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Sheryl Sandberg Madame Facebook

C'est elle, et non son fondateur Mark Zuckerberg, qui a fait de Facebook le réseau le plus puissant du monde. Grâce à son génie des affaires, ses intuitions, ses connexions et surtout sa capacité à se relever des coups durs les plus dramatiques. Aujourd'hui, Sheryl Sandberg veut partager ses recettes et promouvoir l'avancement des femmes. Conversation exclusive avec «Les Échos Week-End» sur ses terres de Menlo Park.

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Par Lucie Robequain, Anaïs Moutot

Publié le 20 janv. 2017 à 01:01

Si le succès se mesure à la taille du bureau, Sheryl Sandberg a dû rater quelque chose. Plongée dans un «open space» de 2500 salariés - ce qui en fait certainement le plus grand du monde -, la numéro deux de Facebook partage un petit bureau modulaire avec trois autres collègues. Celui de Mark Zuckerberg n'est qu'à quelques mètres, ainsi qu'elle l'avait exigé lors de son embauche. Les fils électriques dégueulent du plafond, donnant comme une impression de chantier. Sheryl Sandberg passerait presque inaperçue si elle n'avait sorti sa tenue des grands jours, délaissant la doudoune sur le dossier de son siège pour une petite veste en cuir: «Je ne m'habille pas comme ça d'habitude. Mais avec vous, les Français...».

Entre clins d'oeil et rires explosifs, la quadragénaire fait volontiers tomber les barrières. On a presque peine à croire qu'on s'adresse à une des personnalités les plus reconnues de la Silicon Valley, la femme qui a fait d'un trombinoscope, certes génial mais déficitaire, un réseau mondial ultradominant, devenu déterminant pour la diffusion des contenus des plus grands médias. Ce qui peut laisser soupçonner l'influence de la milliardaire, toutefois, c'est que son discours ne s'éloigne jamais des éléments de langage de Facebook, rappelant combien elle incarne à elle seule l'image de la «boîte».

En cette belle journée de janvier, ses conseillers s'affairent pour régler les derniers détails de son voyage en Europe - quatre jours au pas de course qui la conduiront de Berlin au forum de Davos en passant par Paris. «Je crois qu'on n'a jamais eu un déplacement aussi chargé! [...] Je fais tout pour rendre mes voyages les plus courts possible», glisse-t-elle. Depuis deux ans, elle n'est plus tout à fait la même. Sa vie a volé en éclats le jour où elle a découvert le corps inanimé de son mari, Dave Goldberg, au pied d'un tapis de course, lors de vacances au Mexique - ils fêtaient les 50 ans d'un ami. L'amour de sa vie, le père de ses deux enfants, a succombé à une arythmie cardiaque pendant qu'elle faisait une sieste, lui laissant la lourde tâche de s'occuper seule de sa famille alors qu'elle a un des «jobs» les plus exigeants de la Silicon Valley. «Certains m'ont reproché de ne pas parler de la difficulté des femmes ayant un mari qui ne les soutient pas - voire pas de mari du tout. Ils avaient raison», reconnaît-elle aujourd'hui. Les beaux jours s'étant envolés - ce qu'elle appelle son «option A» -, elle s'est armée de courage pour entamer sa nouvelle vie - l'«option B». C'est le titre qu'elle entend donner à son livre sur la résilience, qui sortira en avril dans les librairies américaines. Une affiche, «Kick the shit out of option B» (NDLR: «défonce-toi pour l'option B»), est déjà placardée à côté de son bureau - c'est devenu son nouveau mantra. Une tasse estampillée «résilience» fait office de pot à crayons.

