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Hommage

Dans l’église du Souvenir à Berlin : «Nous sommes au milieu de la nuit»

Vingt-deux heures après l’attaque qui a coûté la vie à 12 personnes sur un marché de Noël dans la capitale allemande, la chancelière, Angela Merkel, était présente à la cérémonie d’hommage religieux aux victimes.
par Gurvan Kristanadjaja, Envoyé spécial à Berlin
publié le 20 décembre 2016 à 20h25

Peu avant 18 heures, Angela Merkel est entrée dans la succursale de l’église du Souvenir à Berlin, précédée de ses ministres. Le visage fermé, vêtue de noir, elle s’est assise au premier rang pour assister au premier hommage officiel aux victimes en face d’un immense sapin de Noël dont les loupiotes ont été éteintes. Au-dessus de la tribune, un Christ couvert d’or suspendu tend les bras à la foule. C’est le lieu qu’elle a choisi pour rendre un premier hommage national aux victimes de l’attaque, dans une cérémonie solennelle et religieuse. L’image du président français venu rendre hommage aux victimes du 13 Novembre au milieu de la nuit demeure historique, celle de la chancelière allemande assise au premier rang de la succursale de l’église du souvenir restera aussi sans doute.

Devant l'entrée de l'église du Souvenir, mardi soir à Berlin.

Photo Zacharie Scheurer. Hans Lucas pour Libération

Dans la salle, bondée de monde, les représentants officiels des cultes et religions se tiennent les uns à côté des autres, pour marquer leur solidarité. Quelques femmes voilées, des représentants politiques aussi. L'un d'eux, ancien assistant au Bundestag, membre de la CDU (l'Union chrétienne-démocrate de la chancelière) est venu apporter son soutien à la politique de Merkel. «Les populistes de l'AfD [parti anti-immigration, ndlr], ont envie de faire quelque chose de cette attaque. Je suis là pour dire que nous devons soutenir la politique menée par la chancelière. C'est un problème européen, il faut moderniser l'Europe.»

«Te parler de notre peur»

L'orgue fait sortir la salle de son silence par des notes funèbres. Les premiers mots des représentants religieux sont pour les familles des victimes et les blessés. Puis un appel à Dieu : «Nous voulons te parler de notre peur. De la peur de ce monde. Nous te prions de nous protéger. Chez nous il fait sombre, chez toi il y a de la lumière.» 

L'archevêque de Berlin, Heiner Koch, prend la parole à son tour : «C'est la nuit, le chaos, la peur. Hier soir, c'était la nuit à Berlin. C'est la nuit à Alep et dans tant d'endroits dans le monde. […] Ce fut la nuit à Bethléem. Une étoile lumineuse qui connaît le chemin nous a permis d'avancer ensemble. Nous sommes au milieu de la nuit.»

 «Nous sommes ici ensemble…»

Dans l'assemblée, certains sont en pleurs, d'autres préfèrent fermer les yeux alors que les représentants des différentes religions s'expriment tour à tour. Ils prononcent tous une phrase, commençant par «Nous sommes ici ensemble…». «Parce que nous avons besoin les uns des autres», dit l'un. «Parce que nous ne pouvons pas réussir seuls», reprend le représentant du culte musulman. Avant de se prendre la main pour une minute de silence.

Jusqu'à présent plutôt calme, la rue Kurfürstendamm a vu s'agglutiner des centaines de personnes à la sortie de la cérémonie. Certains ont des fleurs à la main, d'autres portent des Tee-shirts «l'amour pour tous, la haine pour personne». Et tentent de se rassembler autour du message de paix souhaité par l'archevêque de Berlin quelques minutes plus tôt : «Le terrorisme ne doit pas nous séparer.»

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