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Yambo Ouologuem, écrivain malien, est mort

Prix Renaudot en 1968 pour « Le Devoir de violence », l’écrivain africain est mort à l’âge de 77 ans à Sévaré, au Mali.

Par Jean-Pierre Orban (écrivain)

Publié le 17 octobre 2017 à 14h49, modifié le 19 octobre 2017 à 12h39

Temps de Lecture 3 min.

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Yambo Ouologuem dedicace son livre « Le Devoir de violence »,  pour lequel il a recu le prix Renaudot, en 1968.

Yambo Ouologuem est mort, samedi 14 octobre, à l’âge de 77 ans, à Sévaré au Mali. Mais cela faisait longtemps que l’écrivain avait disparu, ou peu s’en faut, de nos mémoires et du monde. En 1968, il avait reçu le premier prix Renaudot attribué à un Africain, toutes régions confondues. Il connut alors la gloire. Elle fut vite suivie d’une descente aux enfers.

Né le 22 août 1940 à Bandiagara, au Soudan français, actuel Mali, il restera toute sa vie attaché au pays dogon. Mais son père, inspecteur d’académie, levait régulièrement le drapeau français et faisait chanter La Marseillaise à son fils. Il le destinait à un parcours d’élite. Yambo le suivra. Après des études secondaires à Bamako, il intègre, en 1960, les classes préparatoires, d’abord à Henri-IV, à Paris, ensuite à Lyon. Elève de l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), il suit des études de lettres et d’anglais et prépare un doctorat en sociologie. Et, tandis qu’il est professeur de lycée à Charenton (Val-de-Marne), il écrit ce qui deviendra l’œuvre majeure qui lui vaudra le prix Renaudot : Le Devoir de violence (Le Seuil 1968, rééd. Le Serpent à plumes, 2003).

Postmoderne avant la lettre

Porté aux nues, Ouologuem est accueilli dans le Tout-Paris, à une époque où la littérature africaine a encore peu droit de cité. Le roman est traduit en anglais. C’est du monde anglo-saxon que partira l’alerte. En 1972, le Times Literary Supplement dénonce les similitudes entre Le Devoir de violence et It’s a Battlefield (C’est un champ de bataille, Laffont, 1953), de Graham Greene. En France, on souligne les proximités avec Le Dernier des Justes (Le Seuil, 1959), d’André Schwarz-Bart. Ce dernier ne lui en tint pas rigueur. L’agent littéraire de Greene, lui, demanda l’interdiction du livre. L’éditeur américain pilonna ses stocks et, en France, la direction du Seuil se désolidarisa de son auteur.

Postmoderne avant la lettre, Yambo Ouologuem avait appliqué une technique de montage cinématographique, reprenant et réécrivant en les sublimant des passages, sinon une trame entière d’auteurs allant de Rimbaud à Maupassant, des chroniques arabes à Robbe-Grillet. Une approche qu’il théorisa ensuite indirectement dans un pamphlet, Lettre à la France nègre (Nalis, 1969, rééd. Le Serpent à plumes, 2003). Ce faisant, il tendait au monde blanc un miroir dans lequel celui-ci devait se reconnaître dans ses mots et son style même, le plus fin qu’il soit. Les Européens n’y virent que plagiat.

« Détruit par les Français »

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