Dans les hautes sphères dès 22 ans

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La vie lui avait plutôt souri jusqu'alors. De la Banque mondiale au cabinet McKinsey, en passant par l'administration Clinton et le géant Google, elle a multiplié les expériences dans les cénacles du pouvoir. Major de sa promotion à Harvard, elle «bluffe» tellement son professeur d'économie, Larry Summers, qu'il lui propose de l'accompagner à la Banque mondiale pour mener des travaux de recherche. À 22 ans, elle brille déjà dans les hautes sphères de Washington. Sur le plan personnel, certes, c'est d'abord l'échec: elle se marie trop tôt, pour faire plaisir à ses parents et trouver un homme «avant qu'ils ne soient tous pris», comme ils ne cessent de le lui répéter. «Ils insistaient sur l'importance de l'éducation, mais plus encore sur celle du mariage», rappelle-t-elle dans son livre En avant toutes («Lean in» en anglais). Ce premier mariage ne tient pas plus d'un an. Elle en tirera une leçon essentielle: «Sortez avec toutes sortes de garçons: les méchants, les cools, ceux qui ne veulent pas s'engager, les tarés. Mais ne vous mariez pas avec eux. Trouvez quelqu'un qui cherche l'égalité, qui pense que les femmes doivent être intelligentes, avec des idées et des ambitions.»

Des ambitions, Sheryl Sandberg n'en manque pas. Elle retourne à Boston pour décrocher son second diplôme de Harvard, puis rejoint la Californie pour quelques mois de conseil chez McKinsey. Larry Summers ne l'a pas oubliée: nommé secrétaire adjoint au Trésor - puis secrétaire en titre -, il pense aussitôt à elle pour être son chef de cabinet. Bel exploit, à même pas 30 ans! L'expérience est exaltante, mais très courte: les démocrates perdant l'élection présidentielle de 2000, Sheryl Sandberg doit se chercher de nouveaux challenges. Une start-up d'à peine trois ans rêve alors de la recruter. Son nom: Google. Sheryl Sandberg se montre d'abord sceptique. Elle ne partage pas grand-chose avec cette bande de «geeks»: «Je n'ai pas toujours été amie avec la technologie. Je n'ai utilisé d'ordinateur qu'une seule fois quand j'étais à Harvard. Les données étaient alors stockées sur des bandes magnétiques que je transportais dans de gros cartons sur le campus», raconte-t-elle dans son livre. La start-up n'a par ailleurs ni business plan ni revenu stable. Mais Sheryl Sandberg est séduite par sa mission: rendre les informations accessibles à tous, partout dans le monde. Et Eric Schmidt, le CEO, n'est pas du genre à jeter l'éponge. Il l'appelle toutes les semaines, comme le raconte Ken Auletta dans un excellent portrait publié par le New Yorker:«Ne sois pas bête, Google est une fusée! Tu dois monter à bord».

Sheryl Sandberg finit par accepter. L'ancienne «McKinsey» n'a d'ailleurs aucun mal à voir ce qu'elle peut apporter à la boîte: un sens des affaires qui manque à la plupart des «nerds». À l'époque, seules quatre personnes travaillent sur la publicité. Sheryl Sandberg se propose de reprendre le projet pour en faire une mine d'or. Elle monte en grade, récupérant bientôt la charge de la vente en ligne et des opérations. La société commence alors juste à développer AdWords, une régie publicitaire qui met aux enchères des mots-clés pour les annonceurs - ceux qui misent gros arrivant en tête des recherches des internautes. Sheryl Sandberg met les bouchées doubles sur ce programme, qui, seize ans plus tard, représente toujours la majorité des revenus de la société. Dans la foulée, elle lance AdSense, un outil conçu pour placer des publicités sur des sites partenaires, qui devient une autre source essentielle de profits. Elle convainc également AOL - le plus grand fournisseur de services Internet à l'époque - d'adopter Google comme moteur de recherche, moyennant une commission de 150 millions de dollars annuels. C'est un gros risque pour la jeune start-up, qui n'a que 10 millions sur son compte en banque. Mais «Sheryl Sandberg est quelqu'un qui n'a peur de rien», fait valoir avec admiration Marissa Mayer, l'actuelle patronne de Yahoo! et la première femme ingénieure embauchée chez Google. À défaut d'un esprit créatif à la Steve Jobs ou Bill Gates, Sandberg montre en tout cas un vrai génie pour générer du «cash» et fédérer les équipes.

