Dans sa jeunesse et avant d’être cinéaste, Tanner fut marin (écrivain de bord pour être exact) et c’est ce goût du large, de la fuite que l’on retrouve injecté dans les veines qui fonde son cinéma. Alain Tanner est un cinéaste voyageur mais aussi un voyageur immobile et un exilé à lui-même (…)

Dans la ville blanche
d’Alain Tanner – 1983, Suisse/Royaume-Uni/Portugal, 1h47

Un marin suisse, Paul, fait escale à Lisbonne. Dans un café, il remarque une horloge qui tourne à l’envers. La serveuse qu’il interroge affirme que c’est le monde qui tourne à l’envers. Séduit et intrigué par cette réponse singulière, Paul déserte son poste de mécanicien et s’installe dans un petit hôtel de la ville. Il commence alors un lent voyage en lui-même, armé de sa caméra super-huit. Il envoie à son épouse, Elisa, restée à Lausanne, en Suisse, des cassettes vidéo, où il lui raconte son errance dans la ville blanche et ses amours avec la serveuse…

Comme le dit si bien Paul, personnage principal du film, ce ne sont pas des vacances qu’il prend à Lisbonne, car en vacances on organise son temps libre or lui ne fait rien. Le film est donc une succession de temps mort, comme ce temps que prend Paul dans sa vie.

Nous sommes bien dans un film moderne où le personnage ne se définit pas par ses actions mais par le temps qu’il traverse, qui le traverse. Paul essaie de se fondre dans le temps si particulier de la ville, qui semble comme suspendu, et pour cela filme en super 8 les rues de Lisbonne, la femme qu’il rencontre et aime. Mais afin de n’être que traversé par ces images il ne garde pas les bandes pour lui ni ne les regarde, il laisse ce soin à sa femme.

Le film devient donc une lente plongée dans le temps comme ces lents travellings avant qui ne cherchent pas tant à avancer mais plutôt à laisser venir le monde à nous comme si ce n’était plus la caméra qui avançait mais le monde qui se pressait vers elle. Le film est donc un véritable poème sur le temps et n’a de cesse de faire remonter d’autres films comme ceux d’Antonioni ou de Wenders sans pour autant souffrir de la comparaison. (cineclubdecaen.com)

Dans la ville blanche est un film dont le personnage principal est Lisbonne. Il a 30 ans, mais reste d’une grande modernité, et son réalisateur, le Suisse Alain Tanner, en a parlé avec beaucoup de passion, comme s’il venait de le finir. (…)

Alain Tanner a d’abord évoqué son expérience dans la marine marchande avant de parler de la genèse de son film, parti d’une invitation du producteur Paulo Branco : « Il m’avait dit qu’il avait une excellente équipe au Portugal qui tournait sur le film de Wim Wenders, L’Etat des Choses, et celui de Raoul Ruiz, Le territoire, et qu’il fallait que je vienne faire un film à Lisbonne ».

Mais Tanner n’avait aucun projet, ne parlait pas le portugais, connaissait peu la ville … L’envie lui est pourtant venue un jour, alors qu’il était malade, alité, il regardait un film allemand avec Bruno Ganz : « il me faut cet acteur ! », dit-il, « cet acteur, c’est moi dans le fond ». (…)

Après avoir été inspiré par Bruno Ganz, Alain Tanner prend contact avec l’acteur et lui explique qu’il veut faire un film avec lui à Lisbonne, mais qu’il n’a pas de scénario, juste un point de départ, ce personnage qui déserte son poste de mécanicien à bord d’un paquebot, cette « usine flottante », comme il l’appelle, et s’enferme dans une chambre d’hôtel à Lisbonne, « déstabilisant le temps et l’espace ».

« Bruno Ganz a accepté mon projet, j’ai appelé Paulo Branco pour lui dire que je ferai un film mais sans une ligne, sans un mot de scénario ».

Alain Tanner et Bruno Ganz arrivent à Lisbonne qui, pour le réalisateur, est considérée comme un personnage à part entière et non pas seulement un lieu, un décor. Il a prévu de tourner les scènes dans l’ordre chronologique.

« C’était une situation difficile pour l’équipe de tournage, qui se demandait quel était le scénario, ce qu’on allait faire le jour-même… En fait, j’inventais la nuit, j’écrivais les scènes pour le lendemain. On n’avait pas de décor, les choix étaient faits au jour le jour ».

Alain Tanner évoque un lieu et une époque où tout semblait possible et l’incroyable gentillesse des Lisboètes, qui ont vraiment participé activement à la réalisation du film.

« A l’époque Lisbonne était très différente de ce qu’elle est aujourd’hui, c’était une ville du passé. Alors qu’à Paris, aujourd’hui, pour pouvoir disposer d’un petit bout de trottoir, il faut faire une demande six mois à l’avance, là-bas, lorsque nous avions besoin de tourner quelque part, dans un bar ou un restaurant, on arrivait à l’improviste, en plein service, et on était accueilli à bras ouverts, on déplaçait des tables pour nous faire de la place … « , raconte-t-il ému par les souvenirs qui remontent à la surface : « un jour, alors qu’on mettait le matériel en place dans une rue d’Alfama, un type s’approche et me demande s’il peut regarder dans la caméra. Je lui dis oui, et il observe le cadrage pendant un court instant avant de lâcher un « c’est pas beau ! ».

Tanner lui demande alors ce qui justifie ce qualificatif péremptoire et il lui montre les voitures qui obstruent la vue.

« C’est affreux ces voitures. Je vais vous les faire enlever … », dit-il.

L’homme donna deux ou trois coups de sifflet, des têtes apparurent aux fenêtres de la rue étroite et au bout de quelques minutes toutes les voitures avaient disparu.

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Alain Tanner,
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