Le bac 2016 n’est pas terminé pour tout le monde. Une partie des élèves de première passent, dans les prochains jours, l’oral de français dans le cadre des épreuves anticipées. Pour ceux d’entre vous qui sont concernés, nous republions ces conseils de Nicolas Morvan, professeur de français au lycée Albert Camus de Bois-Colombes (Hauts de Seine) . Ce fan de Chateaubriand, de Xavier Grall et d’Albert Memmi insiste auprès de ses élèves sur deux aspects : connaître ses textes et analyser correctement la question de l’examinateur.
Ce qu’il faut savoir. L’examinateur va choisir un texte dans un descriptif qui en contient une vingtaine, et ont été travaillés au fil de l’année de 1ère. Il va poser une question qui peut être en lien avec l’objet d’étude ou la problématique mentionnés par le professeur sur la liste. Cette question «n’est pas un piège, mais oriente le travail de préparation de 30 minutes », rappelle Nicolas Morvan. « Elle est là pour éviter la récitation du cours que l’élève a entendu auquel l’élève a participé dans l’année sur ce texte. Il ne faut pas oublier que l’épreuve de français du baccalauréat évalue un travail fourni, mais aussi une capacité d’analyse et de réflexion sur un texte, un genre littéraire, un moment de l’histoire littéraire ; une aptitude à faire des liens avec d’autres courants que celui dans lequel le texte s’inscrit », rappelle l’enseignant, « il doit montrer une sensibilité littéraire ».
Ne pas rater sa lecture. L’épreuve se répartit en 30 minutes de préparation, 10 minutes de réponse à la question et 10 minutes de discussion d’entretien. Durant les dix premières minutes, il faut introduire le texte et passer ensuite à sa lecture. «C’est un moment crucial. Tout ne se joue pas là, mais une bonne lecture, fluide et expressive, peut déjà montrer que tu le candidat a travaillé ce que l’examinateur veut vérifier. Il faut être très attentif au rythme du texte, aux liaisons, au respect de la métrique (un alexandrin n’est pas un décasyllabe !) et vraiment montrer là qu’on en a une connaissance intime » rappelle Nicolas Morvan. « Il faut s’être beaucoup entraîné avant à lire à haute voix, presque connaître ses textes courts par cœur, tellement on les a répétés », ajoute-il. «Rien n’empêche durant les 30 minutes de préparation de passer au fluo les passage à bien accentuer… mais une bonne lecture ne s’improvise pas dans les 30 minutes de préparation », rappelle le professeur. Une fois ce moment passé, reste à répondre à la question dans les 8 minutes de la première partie de l’épreuve qui restent.
Bien répondre à la question. « Pendant la préparation, je vois trop d’élèves qui se lancent tout de suite dans la récitation, par écrit, de leur cours sans avoir analysé la question posée. Il faut la décortiquer, trouver une problématique, bien en creuser les termes et proposer un plan pertinent », rappelle l’enseignant. « Imaginez qu’on vous demande à propos d’un texte théâtral de Musset s’il relève de la comédie ou de la tragédie, vous allez devoir analyser le texte en fonction de cette question. Faire des allers-retours permanents entre ces lignes et vos connaissances, montrer que vous avez une réflexion personnelle et structurée », ajoute-t-il. « Sur un texte de Montaigne, et une question sur l’humanisme, il va falloir creuser le concept d’humanisme sans pour autant réciter le cours ». Il faut toujours avoir en tête que « l’examinateur n’est pas là pour piéger, mais avoir assez travaillé pour n’être pas complètement surpris par aucune question » !
La discussion intelligente. « La conversation qui suit va élargir le sujet traité dans les dix premières minutes. Le professeur va vérifier que l’élève a lu autre chose que les textes ayant fait l’objet d’une lecture analytique en classe. Il faut ainsi avoir travaillé ses lectures complémentaires ! Celui qui a répondu en première partie sur l’humanisme, peut s’entendre demander s’il connaît d’autres grands mouvements littéraire, d’autres auteurs ayant par exemple traité de la question de l’ethnocentrisme », explique le professeur. Le but est là encore d’éviter la récitation et de montrer qu’on fait du lien, qu’on a aimé des textes, des auteurs et qu’on est capable de dire pourquoi. « L’épreuve cherche aussi à vérifier que le lycéen sait parler et argumenter avec précision. Toutes les interventions qu’il a pu faire dans l’année en cours l’aident à se préparer à ce moment », rappelle M. Morvan.
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Pour être excellent. « L’élève doit chercher à intéresser son examinateur. Il lui parle, le regarde avec conviction, se détache de ses notes sans oublier jamais de se référer à son texte. Dans l’entretien, il est capable de convoquer ses connaissances culturelles – cinématographiques, artistiques, musicales… - pour les mettre en relation avec le texte étudié, et les lectures complémentaires effectuées. Il a une expression simple et directe et sait montrer sa sensibilité littéraire grâce à des va et viens constants entre le texte et son argumentaire », explique Nicolas Morvan, pour qui il faut aussi montrer une certaine autonomie qui évite au professeur de devoir relancer une question toutes les trois minutes à chaque instant.
[cet article est une réédition d’un article publié à l’occasion du bac 2014]
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