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Le pessimisme et la défiance de la jeunesse atteignent des records

Se sentant « sacrifiée » face à la crise de l’emploi, la jeunesse est traversée par un sentiment de révolte envers la politique, les institutions et les médias.

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Publié le 15 décembre 2016 à 11h14, modifié le 15 décembre 2016 à 16h00

Temps de Lecture 2 min.

Images mises en ligne sur le site « Génération What ».

Le pessimisme des jeunes vis-à-vis de l’avenir atteint des sommets, de même que leur défiance envers la politique, les institutions et les médias. Ce constat ressort avec force de l’étude publiée, mercredi 14 décembre, par Anne Muxel, directrice de recherches au Cevipof (CNRS/Sciences Po), à partir du volet français de l’enquête « Generation What ? » sur les jeunes Européens (18 à 34 ans).

La sociologue a travaillé sur les réponses d’un échantillon représentatif de plus de 20 000 jeunes Français, et les a comparées à celles d’une précédente enquête (« Génération quoi ? ») menée en 2013 : « Ce qui s’aggrave, résume-t-elle, c’est le pessimisme quant aux possibilités que la société française peut leur offrir pour s’intégrer dans de bonnes conditions, pour trouver un travail rémunéré à la hauteur de leurs compétences, pour qu’ils se sentent reconnus quant à leur utilité sociale et dans leur rôle, pour obtenir leur autonomie… »

Dans cet autoportrait 2016, les jeunes se définissent d’abord comme une génération « sacrifiée » ou « perdue » : 73 % estiment que « la crise économique aura un impact sur leur avenir » et 53 % que leur avenir « sera plutôt pire comparé à la vie qu’auront menée leurs parents ». Parmi les actifs, 65 % ne se considèrent pas payés à la hauteur de leurs qualifications. Les jeunes ont « profondément intégré l’insécurité et l’impermanence pour en faire un modèle de vie », analyse Mme Muxel. 65 % d’entre eux, soit 12 points de plus qu’en 2013, « adhèrent à la possibilité d’être heureux au jour le jour, même sans travail et sans famille ».

L’environnement en tête des préoccupations

Cela n’empêche pas une colère profonde : 62 % déclarent pouvoir « participer demain ou dans les prochains mois à un grand mouvement de révolte ». A l’approche des élections présidentielle et législatives, la mesure du rejet a de quoi donner le vertige : 99 % des jeunes pensent que les hommes politiques sont corrompus, et 63 % « tous corrompus » ! 87 % n’ont pas confiance dans les responsables politiques et les médias. L’idée que « c’est la finance qui dirige le monde » reçoit l’assentiment de 93 %. Le système éducatif est jugé durement : pour 68 %, il « ne donne pas sa chance à tous » et pour 87 %, il « n’est pas efficace pour entrer sur le marché du travail ».

Mais le pessimisme collectif des jeunes « est tempéré par un optimisme sur leur capacité personnelle à s’en sortir », explique Anne Muxel. En effet, 63 % adhèrent à l’idée que « quand on veut on peut ». « Les jeunes pensent trouver un certain nombre d’échappatoires et de solutions face à cette société bloquée, jusqu’à envisager de partir : 70 % se disent disponibles pour faire leur vie hors de France », souligne la sociologue.

En outre, ils font encore confiance aux organisations humanitaires (à 63 %). Et ils sont 82 % à approuver l’idée d’un service civil obligatoire. Leur première préoccupation (52 %) est devenue l’environnement et le souci de l’écologie (+ 19 points en trois ans), dépassant l’accès à l’emploi (45 %).

Face à leurs difficultés quotidiennes, ils peuvent compter sur un très fort soutien familial, même s’ils sont 64 % à ressentir que leurs aînés « sont angoissés pour leur avenir ». C’est finalement dans l’amitié (90 % la jugent nécessaire au bonheur) et dans les relations amoureuses (importantes pour 86 %) qu’ils trouvent leur meilleur refuge.

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