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Un politique au board : pour quoi faire?

Nicolas Sarkozy va rejoindre le conseil d’administration du groupe AccorHotels. A la fin de l’été dernier, « Les Echos Business » avait analysé les coûts et avantages, pour une entreprise, de recruter une personnalité politique. Après l’annonce du départ d’Arnaud Montebourg du conseil de surveillance d’Habitat.

L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy rejoint le conseil d’administration d’AccorHotels.
L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy rejoint le conseil d’administration d’AccorHotels. (Montage Sipa)
Publié le 22 févr. 2017 à 11:01Mis à jour le 22 févr. 2017 à 11:53

L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy rejoint le conseil d’administration du géant hôtelier AccorHotels, afin d’ « accompagner la vision internationale » du groupe, a annoncé le 21 février AccorHotels dans un communiqué. L’ex-chef de l’État, coopté « à l’unanimité », y sera administrateur indépendant et présidera un comité de stratégie internationale. Ce poste d’administrateur indépendant serait le premier de cette nature occupé par l’ancien président. Le PDG du groupe, Sébastien Bazin, cité dans le communiqué, estime que « l’expertise internationale de Nicolas Sarkozy et sa parfaite connaissance des enjeux géopolitiques mondiaux seront de formidables atouts pour le groupe ». Après son élimination, le 20 novembre dernier, au premier tour de la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy, avocat de formation, avait indiqué vouloir tourner la page et « aborder une vie avec plus de passions privées et moins de passions publiques. » Il siégera aussi désormais au conseil du leader mondial de l’hôtellerie.

Autre taille d’entreprise, autre personnalité politique, autre temporalité. En mars 2015, six mois après son départ du gouvernement où il exerçait la fonction de ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg surprenait son monde en annonçant son entrée au conseil de surveillance de la chaîne d’ameublement Habitat, en qualité de vice-président. Leur collaboration aura duré un an et demi. Retour sur ce recrutement singulier au travers d’un bilan coûts et avantages pour l’entreprise.

Premier bénéfice : s’attacher les services d’une personnalité politique de premier plan permet d’orchestrer une campagne de communication à moindre frais. Encore faut-il cependant que le profil recruté ne brouille pas l’image de l’entreprise. Pour Marc Bartel, managing partner du cabinet de chasse de têtes et de conseil Heidrick & Struggles à Paris et à Londres : « un tel recrutement peut renforcer l’image de l’entreprise comme la détériorer ». Dans le cas d’Arnaud Montebourg et d’Habitat, la coopération faisait sens : qui mieux que le chantre du « made in France » pour occuper des fonctions dans une entreprise française (d’origine britannique : elle appartient depuis septembre 2011 au groupe français de distribution CAFOM) ?

Autre avantage : au-delà du coup de com’, la personnalité politique apporte à l’entreprise non seulement un regard extérieur, mais surtout un réseau. Ancien ministre et ex-président du groupe UDF au Conseil de Paris, Yves Galland avait même pris la tête de Boeing France en 2003 après un passage à la présidence d’Europ Assistance. Et ce n’est qu’en fin d’année dernière qu’il a fait valoir ses droits à la retraite. Le recrutement d’un politique, il est vrai, offre un carnet d’adresses susceptible de se révéler particulièrement utile lorsque l’entreprise souhaite, par exemple, se développer dans un pays en particulier. En 2005, la société Gazprom, consortium mis en place pour la construction d’un gazoduc entre l’Allemagne et la Russie, avait nommé à la présidence de son conseil de surveillance l’ancien chancelier fédéral Gerhard Schröder à peine sorti de ses hautes fonctions ; ce qui n’avait pas manqué de scandaliser en Allemagne, comme en Pologne.

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Conflit d’intérêt

Cet exemple rappelle que le risque du conflit d’intérêt n’est jamais loin lorsqu’une personnalité politique s’engage dans une entreprise privée. C’est pourquoi son rôle doit être clairement défini. « Difficile de leur confier un rôle opérationnel. Du fait de leur activité, ces personnalités ont souvent une vision à court terme », note Marc Bartel. Un avis partagé par Sylvain Dhenin, managing partner d’Heidrick & Struggles pour l’Europe de l’Ouest :« les politiques n’ont pas vraiment d’expérience du management. Plutôt qu’à une fonction opérationnelle, on peut les imaginer au conseil d’administration ou au comité stratégique d’une entreprise ».

L’expérience Montebourg souligne aussi l’importance qu’il y a à bien définir le rôle et la valeur ajoutée de la recrue politique au sein de l’entreprise : « Il s’intéressait un peu à tout, débordant régulièrement du périmètre qu’on avait initialement imaginé pour lui », avait expliqué Hervé Gaoui, le directeur général du groupe Habitat, à nos confrères du « Figaro ». Mais, in fine, le bilan s’était avéré mitigé. « Il ne me semble pas qu’Arnaud Montebourg soit arrivé pour faire jouer son carnet d’adresses, avait analysé Sylvain Dhenin. L’expérience paraît positive, car elle a été bénéfique pour les deux parties : l’entreprise a profité d’une exposition médiatique à moindre coût et le politique, qui se trouve immergé dans le monde de l’entreprise, gagne en expérience. En ce sens, l’initiative est rafraîchissante ». Bien souvent, le recrutement d’une personnalité politique est un investissement à court terme.

LES ECHOS BUSINESS

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