sous tension

Fonctionnaires : les syndicats «profondément déçus» de leur entrevue avec Darmanin

Après une journée de mobilisation plutôt réussie, le 10 octobre, ils ont obtenu quelques avancées sur la CSG mais appris le report d'un an d'un protocole signé sous Hollande.
par Lilian Alemagna
publié le 17 octobre 2017 à 7h13

Ils attendaient des «inflexions» du gouvernement après le report de près d'une semaine de ce «rendez-vous salarial». Les représentants des organisations syndicales de fonctionnaires sont ressortis «profondément déçus» de leur tête-à-tête avec leur ministre, Gérald Darmanin, ce lundi soir. Après leur mobilisation unitaire réussie, le 10 octobre, ils espéraient plus du gouvernement qu'une simple «compensation» de la hausse d'1,7 point de CSG au 1er janvier et un geste sur leur point d'indice.

La réunion à l'Hôtel de Cassini, dans le centre de Paris et non à Bercy, a duré deux heures de plus que prévu pour, au final, des décisions bien loin de la promesse de campagne d'Emmanuel Macron : celle d'augmenter leur «pouvoir d'achat, comme celui des salariés des entreprises». «Vous paierez moins de cotisations et votre salaire net sera augmenté d'autant», leur avait promis le futur chef de l'Etat à quelques jours du 1er tour.

Mais résultat, la hausse de CSG ne sera, comme annoncée il y a quelques jours, simplement «compensée». «Cette compensation passe, comme pour les salariés, par la suppression de cotisations : la Contribution Exceptionnelle de Solidarité (CES), payée par une partie des agents publics, ainsi que la cotisation maladie pour les contractuels», a précisé Bercy dans un communiqué à l'issue de la réunion. Mais cette mesure seule ne suffisant pas, une «prime compensatoire» sera également versée aux agents des trois fonctions publiques (Etat, collectivités locales et hôpitaux). Elle «sera versée en janvier 2018 et calculée sur la moyenne de la rémunération 2017» et «actualisée une fois, au 1er janvier 2019, sur la base de la rémunération 2018», précise Bercy qui a répondu à une demande d'une partie des syndicats qui revendiquaient, notamment, la prise en compte dans ces primes des temps partiels ou des congés maladie, et l'application de cette mesure aux nouveaux entrants et pas seulement aux fonctionnaires déjà en poste.

Nouvelle journée de mobilisation envisagée

«Pour la CSG, ça a été clarifiée et même améliorée», a certes convenu Mylène Jacquot de la CFDT, à la sortie de ce rendez-vous. Problème : les représentants syndicaux ont appris de la bouche de Darmanin que le protocole Parcours professionnels, carrières et rémunération (PPCR) signé sous le précédent gouvernement - la ministre de la Fonction publique s'appelait alors Annick Girardin, aujourd'hui en poste aux Outre-Mer dans le gouvernement d'Edouard Philippe - était reporté d'un an… «2018 sera une année blanche, voire pire pour certains agents avec le gel du point, le report du PPCR d'un an, tout ça assorti d'une hausse des cotisations retraite, a déploré Jacquot. Le ministre n'a pris aucun engagement pour 2019 à l'exception d'un nouveau rendez-vous salarial.» «Le ministre a exclu tout geste à ce stade sur le point d'indice, il a même laissé entendre que lorsque nous discuterons salaire, nous discuterons avant tout rémunération au mérite», a dénoncé de son côté Baptiste Talbot de la CGT, premier syndicat chez les fonctionnaires. Lequel annonce déjà un «prolongement de la journée» de mobilisation du 10 octobre.

«Nous sommes profondément déçus puisqu'il n'y a pas de mesures nouvelles. Nous avons juste une compensation CSG qui semble un peu meilleure. Par contre on nous annonce le report d'une année des mesures du protocole PPCR, a ajouté Bernadette Groison de la FSU. Nous avons redit que nous étions dans un rendez-vous salarial, que nous voulions parler salaire et que nous voulions parler amélioration du pouvoir d'achat des agents.» Darmanin a cependant promis «l'intégrale mise en œuvre du protocole salarial PPCR sur la durée du mandat», souligne son communiqué. Mais... pour «concilier cet engagement avec la trajectoire de redressement des finances publiques, le ministre a annoncé un décalage de 12 mois du protocole, précise ce même texte. Ce protocole, qui avait été signé fin 2015 par l'ancien Gouvernement, contenait en effet des engagements s'étalant de 2016 à 2020 et pesant pour près de 4 milliards d'euros sur les finances publiques avec un reste à financer à hauteur de 82% au moment de la prise de fonction de la nouvelle majorité.»

Pour rentrer dans les clous budgétaires européens tout en tenant  ses promesses de baisse d’impôts (notamment les 5 milliards d’euros de la suppression de l'ISF et la mise en place d’un prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital), le gouvernement actuel fait donc le choix de reporter cet accord signé sous la précédente majorité.

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