Une soirée de Noël décisive

Cette période marque également une renaissance dans sa vie privée. En 2004, elle se marie avec un ami de longue date, Dave Goldberg. De son propre aveu, c'est la meilleure décision qu'elle ait prise de sa vie, celui-ci faisant tout pour faciliter sa carrière. Après des années de relation à distance, ce passionné de musique accepte de quitter Los Angeles et son poste à la tête de Yahoo! Music pour rejoindre sa femme et son fils dans la baie de San Francisco, quitte à prendre un poste qui l'intéresse moins dans un fonds de capital-risque. Élevé par un père qui lui a fait lire La Femme mystifiée, un classique de la deuxième vague féministe des années 1960, il n'a aucun mal à accepter une épouse «qui réussit mieux que lui». Cela étant, Sheryl Sandberg a la bougeotte. Elle demande plus de responsabilités chez Google. On lui propose la direction financière; elle refuse. Elle est un moment en pourparlers avec le président du Washington Post, Donald Graham, qui la verrait bien redresser le prestigieux quotidien en déclin. Le hic, c'est qu'elle n'a vraiment aucune envie de retrouver Washington - la ville de son premier mariage.

C'est finalement une soirée de Noël qui va décider de tout. Chez son ami Dan Rosensweig, elle croise le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, sur le pas de la porte. Ils ne se connaissent pas du tout mais passent une bonne heure à papoter. Le jeune homme de 23 ans l'invite à dîner juste après les fêtes. Une fois, puis deux, puis trois... Plus il la fréquente, plus il a envie de l'attirer dans sa société. Mission difficile: le jeune homme doit la convaincre de quitter un groupe de 17000 personnes pour une start-up d'à peine 500 salariés! Par souci de discrétion, ils décident d'éviter les endroits publics. Le studio de Mark Zuckerberg étant minuscule, ils se retrouvent une ou deux fois par semaine chez elle. À entendre son mari Dave, les conversations sont hautement philosophiques: «À quoi crois-tu? Qu'est-ce qui t'importe? Quelle est ta mission?» «On aurait dit des rendez-vous galants!», plaisante Dave quelques mois plus tard. Sheryl Sandberg, du genre couche-tôt, doit régulièrement demander à l'oiseau de nuit qu'est Mark Zuckerberg de bien vouloir prendre congé.

Pas gestionnaire pour un sou, celui-ci voit en Sheryl Sandberg son parfait complément. Facebook n'a rien d'un grand «business» à l'époque. Le réseau social brûle du cash sans trop se soucier des revenus. La publicité ne rapporte pas un kopeck. Les initiatives de Mark Zuckerberg dans ce domaine ont fait long feu: le mois précédant sa rencontre avec Sheryl Sandberg, il a lancé Beacon, un outil qui envoie automatiquement des publicités aux utilisateurs de Facebook dont les amis achètent des produits sur Amazon ou eBay. En dix jours, plus de 50000 internautes ont signé une pétition de protestation, et l'équipe a dû retirer le programme.

Pour certains, Facebook n'est alors rien d'autre qu'une comète appelée à se volatiliser, à l'instar de Myspace. La société accumule 138 millions de dollars de pertes en 2007, presque autant que son chiffre d'affaires (153 millions de dollars). D'autres pensent que Mark Zuckerberg - maladivement timide - n'a pas les talents pour s'imposer. Où l'on comprend mieux son empressement à recruter Sheryl Sandberg pour en faire sa numéro deux, en charge des opérations. «Il y a des gens qui sont d'excellents managers, capables de gérer une grande organisation. Il y en a d'autres qui sont très analytiques. Je fais plutôt partie des seconds», reconnaît-il. Il est ravi de la voir gérer les choses «qu'il ne veut pas»: stratégie publicitaire, embauches, licenciements, management, affaires publiques. «Elle s'occupe du business, lui des produits», résume Ann Kornblut, une star du Washington Post qui vient d'être débauchée par Facebook pour piloter la communication. Pendant qu'il teste des technologies futuristes, elle gère le quotidien de façon méticuleuse, classe ses dossiers avec un code couleur, consulte ses e-mails dès 5 heures du matin et reprend son travail le soir, une fois les enfants couchés. Preuve que le partage des missions n'est pas près de changer: c'est Sheryl Sandberg qui s'est rendue à New York, à la mi-décembre, pour participer à la rencontre organisée entre Donald Trump et les leaders de la Silicon Valley, alors que tous les autres invités étaient des PDG: Tim Cook chez Apple, Jeff Bezos chez Amazon, etc.

