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Bruxelles autorise le rachat d’Areva NP par EDF

La Commission européenne juge que la reprise des activités Réacteurs et Services d’Areva ne soulève pas de problèmes de concurrence. L’Ebitda d’Areva NP est attendu en forte hausse.

Par Véronique Le Billon

Publié le 29 mai 2017 à 15:31

La Commission européenne a donné son feu vert, ce lundi, au projet d’acquisition d’Areva NP -rebaptisé « New NP »- par EDF, estimant que l’opération « ne soulèverait pas de problèmes de concurrence ». L’électricien public français avait déposé en novembre dernier une offre ferme valorisant à 2,5 milliards d’euros les activités d’Areva en matière de fabrication de chaudières nucléaires et de services à la base installée de réacteurs. Au titre du contrôle des concentrations, EDF avait notifié mi-avril à Bruxelles son projet d’en prendre entre 51 et 75 %.

Cette décision, qui n’est pas une surprise, marque une étape supplémentaire dans le processus de (très) longue haleine mené par l’Etat et la filière nucléaire française pour éviter la faillite d’Areva. Mais ce n’est pas encore la fin de l’histoire : lors d’un « chat » avec des salariés d’EDF début mai, son PDG Jean-Bernard Lévy a rappelé que « plusieurs conditions suspensives doivent être levées avant que cette transaction soit finalisée, nous prévoyons que cela sera le cas fin 2017 ».

La décision de Bruxelles était l’une des conditions suspensives, au côté de deux autres conditions plus sensibles et qui restent à remplir : l’obtention par l’Autorité de sûreté nucléaire d’un feu vert pour la cuve de l’EPR en construction à Flamanville (Manche). Fabriquée par Areva, elle présente une teneur en carbone supérieure aux résultats qui étaient attendus. EDF peut par ailleurs renoncer à son projet d’acquisition si l’audit en cours sur l’usine d’Areva du Creusot, où ont été mis au jour des irrégularités et des falsifications , révélait une défaillance « systémique ». Pour limiter ses responsabilités financières, EDF a en outre exclu du périmètre d’acquisition de New NP les dossiers défectueux du Creusot et le contrat « OL3 », du nom de l’EPR en construction à Olkiluoto en Finlande, sur lequel pèse un contentieux croisé à plusieurs milliards d’euros entre Areva et son client TVO.

Areva sorti de New NP fin 2019

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Si les conditions suspensives sont bien levées ces prochains mois, « Areva NP deviendra alors une filiale majoritaire d’EDF, avec au tour de table des partenaires asiatiques et français avec lesquels les discussions sont très avancées », a confirmé Jean-Bernard Lévy lors de son « chat » début mai. Le groupe d’ingénierie Assystem a fait une offre pour prendre 5 % du capital de New NP. Selon nos informations, le japonais MHI, qui travaille depuis plusieurs années à la conception d’un réacteur nucléaire (Atmea), a également remis une offre ferme pour prendre 15 % de New NP -elle sera prochainement examinée par le conseil d’administration d’EDF. En revanche, « les discussions avec les Chinois sont plus compliquées qu’il y a un an ». souligne un acteur à Bercy. Déjà, à l’occasion de l’ouverture de capital de New Areva Holding, l’activité du cycle du combustible sur laquelle Areva va se recentrer, Paris et Pékin ne s’étaient pas mis d’accord, notamment sur des questions de gouvernance. Selon les éléments fournis mi-mai aux syndicats, le projet de constitution de New NP prévoit que chaque actionnaire minoritaire détenant plus de 15 % de New NP disposera d’un siège administrateur, au sein d’un conseil d’au plus dix-neuf membres.

EDF ne souhaite détenir que 51 % de New NP

Areva, qui devait initialement conserver entre 15 % et 25 % de New NP dans le cadre de la « refondation » de la filière telle que définie par l’Elysée mi-2015, devra finalement être complètement sorti du capital fin 2019. « C’était un point de négociation avec la Commission » lors de la négociation de l’aide d’Etat de 4 milliards d’euros pour renflouer Areva, indique un acteur du dossier. Un point finalement « lâché facilement » par Paris, car « il n’avait aucun sens, si ce n’est politique pour dire qu’on ne revenait pas en arrière », au temps où EDF et Areva étaient séparés, poursuit cet interlocuteur. A terme, EDF ne souhaite détenir que 51 % de New NP, pour limiter son apport financier.

Si la cession de New NP a été rendue nécessaire par les besoins de financement d’Areva, EDF, qui l’a valorisé 8 fois la prévision 2017 d’Ebitda (hors grands projets), table sur un investissement rentable. Selon un document interne d’Areva que se sont procuré « Les Echos », l’Ebitda (hors OL3) de New NP s’est établi à 95 millions d’euros l’an dernier, et le budget 2017 table sur 207 millions d’euros cette année, puis 463 millions d’euros l’an prochain. Les ventes, de leur côté, passeraient de 3,1 milliards d’euros l’an dernier à 3,9 milliards d’euros l’an prochain.

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