La guerre des quotas radiophoniques est-elle finie ?

C'en est fini d'entendre en boucle Louane et Maître Gims. Députés et sénateurs se sont mis d'accord, mercredi 15 juin, pour modifier le texte sur les quotas de chansons francophones et ouvrir à la diversité.

Par Aude Dassonville

Publié le 16 juin 2016 à 16h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h47

Aux dernières nouvelles en provenance du Parlement, les députés et les sénateurs ont réussi à trouver un accord sur l'épineuse question des quotas de chansons francophones diffusées à la radio, mercredi soir. Réunis en commission paritaire, ils se sont entendus pour reprendre un amendement proposé par le gouvernement… que le sénat avait rejeté en deuxième lecture en mai. Aller et venir, faire et défaire, c'est toujours du temps de gagné. Le sujet aura mobilisé les radios musicales privées et l'industrie musicale toute la saison.

Lobby contre lobby

Tout est parti d'un amendement glissé, l'été dernier, dans le projet de loi « Liberté de la création, architecture et patrimoine ». Destiné à empêcher les radios de matraquer les dix mêmes titres pour atteindre le quota obligatoire de diffusion de 40 % de chansons en français, il a levé un vent de fronde dans les station mucicales. Depuis, c'est lobby contre lobby. Du côté des ondes, on crie à une manœuvre « liberticide », dans un monde où la découverte des nouveautés musicales ne passe plus exclusivement par la radio ; de l'autre, on soutient un système qui « représente une protection de l'auditeur contre une forme d'asphyxie culturelle », a expliqué le directeur de la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique), Jean-Noël Tronc, dimanche dans le JDD. Avec lui, 1 800 artistes français ont lancé un appel : « Sans les quotas, nous n'aurions pas depuis plus de vingt ans une telle richesse de la chanson, écrivent Aznavour, Goldman et consorts, la musique électronique, le rap, le rock, le slam, la pop ou les musiques d'expression régionale et les artistes d'expression francophone n'auraient pas connu de tels succès à l'international ».

Les retouches apportées au texte (qui date de 1994) devraient les satisfaire. Si le compromis trouvé mercredi est validé par un vote en séance, les dix titres francophones que les stations diffusent jusqu'à la nausée ne seront plus pris en compte dans le quota de 40 %, dès lors qu'ils représentent plus de la moitié de ce quota ; les stations seront donc obligées de diversifier leurs choix pour atteindre l'objectif fixé par la loi… Ce dispositif pourra cependant être assoupli pour celles qui proposeraient d'elles-mêmes au moins 45 % de nouveautés et s'engageraient à ne pas envoyer les derniers tubes de Louane ou Marina Kaye plus de cinq fois par jour. Chiche ?

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