Un rapport appelle à soutenir le charbon et le nucléaire américains

Le document était attendu... Et il fait polémique, depuis sa publication mercredi soir. Commandé en avril par le secrétaire américain à l'Energie, Rick Perry, ce rapport de 180 pages fait bien les affaires de Donald Trump. Il recommande de rééquilibrer la production d'électricité aux Etats-Unis, en faveur du charbon et du nucléaire et au détriment du gaz et des énergies renouvelables. Une manière de légitimer la sortie de l'Accord de Paris et de renforcer le soutien du président à un secteur du charbon violemment touché par la crise.

Le rapport du ministère de l'Energie souligne que le système américain reste fiable, mais qu'une attention particulière doit être portée, à l'avenir, pour soutenir une certaine diversité dans les modes de production. Selon le document, une trop grande dépendance à l'éolien ou au solaire pourrait conduire à des dysfonctionnements. Historiquement, le charbon ou le nucléaire sont en effet utilisés pour assurer le service minimum que des énergies « intermittentes » auraient du mal à remplir. De même, la production de gaz dépendrait du bon acheminement de carburant dans les pipelines et ne pourrait être considérée fiable à 100 %. Le spectre des coupures de courant, problème récurrent, est de nouveau agité.

Conclusions déjà critiquées

Ces conclusions sont d'ores et déjà critiquées par certains experts et par les défenseurs des énergies renouvelables. « Le rapport surestime les défis associés aux nouvelles sources d'énergie, confie ainsi au "New York Times" Graham Richard, qui dirige un groupe d'entreprises d'énergies vertes. Des avancées technologiques, notamment dans le stockage et la distribution de l'énergie solaire, aident à créer un système plus fiable et plus flexible. »

Les représentants du nucléaire et du charbon s'appuient, eux, sur ce rapport, pour demander un changement de la loi. Depuis les années 1990, en effet, le secteur est dérégulé et les producteurs peuvent proposer leur énergie sur les marchés, sous le contrôle des opérateurs de chaque Etat. Or, l'arrivée massive de gaz bon marché a fait chuter les prix et la compétitivité du charbon et du nucléaire. Depuis 2010, quelque 200 usines à charbon et cinq centrales nucléaires ont fermé dans le pays. Et le gaz naturel est désormais la première source d'énergie, alimentant 33,8 % de la production d'électricité l'an dernier, contre 30,4 % pour le charbon (qui représentait 56,9 % du total en 1988). Solaire et éolien ne comptent que pour 6,5 %, mais réalisent une percée depuis 2010 et la mise en place de politiques publiques favorables aux énergies vertes, via des subventions notamment. Durant sa campagne, Donald Trump avait promis de « redonner du travail aux mineurs ». Mais ceux-ci commencent à douter, d'autant que la Maison-Blanche aurait récemment refusé de mettre en place un plan d'urgence pour le secteur. Nommé à la tête de la Commission de régulation de l'énergie, Neil Chatterjee, lui, s'est déclaré en faveur de « compensations pour les usines à charbon, afin de reconnaître la valeur qu'elles apportent ».