Il est sans doute surtout (seulement ?) connu pour avoir signé la réalisation de Mon nom est Personne. Ce qui est proprement injuste. Car sait-on aussi qu’il fut l’un de ces artisans parmi les plus doués et les plus attachants du cinéma populaire italien. Antonio « Tonino » Valerii est mort le 14 octobre à Rome. Il était né le 20 mai 1934 à Montorio al Vomano dans la province de Teramo dans les Abruzzes.
Après ses études au Centro sperimentale de Rome, il participe à l’écriture d‘un certain nombre de scénarios dont celui de La Crypte du vampire, de Camillo Mastrocinque, et de La Sorcière sanglante, d’Antonio Margheriti, deux petites perles du cinéma gothique transalpin sorties en 1964.
Dimension ludique
La rencontre avec Sergio Leone est décisive. En 1964, il est assistant sur le tournage de Pour une poignée de dollars (dont le succès lancera la vague du western italien) et sur celui de Et pour quelques dollars de plus, en 1965. C’est Leone qui lui met le pied à l’étrier de la réalisation en l’encourageant à tourner son premier film. C’est un western : Lanky, l’homme à la carabine, récit d’un chasseur de primes fortement influencé par les œuvres de son mentor.
Le suivant est un petit chef-d’œuvre du genre. Le Dernier Jour de la colère, en 1967, met en scène un pistolero mûrissant et à sang-froid (Lee Van Cleef) initiant à la maîtrise des armes un jeune homme (Giuliano Gemma), éboueur et vidangeur, humilié par la population d’une petite ville de l’Ouest en raison de sa naissance douteuse. Accompagné par les cuivres et la basse électrique de Riz Ortolani, cet apprentissage ambigu est l’enjeu d’une réflexion sur la fascination pour la force brute et la tentation du nihilisme. Une méditation qui n’exclut pas cette dimension ludique et ce goût pour les dispositifs curieux qui caractérisent le genre dit du « western spaghetti », comme ce duel à cheval et au fusil à un coup particulièrement étonnant.
Le spectaculaire carnavalesque est toujours, dans l’œuvre de Tonino Valerii, au service d’un propos qui se veut sérieux
Le sous-texte politique est présent de façon encore plus évidente dans le film suivant, Texas (1969), avec toujours Giuliano Gemma et l’acteur américain Van Johnson dans le rôle du président des Etats-Unis, victime d’un complot ourdi par un ploutocrate texan incarné par Fernando Rey, un nouveau western qui s’inspire de l’assassinat de Kennedy pour délivrer un message politique limpide. Le style de Tonino Valerii se distingue alors volontiers par le refus de ces trouvailles maniéristes souvent gratuites qui caractérisent de nombreux westerns italiens. Le spectaculaire carnavalesque y est toujours, dans son œuvre, au service d’un propos qui se veut sérieux.
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