Royaume-Uni

Attentat de Manchester : une enquête au pas de charge

Trois hommes ont été interpellés entre samedi et dimanche, et la police a publié un appel à témoins ainsi que des images de vidéosurveillance pour reconstituer le parcours du terroriste. Les autorités demandent à la population à rester vigilante malgré l'avance des investigations et les arrestations de nombreux suspects.
par Sonia Delesalle-Stolper, correspondante à Londres
publié le 28 mai 2017 à 15h34
(mis à jour le 28 mai 2017 à 18h36)

Une adresse et une heure précises. Lundi 22 mai vers 19 heures, Salman Abedi quitte un studio, loué depuis quelques jours, dans Granby House, un grand immeuble de briques rouges sur Granby Row, en plein centre de Manchester. L’appartement se loue 75 livres (86 euros) la nuit, ou 350 livres (400 euros) la semaine.

La salle de concert Manchester Arena est à moins de 3 kilomètres de là. Il fait bon en cette soirée de printemps, autour de 18 degrés. Salman Abedi, 22 ans, est vêtu de noir, un sweat-shirt à manches longues et, au-dessus, une doudoune sans manches. Il a un jean et des chaussures de sport, il est coiffé d’une casquette grise et porte des lunettes et un sac à dos dans lequel se trouve la bombe. Dans trois heures trente, il provoquera l’explosion, tuera 22 personnes, dont cinq enfants et plusieurs ados.

Treize personnes arrêtées

Ces dernières images du terroriste, captées par des caméras de surveillance, ont été publiées par la police de Manchester, qui affirme avoir «énormément progressé» dans l'enquête. Elle estime que Salman Abedi a probablement procédé, dans cet appartement, aux derniers ajustements sur son engin de mort. Elle a aussi établi que le jeune homme est rentré le 18 mai au Royaume-Uni de Libye, où il avait séjourné trois semaines environ – sans que l'on sache encore s'il est allé ailleurs entre-temps.

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Depuis l'attentat, 14 personnes ont été arrêtées à Manchester et dans ses environs, dont deux hommes samedi, à l'aube. Il s'agirait, selon des voisins cités par le Guardian, de deux frères âgés d'une vingtaine d'années, d'origine libyenne et qui auraient fait partie du groupe d'amis d'Abedi. En plus des deux autres, un troisième homme a également été interpellé, dimanche.

Cellule terroriste

Une femme et un adolescent de 16 ans ont été relâchés sans charges. Toutes les personnes en garde à vue sont des hommes et parmi eux se trouve Ismael Abedi, 23 ans, le frère aîné du terroriste. Parallèlement, son plus jeune frère, Hashem, 20 ans, et son père, Ramadan, 50 ans, ont été arrêtés à Tripoli par les autorités libyennes.

L'existence d'une cellule terroriste qui a préparé et aidé Salman Abedi ne fait plus de doutes. «Au cours des cinq derniers jours, nous avons rassemblé des informations significatives sur lui, ses associés, ses finances, les lieux où il s'est rendu, comment l'engin explosif a été construit et la conspiration dans son ensemble», a déclaré Ian Hopkins, commissaire en chef de la police de Manchester. Depuis l'attentat, 17 adresses, autour de Manchester ont été fouillées par la police.

«Encore dans la nature»

«Nous avons désormais plus de 1 500 lignes d'enquête que nous poursuivons», a dit le commissaire, en précisant que plus d'un millier d'agents travaillaient sur l'affaire. Moins de deux heures après l'attentat, une équipe spécialisée en contre-terrorisme avait établi l'identité du terroriste : «Il s'agit toujours d'une enquête en cours, qui ne ralentit pas. Notre priorité est de comprendre le scénario qui a mené à ce terrible moment et de savoir si d'autres personnes étaient impliquées dans la planification de cette attaque.»

La Première ministre, Theresa May, a annoncé que le niveau d'alerte terroriste allait redescendre d'un cran, de «critique» à «grave», le quatrième sur une échelle de cinq. Les soldats déployés dans les rues depuis mardi dernier devraient être rappelés dans les casernes lundi à minuit. La ministre de l'Intérieur, Amber Rudd, a cependant appelé dimanche le public à rester vigilant et souligné qu'il était «possible» que des membres de la cellule terroriste soient «encore dans la nature».

Dimanche, 40 000 participants déterminés, certains en larmes, d’autres applaudissant, se sont alignés sur la ligne de départ du Great Manchester Run, une course annuelle de 10 kilomètres en plein centre de la grande ville du nord.

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