Mieux payée que son patron

Mais revenons en 2008... dès son arrivée chez Facebook, Sheryl Sandberg se pose la même question que chez Google: comment gagner de l'argent? Faut-il miser sur la publicité? Se lancer dans le commerce en ligne? Rendre le site payant? Les ingénieurs ne s'en soucient guère, trop occupés à bâtir le site le plus «cool» du monde. Elle, en revanche, n'a plus aucun doute: l'avenir se jouera sur la pub. En trois ans, elle propulse Facebook dans une nouvelle dimension. Le site passe de 500 à 2500 salariés, de 70 millions à 700 millions d'utilisateurs. Il devient enfin rentable. Sheryl Sandberg trône sur un tas d'or, étant bien mieux payée que son patron. En mai 2012, c'est l'apothéose: après l'introduction en Bourse de Google qui l'avait rendue multimillionnaire, celle de Facebook la rend... milliardaire.

C'est paradoxalement à ce moment-là que lui vient l'envie de dénoncer le sort des femmes et d'écrire son plaidoyer féministe En avant toutes - elle qui domine un monde d'ingénieurs presque 100% masculin. C'est qu'avant d'atteindre le sommet, elle a accumulé les humiliations et se sent le devoir d'en rendre compte. Lycéenne, elle avait été mortifiée d'entendre le président de la Chambre des représentants la complimenter sur son physique en lui caressant la tête et lui demander si elle était pom-pom girl... alors qu'elle exécutait un stage à Washington auprès d'un élu de Floride! Parvenue à Harvard quelques années plus tard, elle a créé le Women in Economics and Government, un groupe destiné à accroître la présence des femmes dans ces deux sphères. Pour sa thèse, elle choisit de s'intéresser à la manière dont les inégalités économiques influencent les violences faites aux femmes.

De là à coucher sa propre expérience sur le papier, il y a un pas qu'elle hésite à franchir. Étoile montante de Facebook, elle a peur que la féministe en elle ne nuise à la femme d'affaires. Le premier jet de son manifeste est ainsi empreint de réserve: en bonne économiste, elle accumule les références aux études «macro» qui prouvent la saisissante inégalité entre hommes et femmes dans le monde des affaires. Mais son agent littéraire est déçu; il la convainc d'être plus personnelle. Et c'est finalement cette facette qui impressionne le plus dans la version finale: entre autres confidences, Sheryl Sandberg raconte la gêne éprouvée ces rares fois où elle a fondu en larmes au travail, révèle que ses collègues chez Google l'ont surnommé «grosse baleine» quand elle était enceinte ou explique qu'un investisseur n'a pu lui indiquer les toilettes pour femmes, n'ayant jamais eu auparavant d'interlocuteurs féminins lors d'une levée de fonds.

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Halte au «syndrome de l'imposteur»

Là où Sheryl Sandberg a choqué, c'est dans sa façon de critiquer, en filigrane, le manque d'ambition des femmes. Elle est persuadée que les progrès viendront d'un changement de comportement de leur part, plutôt que de politiques de discrimination positive. «Nous assimilons les messages négatifs que nous recevons tout au cours de notre vie et nous limitons nos ambitions par rapport à ce que nous pouvons atteindre», écrit-elle. Les femmes ont ainsi tendance à éviter les promotions quand elles approchent la trentaine, même si elles ne sont pas encore enceintes, car elles sont persuadées de ne pas pouvoir gérer en parallèle l'éducation de leurs enfants et un poste exigeant. Elles souffrent aussi d'un «syndrome de l'imposteur» qui les pousse à sous-estimer sans cesse leurs compétences et à attribuer leur progression à la chance ou au soutien de leurs mentors.

