Les Serbes de Bosnie ont voté, sans surprise, dimanche 25 septembre, en faveur du maintien de leur propre « fête nationale », dont la date, le 9 janvier, est fortement contestée par les musulmans bosniaques.
Ce référendum s’apparente à un plébiscite pour leader politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, qui avait appelé aux urnes les 1,2 million d’électeurs de la « République du peuple serbe ». Ni un veto constitutionnel ni l’opposition de Washington et de Bruxelles ne l’ont fait changer d’avis. Après le dépouillement d’un tiers des bulletins, 99,80 % des votants se sont prononcés pour le oui.
Milorad Dodik, qui a l’appui de Moscou, leur avait demandé s’ils voulaient commémorer chaque 9 janvier la naissance de la « République du peuple serbe », fondée trois mois avant le début de la guerre qui avait fait 100 000 morts (1992-1995).
« Maintenant nous savons que les citoyens ont confirmé le 9 janvier et nous savons que les citoyens n’ont pas voulu renoncer à cette date », s’est félicité Milorad Dodik lors d’une conférence de presse.
« Violation de l’accord de Dayton »
La date du 9 janvier ne passe pas chez les musulmans. Parmi les fondateurs de cette « République du peuple serbe » figure Radovan Karadzic, théoricien de l’épuration ethnique, condamné à quarante ans de prison pour génocide et crimes contre l’humanité lors de cette guerre.
« Il ne peut pas ne pas y avoir de réaction » après ce référendum tenu en dépit du veto constitutionnel, a réagi dimanche soir Bakir Izetbegovic, le patron des Bosniaques musulmans. « C’est un exemple éclatant de violation de l’accord de Dayton [qui mis fin à la guerre], d’obstruction aux décisions de la Cour constitutionnelle, de violation du code pénal. La seule question qui se pose est de savoir quand cette réaction interviendra et la forme qu’elle prendra », a poursuivi le responsable bosniaque.
Les résultats de ce référendum n’auront aucune conséquence juridique, avait prévenu avant le vote l’Autrichien Valentin Inzko, Haut représentant de la communauté internationale, garant du respect des accords de Dayton.
Selon Bakir Izetbegovic, ce scrutin n’est qu’un « ballon d’essai » avant un référendum d’indépendance que M. Dodik évoque depuis plusieurs années et signifierait un éclatement de ce pays fragile qui serait lourd de menaces. Le parti de M. Dodik a adopté en 2015 un document qui prévoit l’organisation en 2018 d’un tel scrutin.
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