Une prise de parole en public par un manager et une représentation théâtrale sont certes deux exercices bien différents, mais on peut s’inspirer des « trucs » des comédiens pour dépasser son trac, délivrer son message, et au mieux en éprouver une satisfaction. Dans un discours ou une réunion, le manager a en effet un message à délivrer, mais dans ce message entrent deux composantes : l’informatif et l’émotionnel. S’inspirer du théâtre nous permet de renforcer la cohérence entre le fond et la forme. Jean-Luc Solal, comédien, nous donne quelques conseils pour développer son aisance devant un auditoire.

La prise de parole en public est la première phobie sociale chez les français. Que redoute-t’on tant dans cet exercice ? Principalement la peur d’être déprécié, de ne pas être entendu. Certains ont plus de mal avec la hiérarchie, quand il s’agit de s’exprimer lors d’un COMEX, d’autres ressentent plutôt le besoin de développer leur influence, d’autres encore constatent qu’ils ne parviennent pas à susciter l’intérêt de leur auditoire. Dans tous les cas, il est question d’affirmation de soi. Les techniques théâtrales, pas seulement pour combattre le trac d’ailleurs, ont beaucoup de choses à nous apprendre pour dépasser cette angoisse et développer son aisance en public. Finalement, un coaching en prise de parole en public booste aussi la confiance en soi, et a des effets directs sur son leadership.

Occuper l’espace

La prise de parole en public, c’est aussi une prise d’espace : si vous en avez la possibilité, vous pouvez vous déplacer sur « la scène », vous approcher de votre auditoire, du Power Point, etc. Mais lors de vos déplacements, vous devez être entendu. Vous allez donc aussi occuper l’espace avec votre voix.

La plupart des gens ont l’impression de parler trop fort. Or devant un auditoire, il ne faut pas hésiter à projeter sa voix assez loin. Lors d’une formation de prise de parole en public, vous apprendrez à poser votre voix, à améliorer votre articulation, et surtout à trouver votre voix. Car la voix est révélatrice de votre personnalité, et transmet beaucoup d’émotions.

Elle s’affirme en même temps que vous.

Assouplir sa gestuelle

La gestuelle fait partie du théâtre, bien sûr; le corps aussi est au service du texte. On en revient à cette cohérence entre le fond et la forme. Et vous, manager, qui vous adressez à votre équipe pour la motiver, pour l’aider à dépasser un échec par exemple, que vont entendre vos collaborateurs si vous restez figé, les bras collés au corps?

Le travail sur la gestuelle implique un certain lâcher-prise.

Mais ce lâcher-prise est maîtrisé. Une intervention en public implique une pleine conscience de son corps. Maintenez votre stabilité, ancrez votre posture dès les premières secondes, en gardant à l’esprit que stable et figé ne sont pas synonymes. La posture est stable, la gestuelle est souple.

Sortir du black-out

On évoque ici ce terrible moment de trac, envahissant, a priori incontrôlable, qui vous coupe la voix, qui fait vaciller vos jambes, qui fait battre votre cœur au galop. La tentation serait d’accélérer, de se précipiter pour sortir de ce gouffre. Au contraire, il ne faut pas céder à la panique, et faire une pause, de 15 secondes s’il le faut, pour retrouver son calme. La bouée de secours, c’est la respiration. Les comédiens connaissent bien les techniques respiratoires, pour surmonter le trac, mais surtout parce que le souffle doit être en accord avec les émotions qu’ils veulent exprimer. Quand le trac vous submerge, prenez le temps pour faire, en direct, quelques exercices respiratoires très efficaces. Et sachez que les sensations que l’on a de son stress sont beaucoup plus intenses que ce que perçoivent vos interlocuteurs.

Délivrer son message, sans se laisser déstabiliser

Au théâtre, le public n’est pas toujours bienveillant : il peut être turbulent, voire mécontent. Et pourtant, il faut porter la pièce jusqu’au bout, en donnant le meilleur de soi-même. Votre auditoire aussi peut montrer des signes d’hostilité, ou d’indifférence : vous pouvez croiser un regard réprobateur, percevoir un bâillement, entendre un sarcasme, autant de signes qui peuvent vous déstabiliser. Il serait tentant de faire abstraction, mais ces réactions risquent de s’amplifier si vous les ignorez. En développant votre aisance relationnelle, en ayant acquis la souplesse nécessaire pour rebondir, réajuster, vous saurez percevoir votre auditoire, l’accepter tel qu’il est, et vous adapter

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Si vous percevez un ennui, réveillez-le; si un individu vous interpelle, répondez-lui, etc.

Vous allez donc gérer cette relation, sereinement, comme vous le feriez avec un interlocuteur unique, sans trahir ce que vous êtes, ni dénaturer votre message. Votre confiance en vous sera déterminante, et également l’envie que vous avez de transmettre un message qui vous tient à cœur, la foi que vous avez dans les solutions que vous proposez. Restez fidèle à cette conviction, quels que soient les remous. Et restez fidèle à ce que vous êtes.

S’entraîner et oser

Les comédiens répètent leur texte, encore et encore, mais jamais de la même façon. Ils s’amusent à faire autrement, ils dépassent leurs propres limites. Bien sûr, avant le jour J, vous allez répéter votre discours; accordez-vous le droit d’improviser, d’essayer autrement.

Par ailleurs, moins on parle en public, plus on craint de le faire. Dans le cadre professionnel, mais aussi dans le cadre personnel, osez. Osez poser une question qui vous taraude, mais que vous espérez qu’un autre va poser, osez dire ce qui vous tient à cœur, même si vous craignez que cela n’intéresse personne, osez.

Persévérer

Au théâtre, on apprend à surmonter les échecs : les salles vides, les publics indifférents, les flops, en somme. Ils sont d’autant plus douloureux qu’ils sont vécus en direct, en face à face. Mais les comédiens ne renoncent pas pour autant, ils remontent sur scène le lendemain, en essayant de faire mieux. Si vous avez la sensation que votre prise de parole était ratée, que vous n’avez pas réussi à passer votre message, prenez le temps de vous interroger, mais sans plonger dans le « ce n’est pas pour moi »: le message était-il clair, pour vous, pour les autres? Qu’est-ce que je juge comme »raté » et que pourrais-je améliorer? En restant concentré sur vos points de progression, vous pourrez dépasser le sentiment d’échec, les frustrations, les peurs. L’objectif étant que la prochaine fois que vous sortiez d’une intervention en public, vous éprouverez la grande satisfaction d’avoir trouvé le moment plaisant. Car au final, ce plaisir là est très gratifiant.