Pour évacuer le bidonville, le maire de Gennevilliers menace de fermer la N 315

 Gennevilliers, ce jeudi. Le maire PCF a pris un arrêté pour bloquer la circulation sur cette nationale dont les talus sont occupés par un bidonville.
Gennevilliers, ce jeudi. Le maire PCF a pris un arrêté pour bloquer la circulation sur cette nationale dont les talus sont occupés par un bidonville. (LP/O.B.)

    C'est une décision choc, un coup de force. Patrice Leclerc, le maire communiste de Gennevilliers, a annoncé ce jeudi qu'il allait fermer d'autorité la N 315 dans un sens le 27 avril, dans l'autre le 10 mai. Objectif : pousser l'Etat à hâter l'évacuation du bidonville qui s'est installé peu à peu sur le talus de cette route reliant le port de Gennevilliers à Paris. En cours d'écriture, l'arrêté municipal finalisant cette opération doit être envoyé à la préfecture en début de semaine prochaine.

    Depuis juillet, des dizaines de cabanes ont poussé le long de cet axe emprunté chaque jour par près de 50 000 véhicules. Sur un terrain n'appartenant non pas à la commune mais à l'Etat, plus précisément à la Direction interrégionale des routes d'Ile-de-France (Dirif). Cette administration a lancé une procédure en référé afin d'obtenir l'évacuation du bidonville. Le délibéré devrait être rendu le 4 mai. Pas de quoi émouvoir Patrice Leclerc. « L'Etat n'a rien fait, n'a pas agi à temps et le camp ne cesse de s'étendre. Tout cela n'est pas sérieux et ça m'énerve », cingle l'édile, excédé par la lenteur de la procédure.

    Il a donc décidé d'employer les gros moyens, un blocage de deux heures, de 7 heures à 9 heures du matin, dans le sens Paris province le 27 avril à l'aide de voitures ou de camions. « On prendra les devants pour éviter que les automobilistes ne se retrouvent piégés, rassure-t-il. Le 27 est un premier avertissement. Le 10 posera davantage de problèmes… »

    Pour la préfecture, le « blocage est inacceptable »

    Une fronde pas franchement du goût de la préfecture des Hauts-de-Seine. « Un tel blocage est inacceptable, indique-t-on au cabinet du préfet. Déjà le maire n'est pas compétent pour couper une route nationale. De plus nous travaillons dans le cadre de la loi et le délibéré doit être prononcé début mai. Enfin nous avons engagé un diagnostic social auprès des occupants du camp pour savoir quoi faire de qui. Les services de l'Etat sont très vigilants sur la sécurité des personnes qui vivent là et sur celles des usagers de la N 315. »

    Le long de l'avenue Laurent-Cély qui surplombe cette fameuse nationale, l'effarement le dispute au ras-le-bol. « C'est énorme. Chaque jour il y en a un peu plus, soupire Omar. Tous les jours l'emprunte cette route pour aller travailler à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Le moindre espace qui se libère est immédiatement pris. Cela peut devenir dangereux ! Il faut intervenir mais sans mettre les gens dans la galère. » « Ici, on se sent en sécurité, plaide de son côté Radu, qui vit dans le bidonville depuis deux mois. Personne ne veut de nous. Si on nous chasse, on ira où ? »