On lui reproche aussi son manque d'empathie pour celles qui n'ont pas assez d'argent pour s'offrir une nounou, ni de mari prêt à partager les tâches ménagères. «Le choix de carrière le plus important d'une femme est celui de son compagnon», assène-t-elle. «Sheryl Sandberg est une femme à la fois surhumaine et super-riche», rétorque l'une de ses pugnaces critiques, Anne-Marie Slaughter. Si certaines femmes mettent en question son manifeste, le discours de Sandberg semble salvateur pour les hommes de la Silicon Valley. «J'étais à une rencontre de PDG il y a deux ans. Les participants étaient à plus de 90% des hommes. Sheryl Sandberg était sur scène, elle a ébranlé notre façon de penser la diversité en l'entreprise. Aucun dirigeant masculin n'aurait pu faire ça», estime Aaron Levie, le PDG de Box, une entreprise de cloud dans la baie de San Francisco. Elle aide aussi de nombreuses femmes à progresser dans leur carrière, en offrant une oreille attentive, des conseils et son réseau: «Elle est d'une générosité incroyable. Elle s'assure que toutes les femmes ont une voie pour monter les échelons», raconte Fidji Simo, une Française qui a eu, en partie grâce à elle, une ascension météorique: à 31 ans seulement, elle est déjà chargée de superviser les produits vidéos chez Facebook!

Il y a peu de dirigeants de ce niveau qui parlent autant de leur vie privée. Sheryl Sandberg a choisi de ne pas laisser cette dimension à la porte de l'entreprise. «Le leadership n'est plus lié à une liste de qualités, comme le sens analytique ou stratégique, mais vient de la façon d'exprimer son individualité de façon honnête et parfois imparfaite. Les leaders doivent chercher l'authenticité, et non pas la perfection», estime-t-elle. Une attitude qui vise aussi à promouvoir Facebook, un réseau qui table sur le partage d'expériences pour provoquer des réactions. Ses aveux de vulnérabilité n'ont en tout cas aucunement entamé son prestige. On l'imagine même, souvent, au sommet de l'État. Son nom avait circulé, en 2012, comme possible secrétaire au Trésor d'Obama. La rumeur a ressurgi cet automne, dans l'hypothèse où Hillary Clinton aurait remporté la Maison-Blanche. En a-t-elle envie? «Je n'ai pas l'intention de changer de job, et ce pour très longtemps. Le décès de mon mari a changé ma vie de manière dramatique. J'élève seule mes enfants désormais.» En même temps, elle n'a que 47 ans...

Aussi ambitieuse soit-elle, Sheryl Sandberg ne semble pas nécessairement chasser non plus les postes de numéro un. «Elle pourrait être PDG de n'importe quelle entreprise. Ce qui est incroyable chez elle, c'est qu'elle met les mains dans le cambouis sans forcément vouloir être au premier rang. Son ego est moins développé que d'autres», estime Mark Zuckerberg. Une anecdote illustre cette humilité, aussi sympathique que surprenante: «Quand je l'ai invitée pour la première fois au sommet des femmes les plus puissantes, en 2005, elle n'a pas voulu inscrire l'événement sur son agenda Google car il était partagé avec toute son équipe et elle avait honte de ce terme», raconte Pattie Sellers, qui supervise le classement des 50 femmes les plus puissantes du monde pour le magazine Fortune. Des années plus tard, Sheryl Sandberg se sent toujours mal à l'aise quand Forbes fait d'elle la cinquième femme la plus puissante du monde. «Ridicule», maugrée-t-elle chaque fois que le classement est évoqué. «La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau: elle lui donne de la force et du relief», dixit François de la Rochefoucauld.

