Les (petits) avertissements du gendarme bancaire français

Et si tout allait bien pour les banques? Selon le dernier rapport de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), les établissements bancaires français ont réalisé 24,3 milliards d’euros de résultat net part du groupe , en hausse de 3,1% sur un an, malgré un environnement de taux bas et un contexte réglementaire qui mettent les marges sous pression.

Dans son discours , le gouverneur de la Banque de France et président de l’ACPR souligne que « le secteur bancaire et assurantiel français est solide, un des plus solides d’Europe et du G7» avec des ratios de fonds propres à 13,2 %,en moyenne, en hausse de 60 points de base par rapport à 2015. François Villeroy de Galhau rappelle que les fonds propres ont augmenté de 164 milliards d’euros rapport à 2008. Même si cela n’a pas empêché quelques banques françaises de triompher sans gloire aux derniers tests de résistance .

Les banques dans d’autres pays de la zone euro affichent cependant une moins bonne santé. C’est notamment le cas en Italie et au Portugal. Les problèmes de ces secteurs bien que « traitables » doivent être traités «vite, bien, définitivement. Il n’est pas normal que des difficultés localisées pèsent à ce point sur l’image d’ensemble d’un secteur bancaire européen pourtant beaucoup plus solide qu’avant», a regretté le banquier central.

Si le tableau est globalement positif, le régulateur reste toutefois vigilant sur le rythme de la hausse des taux, l’essor des FinTech, la protection des consommateurs, la lutte contre le blanchiment et contre le financement du terrorisme.

- 1 - Attention à une hausse brutale des taux

La remontée des taux , amorcée en novembre avec l’élection de Donald Trump et la normalisation de la politique monétaire américaine, favorise pour l’instant la rentabilité du secteur bancaire dont les marges étaient rognées par les taux bas et les renégociations de crédit immobilier.

le rendement moyen servi reste significatif à 1,9%

Cette évolution est d’autant plus positive que « nous sommes [...] dans un scénario de remontée très graduelle », explique le gouverneur. Néanmoins dans le cas d’une hausse « brutale », cette évolution positive « pourrait se changer en faiblesse » pour les banques, avertit le gouverneur. Ce dernier ne croit toutefois « pas cette hypothèse la plus probable ».

Du côté des assureurs-vie, l’ACPR se félicite de la montée en puissance des « supports en Unité de Compte » (investis plutôt en actions). Par ailleurs, l’autorité de régulation note que « même si le rendement moyen servi reste significatif à 1,9% », une certaine modération pour préserver la solvabilité a été une tendance « heureusement observée ».

- 2 - Les FinTech et les GAFA

Leur usage n’est pas encore généralisé, mais de plus en plus de Français ont recours aux services des start-up de la finance (FinTech) . Elles « sont porteuses de solutions innovantes pour les clients, et très bienvenues, mais elles doivent, elles aussi, être attentives à la protection des données, à la cyber-sécurité ou encore au respect des dispositifs anti-blanchiment », avertit le gouverneur.

François Villeroy de Galhau insiste également sur la transformation numérique des banques et l’intrusion des géants de l’internet (« les fameux GAFA » - acronyme de Google, Apple, Facebook et Amazon) sur le marché des services bancaires et les multiples enjeux qu’elles posent : «L’exploitation éventuelle des données, en protégeant les clients et en veillant à une réelle égalité de concurrence avec les GAFA ; ou le développement de la cyber-assurance».

- 3 - La protection du consommateur et la lutte contre le blanchiment d’argent montent en puissance

En 2016, l’ACPR a vu le nombre de courriers de réclamation exploser de 20% en deux ans à 6.650. Cela s’est traduit par plus de 600 interventions auprès des organismes. Les sujets couverts vont de la publicité pour des sites de trading en ligne, ( notamment pour les options binaires, CFD et Forex ) aux conseils sur les contrats d’assurance santé, en passant par les contrats d’ assurance-vie en déshérence .

Particulièrement vigilante sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, l’ACPR en a fait une de ses priorités. L’an passé, le régulateur a mené 30 missions auprès d’établissements, contre 22 en 2015. Et six sanctions ont été prises.