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Forte affluence au référendum sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Le résultat de la consultation locale sur le transfert de l’aéroport nantais vers Notre-Dame-des-Landes sera connu en fin de soirée dimanche 26 juin.

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Publié le 26 juin 2016 à 19h44, modifié le 27 juin 2016 à 10h38

Temps de Lecture 4 min.

Des votants font la queue à Notre-Dame-des-Landes, le 26 juin.

Les électeurs qui doivent se prononcer dimanche 26 juin sur le possible transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique vers Notre-Dame-des-Lande se sont bien mobilisés. Dans le bourg de Notre-Dame-des-Landes (2 138 habitants) le taux de participation dépassait 65 % à 16 heures, un chiffre supérieur aux consultations passées.

Pour le maire Jean-Paul Naud, 57 ans, hostile au nouvel aéroport, la mobilisation est forte et le nombre de procurations très important. Dans le département, seul convoqué pour cette consultation, la victoire du non au transfert est pour le moins incertaine, tous les sondages ayant donné le camp des partisans du transfert gagnant. « Le périmètre a été choisi par le gouvernement pour que le oui l’emporte », constate le maire de Notre-Dame-des-Landes.

Président du bureau de vote no 1, qui jouxte sa mairie (le bourg compte deux bureaux de vote), M. Naud n’en espère pas moins la victoire des opposants. « Mais si le non l’emporte, il ne suffit pas que le gouvernement dise qu’il arrête le projet, il faut qu’il abroge la DUP [déclaration d’utilité publique] de 2008, sinon le prochain gouvernement, le prochain président de la République pourrait relancer l’ensemble du projet. »

La ZAD, paramètre de l’élection

Dans le couloir qui mène au bureau de vote, la file d’attente s’allongeait en fin de matinée. Au Bar des Landes, sur la place du village, lieu toujours animé déclaré « zone neutre » par son patron Eric Villevalois afin d’éviter les confrontations entre pour et contre l’aéroport, à l’heure de l’apéritif, qui démarre tôt dans la matinée, Jacky Lebastard, électricien de profession, fait part de son point de vue :

« Moi, je vote contre le transfert, on n’a pas besoin de ce nouvel aéroport. »

Car les « zadistes », occupants de la zone d’aménagement différée (ZAD), créée en 1974, et devenue « zone à défendre », sont un paramètre important de cette consultation locale, explique le maire.

« En cas d’abandon du projet d’aéroport, certains zadistes partiront, d’autres voudront rester. Il y en a qui n’embêtent personne, qui font des légumes bios. Il faudra juste que les agriculteurs historiques qui veulent récupérer leurs terres le fassent, et que ceux qui veulent exploiter les terrains les achètent ou paient un fermage. »

Les résultats pour l’ensemble du département ne seront connus qu’en fin de soirée, les bureaux de vote restant ouverts jusqu’à 20 heures à Nantes. Mais, pour le bourg de Notre-Dame-des-Landes, le maire a d’ores et déjà annoncé 73,6 % de votes contre le projet.

A Nantes, Jean-Marc Ayrault, et sa femme Brigitte, participent au référendum, dimanche 26 juin.

« De la lassitude »

A une trentaine de kilomètres de là, à Bouguenais – l’une des deux communes qui accueillent le site de Nantes-Atlantique, l’aéroport destiné à déménager –, la participation a aussi été forte. A midi, elle était de 26 %, soit plus que les dernières élections régionales et départementales. Pour Michèle Gressus, maire de cette petite ville de 19 164 habitants, « c’est la preuve d’une bonne mobilisation, même s’il y a de la lassitude ». De fait, le dossier est ancien, plus de cinquante ans de palabres, de mise en sommeil et de confrontations parfois dures dans le bocage nantais.

Hostile au projet de nouvel aéroport, la maire, 62 ans, à la tête d’une majorité municipale Parti socialiste, Parti communistes français et écologistes, a changé d’avis après être arrivée à la tête de la ville. « Il faut pouvoir développer les activités, et je n’ai plus de terrain disponible, sauf dézoner des terres agricoles, explique Mme Gressus. Si le transfert ne se fait pas, il n’y a pas de plan B. Le nouveau plan d’exposition au bruit va considérablement handicaper cette ville et la commune voisine de Saint-Aignan. »

Pour Mme Gressus, les problèmes avancés par les opposants au transfert, dont Françoise Verchère, ancienne maire de Bouguenais, n’en sont pas. Le franchissement de la Loire rendu compliqué par l’existence d’un seul pont souvent saturé ? La destruction de terres agricoles ? Face à ces arguments, Mme Gressus préfère rappeler la saturation future de l’actuel aéroport, ou la création d’emplois qu’entraînera le déménagement. Surtout, l’élue socialiste critique les non-choix du gouvernement. « Je ne comprends rien à cette façon de ne rien décider, jamais. On a annoncé trois fois le démarrage des travaux, ce dossier a été traité mollement, ça nous pourrit la vie », proteste-t-elle.

Un dossier traité « mollement »

Dans les rues de sa petite ville, dimanche, avant pour certains d’aller voter dans l’un des quinze bureaux, les habitants font leurs courses dans les commerces qui entourent la place de l’Eglise. Bruno Foucault et son épouse Régine, 51 et 55 ans, viennent d’aller voter. « Oui », car, disent-ils d’une seule voix, « il y en a ras le bol des zadistes, de cette zone de non droit ». Même s’ils habitent loin de Notre-Dame-des-Landes, le restaurateur et la fonctionnaire estiment que les occupants doivent partir. Mais, quand on leur parle de la nécessité pour Nantes-Atlantique de déménager, des nuisances sonores actuelles, Bruno et Régine affirment que « l’aéroport ne gêne pas ».

Mathis, apprenti à la Boucherie de fins gourmets, est lui résolument contre le nouvel aéroport. « On dit que le transfert va créer de l’emploi, c’est complètement faux », dit le jeune homme, qui avance aussi ses convictions écologistes. Son collègue, Christophe, votera plutôt « oui », pour des raisons inverses, « pour l’emploi et le développement économique ».

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Ici, comme dans les autres communes de Loire-Atlantique, les arguments s’échangent et se renvoient d’un camp à l’autre, sans que jamais une vérité semble émerger. Et beaucoup pensent que les choses sont jouées, consultation ou pas. « Je suis sceptique, j’ai du mal à croire que si la population vote non le projet va s’arrêter », résume Catherine Lecouvey, à la tête de la Boulangerie Lesout, sur la place de l’Eglise. Sollicitée en ce dimanche matin par la clientèle habituelle d’un dimanche matin, Catherine ne sait pas ce qu’elle votera. « J’ai du mal à me décider, l’aéroport est juste à côté aujourd’hui et c’est bien pratique, et pourquoi aller en construire un nouveau si celui-ci reste ouvert ? » En fin de soirée dimanche, on saura comment la population de Loire-Atlantique a répondu à la question.

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