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La directrice photo Claudine Maugendre est morte

Collaboratrice légendaire du magazine « Actuel », celle qui a marqué les grands reportages des années 1980 s’est éteinte le 1er mars, à 75 ans

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Publié le 06 mars 2017 à 16h22, modifié le 14 mars 2017 à 15h43

Temps de Lecture 3 min.

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Claudine Maugendre en 2016.

Son nom était peu connu du public, mais elle faisait l’unanimité dans le monde de la photographie qui, depuis quelques jours, s’épanche en chœur sur les réseaux sociaux, triste d’avoir perdu cette « maman » à la gouaille inimitable et au regard bleu glacier. Claudine Maugendre, directrice photo légendaire du temps des beaux jours du magazine Actuel, est morte le mercredi 1er mars à 75 ans.

Après un passage à L’Express, Claudine Maugendre a fait partie de l’aventure Actuel dès 1970, autour de Jean-François Bizot : dans ce magazine alternatif et effronté, prêt à toutes les audaces, elle est d’abord maquettiste, puis devient directrice de la photo. Dans l’équipe, qui compte, entre autres, Michel-Antoine Burnier, Patrick Rambaud ou Léon Mercadet, on fait la fête jusqu’à pas d’heure et on vit en bande. Elle est la seule femme de la troupe, boule d’énergie et bonne vivante, petit modèle au rire tonitruant et aux réparties bien senties. « C’est d’la daube ! », revient souvent dans sa bouche, parmi d’autres expressions bien plus fleuries.

Christophe Nick, responsable des enquêtes au magazine « Actuel » : « Elle était incroyablement douée pour choisir parmi 300 images la trentaine qui construira une histoire »

A Actuel, l’heure est au gonzo journalisme, à l’immersion dans les sujets, aux récits racontés à la première personne. Claudine Maugendre va trouver ou inventer les images qui accompagneront le ton décalé et insolent du magazine, surtout après sa relance en 1979, qui le fait se distinguer par ses grands reportages et ses enquêtes fouillées. Claudine Maugendre, avec en tête les grands récits en images publiés par les magazines illustrés américains, va donner ainsi sa chance à nombre de photographes et bâtir la réputation du photojournalisme à la française.

Christophe Nick, qui fut responsable des enquêtes au magazine, témoigne : « Elle était incroyablement douée pour choisir, parmi 300 images, la trentaine qui construira une histoire. » Et quelles histoires : le journaliste Patrice Van Eersel qui « fait les poches » du dictateur de Guinée équatoriale Macias Nguema, en fuite, et détaille tout ce qu’il a trouvé dans son palais abandonné. Ou Yannick Blanc, à Dreux (Eure-et-Loir), une des premières villes conquises par le Front national, qui se maquille pour se glisser dans la peau d’un ouvrier noir.

« Son œil était respecté »

Pour fabriquer tous les reportages produits par le magazine, Claudine Maugendre innove. Elle ne dédaigne aucun genre, aucun style : la couleur et le noir et blanc, le Polaroid, le travail sur archives, la photo de studio, l’instantané et la mise en scène. Elle fait appel aux pointures du métier – elle demande à Robert Doisneau de retourner photographier la banlieue de sa jeunesse, engage Henri Cartier-Bresson et Sebastiao Salgado –, mais guette aussi les jeunes prometteurs. Alain Bizos, Yan Morvan, Denis Darzacq, Françoise Huguier ont ainsi des commandes du magazine. Le jeune collectif Tendance Floue va y faire ses armes. « Elle n’était ni dans les querelles ni dans les chapelles, se souvient Christophe Nick, elle passait de la mode à la guerre du Golfe sans aucun souci. Elle a ouvert les pages d’Actuel aux images de Nan Goldin. Et son œil était respecté aussi bien par Roger Thérond à Paris Match que par Christian Caujolle à Libération. »

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