Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme / bell hooks

« « Ne suis-je pas une femme ?« , telle est la question que Sojourner Truth, ancienne esclave, lança en 1851 lors d’un discours célèbre, interpellant féministes et abolitionnistes sur les diverses oppressions subies par les femmes noires : oppression de classe, de race, de sexe. Héritière de ce geste, bell hooks décrit dans ce livre paru en 1981 aux Etats-Unis les processus de marginalisation des femmes noires. Elle livre une critique sans concession des féminismes blancs, des mouvements noirs de libération, et de leur difficulté à prendre en compte les oppressions croisées. Un livre majeur du « Black feminism », un outil nécessaire à tou-te-s à l’heure où, en France, une nouvelle génération d’Afroféministes prend la parole. »

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Dans la préface, la comédienne et réalisatrice afroféministe Amandine Gay replace l’oeuvre de bell hooks dans l’histoire du black feminism aux Etats-Unis à partir des années 1980. La publication de Ne suis-je pas une femme ? en 1981sera suivie par un “véritable déferlement de “classiques” du black feminism” , avec les textes d’Angela Davis, Patricia Bell-Scott, Gloria T. Hull, Barbara Smith et Audre Lorde pour ne citer que les plus connues.

all-women-ae-white L’oeuvre de bell hooks participe de l’ objectif d’“écrire- et par là institutionnaliser- l’histoire des femmes noires, jusque là systématiquement évacuées de l’Histoire”, de “créer les bases d’une recherche sociologique dénuée du racisme et du sexisme qui avaient biaisé jusque là les analyses de la situation dans laquelle se sont trouvées les femmes noires tout au long de l’histoire des Etats-Unis.” Amandine Gay contextualise également la pensée de beel hooks au regard des mouvements afroféministes contemporains (évoquant notamment la place de Twitter) et évoque l’influence de la lecture des auteures afro-féministes américaines sur son propre parcours :“c’est en étudiant et en militant que j’ai compris que, pour les Afro-descendantes, l’accès à la littérature afroféministe anglophone est un formidable ressort de pouvoir.”audre-lorde

Amandine Gay conclue sa préface en affirmant la dimension émancipatrice de la lecture du livre de bell hooks : “cet ouvrage de bell hooks comme ceux de toutes les grandes interllectuelles afro-américaines est un outil d’émancipation dont nous devons nous servir pour forger nos propres analyses (…). Comme l’a très justement dit Toni Morrisson : “S’il y a un livre que vous souhaitez lire mais qu’il n’a pas encore été écrit, alors vous devez l’écrire.”

En introduction de l’ouvrage, bell hooks écrit  que “la première fois [qu’elle est] revenue des bibliothèques, en colère et déçue qu’il y ait si peu de livre sur les femmes noires”, son compagnon l’a encouragé à en en écrire un : Un bon argument pour acquérir son ouvrage, enfin traduit en français, pour votre bibliothèque !

D’autant plus que l’oeuvre de bell hooks propose un contenu très riche et documenté sur l’histoire de l’esclavage, la concurrence historique des luttes des femmes et des luttes des Noirs pour l’accès au droit de vote, une approche des mouvements noirs de libération bien plus large que celle des droits civiques (à laquelle ils sont souvent réduits), le tout dans une perspective résolument féministe.

Les références :

Ne suis-je pas une femme ? / bell hooks

Editions Cambourakis, Collection Sorcières, 23 septembre 2015
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Olga Potot
224 pages / 140×205 mm , Prix : 22.50 euros
ISBN : 9782366241624

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