Dépassé par le DVD depuis une quinzaine d’années, définitivement rendu obsolète par le téléchargement (sauvage ou non) et le streaming, le magnétoscope va bientôt mourir.
La compagnie japonaise Funai Electric était la dernière à en fabriquer et à en commercialiser, essentiellement en Chine. Elle vient d’annoncer qu’elle mettra un terme à sa production d’ici la fin de l’été. Les raisons, selon le journal japonais Nikkei, sont celles qu’on imagine : ce n’est plus rentable de fabriquer et vendre des magnétos, car il n’y a pas assez de personnes pour en acheter. Pendant l’âge d’or, Funai Electric écoulait jusqu’à 15 millions d’unités par an, un chiffre tombé à 750 000 en 2015.
L’entreprise avait même créé son propre standard, le CVC, qui n’a jamais pu lutter contre le VHS ou le Betamax (dont la production a été arrêtée par Sony en 2015) malgré sa plus petite taille.
Le prix de la nostalgie
Malgré tout, même à l’âge de Netflix et des torrents, une technologie qu’on pourrait qualifier de préhistorique ne meurt pas du jour au lendemain.
On pense immédiatement à un objet de la même époque, le disque vinyle, enterré et promis au néant à chaque fois qu’une nouvelle avancée technologique changeait la façon d’écouter la musique (K7 -- > CD --- > MP3 --- > streaming). Le vinyle est pourtant plus populaire et rentable aujourd’hui qu’il ne l’a été dans les vingt dernières années.
L’attrait qu’il exerce chez les nouvelles générations, qu’il soit superficiel, nostalgique ou sincèrement musical (une platine n’est pas pratique, mais vaudrait toujours mieux qu’une vidéo YouTube et des écouteurs d’iPhone), a engendré sa renaissance.
Le magnéto aura-t-il une deuxième vie similaire ? Sur la BBC, une analyste livre la vision de l’industrie : très improbable, car « la qualité des VHS » n’est pas comparable « à la chaleur du son que beaucoup de gens apprécient avec les vinyles ».
Les magnétoscopes n’offrent, objectivement, aucun avantage qualitatif, mais l’argument technique, seul, pèse peu face à la nostalgie ou au fétichisme des objets de l’enfance.
Pour les trentenaires de 2016, le magnéto rappellera toujours les samedis matins passés devant la télé à rembobiner les VHS de Disney pour la quinzième fois. Ou quand votre cœur s’est arrêté de battre parce que votre grande sœur a effectué un enregistrement au-dessus de votre film préféré.
Dans cinq, dix ou vingt ans, il y aura toujours quelqu’un prêt à payer le prix fort pour s’entourer de souvenirs. Ce n’est pas hasard si Kodak tente de relancer le Super 8 sous le nom d’« Analogue Renaissance ».
D’ailleurs, ça nous intéresse de savoir ce que tous ces objets – les magnétoscopes, les VHS et même les Betamax ou le Super 8 – vous évoquent. Racontez-nous vos histoires dans l’appel à témoignages ci-dessous.
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