Gay et Juif, il était aussi néo-nazi
Après avoir passé plus de quarante dans la haine d’un groupe d’extrême droite, le Britannique Kevin Wilshaw assume maintenant son homosexualité et ses origines juives.
Une drôle d’ironie. Qui aurait pu deviner que Kevin Wilshaw, ayant dévoué quarante ans de sa vie aux idéologies racistes et homophobes soit en réalité juif et homosexuel ? Dans une interview accordée à Channel 4 News , cet ancien néo-nazi raconte comment il est s’est intéressé au nazisme avant de se repentir, avouer et assumer sa réelle identité. Il se rapproche d’un groupe qui partage «les mêmes croyances et le même ennemi», en l’occurrence le peuple juif, les immigrants et le socialisme : «C’était très unificateur».
Une vie sociale inexistante à l’école
Dès ses 11 ans, Kevin Wilshaw se rapproche du nazisme. Il suit le modèle de son père, un sympathisant d’extrême droite souvent absent du foyer familial. Il a très peu d’amis à l’école et trouvera, dans ce groupe, le réconfort d’une vie sociale alors inexistante. Il rejoint officiellement le Parti national britannique à 18 ans, un mouvement ouvertement xénophobe. Les origines juives de sa mère ne seront pas un obstacle pour gravir les échelons de la haine. La guerre contre les Juifs, ennemis de la race blanche «doit être menée à l’échelle internationale afin d’être efficace» avait-il écrit.
Here's Kevin Wilshaw from Aylesbury getting ready for Hitler's birthday next month... pic.twitter.com/tYYqzbOKbd
— HOPE not hate (@hopenothate) March 26, 2016
Condamné pour "insultes raciales en ligne"
Dans sa chambre est suspendu le drapeau nazi, quelques affiches de propagande surplombent le tout. Il se rapproche du mouvement skinhead dans les années 1980, avant d’être arrêté pour avoir vandalisé une mosquée. Il devient alors plus indépendant et est arrêté en mars dernier pour «insultes raciales en ligne».
La cause de sa prise de conscience est tardive. Après avoir subi des «abus» selon ses mots en affirmant son homosexualité auprès de ses confrères nazis, il perçoit de plus en plus leur colère après cette révélation : «Ce n'est qu'à partir du moment où cela se dirige contre toi que tu réalises que c'est mal» explique-t-il. Il quitte alors son engagement politique. Aujourd’hui, il espère que son témoignage permettra à d’autres cette même prise de conscience.