le dossier nucléaire (le dernier « essai » du leader nord-coréen remonte à septembre ).
Donald Trump, lors de sa visite à Pékin, avait assuré que Xi Jinping avait accepté de « durcir les sanctions » contre Pyongyang , sans autres précisions. Mais depuis, la Chine n'a pas annoncé de nouvelles mesures.
Pékin ne veut pas sortir du cadre onusien
Le régime chinois a approuvé et appliqué ces dernières années plusieurs trains de sanctions internationales adoptés par le Conseil de sécurité de l'ONU, sabrant notamment ses achats de charbon et de minerais nord-coréens.
Mais pour l'heure, la diplomatie chinoise veut s'en tenir aux seules restrictions adoptées dans le cadre des Nations unies. Elle dénonce farouchement les « sanctions unilatérales » prises par Washington dont plusieurs visent des entités chinoises accusées d'être en affaires avec la Corée du Nord.
En accord avec Moscou, Pékin plaide pour une solution « pacifique » et propose un « double moratoire » : l'arrêt simultané des essais balistiques et nucléaires de Pyongyang et des manoeuvres militaires américano-sud-coréennes. Ce dont les Etats-Unis ne veulent pas entendre parler.
La Chine veut éviter un conflit à ses portes
Durant son séjour, dont la durée n'a pas été précisée, Song Tao devrait « porter à Pyongyang le consensus sino-américain (pour une dénucléarisation de la péninsule) et voir où il peut y avoir des avancées », observe Wang Dong, professeur à l'Université de Pékin, cité par l'AFP. « La crise [entre Washigton et Pyongyang] arrive à un tournant où un faux pas des Etats-Unis, ou de la Corée du Nord, peut mener à une confrontation militaire ».
Un scénario catastrophe pour Pékin qui, pour éviter un conflit à ses portes, « fait tout son possible pour travailler avec les deux parties ». Le représentant spécial chinois devrait donc s'efforcer de « persuader » le régime de Kim Jong-Un de revenir à la table des négociations.