Le réseau social dominant en chiffres

1,8 milliard d'utilisateurs actifs mensuels.1,1 milliard d'utilisateurs quotidiens sur mobile.Chiffre d'affaires 2015 :17,9 milliards de dollars.Résultat net 2015 : 3,7 milliards de dollars.Capitalisation boursière au 10 janvier 2017: 368 milliards de dollars.

4 piliers de son réseau

Larry Summers le mentorÀ Harvard, Larry Summers repère cette brillante élève, qui obtient la meilleure note dans son cours d'économie. Il lui propose de diriger sa thèse sur les liens entre variables économiques et violences faites aux femmes, puis la recrute à la sortie de l'université pour un poste d'assistante de recherche à la Banque mondiale, dont il est alors chef économiste. Elle devient chef de son cabinet au Trésor lorsqu'il est nommé secrétaire adjoint en 1995 - il sera promu secrétaire au Trésor en 1999.Marne Levine la compliceComme Sheryl Sandberg, c'est une protégée de Larry Summers. Les deux femmes se rencontrent au Trésor en 1995: lors d'une réunion, Marne invite Sheryl à s'asseoir à la table des discussions plutôt que de rester isolée dans un coin. En 2010, elle la rejoint chez Facebook en tant que lobbyiste en chef. Elle sera nommée directrice des opérations d'Instagram en 2015. Elle est aussi vice-présidente de la fondation Lean In.David Fischer Monsieur PubAprès avoir travaillé sous la direction de Sheryl Sandberg au département du Trésor à la fin des années 1990, cet ancien journaliste la suit chez Google pour développer les revenus publicitaires de la start-up. En 2010, il devient vice-président en charge dela publicité chez Facebook, où il convainc Mark Zuckerberg d'introduire des posts sponsorisés au sein même du «newsfeed».Donald Graham l'homme de presseL'ancien président du Washington Post fait partie des trois mentors que Sheryl Sandberg cite dans son livre En avant toutes. Depuis quinze ans, il l'aide «à naviguer dans certaines des situations professionnelles les plus éprouvantes», écrit-elle.Lorsqu'elle cherche à quitter Google en 2007, Donald Graham lui propose un poste de direction au sein du journal, mais elle préfère rejoindre Facebook... où il obtient un siège au conseil d'administration dès la fin 2008.

De la politique à la Silicon Valley

28 août 1969 Sheryl Sandberg naît à Washington d'un père ophtalmologue et d'une mère professeur de français. La famille déménage deux ans plus tard à Miami. 1991 Maîtrise d'économie à Harvard. Elle y rencontre le professeur Larry Summers, qui lui offre un premier emploi à la Banque mondiale. 1995 MBA à Harvard. Elle rejoint le cabinet McKinsey en Californie. 1996 Larry Summers, devenu secrétaire adjoint au Trésor de Bill Clinton - il sera nommé secrétaire en titre en 1999 - choisit Sheryl Sandberg comme chef de cabinet. 2001 Les démocrates perdent la Maison-Blanche. Elle rejoint Google, qui n'est alors qu'une start-up. Avril 2004Elle épouse Dave Goldberg (photo), un entrepreneur du Web, qui lui apportera un soutien sans faille dans sa carrière. Ils ont deux enfants. Décembre 2007 Elle rencontre Mark Zuckerberg à une fête de Noël. Il en fait sa numéro deux chez Facebook. 18 mai 2012 Facebook entre en Bourse. Une opération qui rend Sheryl Sandberg immensément riche. Elle pèse aujourd'hui 1,2 milliard de dollars.11 mars 2013 Son ouvrage En avant toutes («Lean In») sort en librairie, suscitant des réactions très contrastées chez les féministes. Il s'est vendu à plus de 2 millions d'exemplaires. 1er mai 2015 Son mari décède d'une arythmie cardiaque au Mexique. Elle raconte comment faire face dans Option B, un ouvrage qui sortira dans les toutprochains mois.

Par Anaïs Moutot et Lucie Robequain

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