La presse polonaise a salué lundi 16 janvier l’arrivée de quelque 4 000 soldats américains de la “Brigade de fer” de l’Otan en Pologne, dans le cadre d’un déploiement sans précédent en Europe de l’Est. Un événement qui “change de manière significative la situation sécuritaire” de la Pologne, note Rzeczpospolita.

Depuis l’adhésion à l’Otan en 1999, la Pologne était en fait un membre de l’alliance de seconde catégorie. […] Un accord entre la Russie et l’Otan, datant de 1997, stipulait que les troupes de l’alliance ne stationneraient pas chez les nouveaux membres” comme la Pologne et les États baltes ou d’autres anciens pays du Pacte de Varsovie, rappelle le quotidien conservateur. Le déploiement d’une brigade blindée met fin “à cette situation défavorable”.

Depuis le 17 septembre 1993, quand le dernier soldat russe a quitté la Pologne, nous n’avions pas eu un si grand nombre de soldats étrangers stationnant sur notre territoire”, note de son côté le journal économique et financier Dziennik Gazeta Prawna.

Le quotidien constate que “la majorité de la brigade aura ses arrières et son commandement à Zagan [dans l’ouest du pays]”. Toutefois, il déplore le fait qu’elle “se trouvera la plupart du temps en dehors de la Pologne, dans les pays baltes et dans la région de la mer Caspienne. À peine 14 chars seront en permanence en Pologne”. De plus, “la brigade ne va pas franchir la ligne de la Vistule. Pour la principale raison que dans l’est du pays, il n’y a pas d’infrastructures adéquates.”

Manque de coordination

“Les prochains mois montreront quelle sera la position de la nouvelle administration américaine de Donald Trump”, note le quotidien de Varsovie.

Car la vérité est qu’un jour les alliés sont là, mais demain ils peuvent ne plus l’être. Aujourd’hui, la présence américaine augmente, mais cela pourra également avoir des conséquences. Et dans un certain temps elle pourra aussi être réduite. La sécurité n’est pas garantie une bonne fois pour toutes. Personne ne protégera nos frontières si nous-mêmes nous ne bâtissons pas une armée efficace. Qu’il y ait ici des soldats américains ou non”,

conclut le journal sur un ton pragmatique et réservé.

Gazeta Wyborcza, de son côté, ne manque pas de critiquer l’actuelle politique de défense du gouvernement conservateur de Droit et Justice (PiS) : “L’armée polonaise doit tout faire pour être capable de coopérer avec les soldats américains, alors que les mesures prises au ministère de la Défense vont dans le sens opposé”, écrit le principal quotidien de l’opposition, qui pointe un manque de coordination entre les exercices des soldats polonais et ceux de leurs homologues américains. “Les forces de défense territoriales, entraînées durant les week-ends, ne seront pas capables de coopérer avec l’Otan”.