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Parlement européen : les amnésies d'Aymeric Chauprade

Russie, FN, islam… Pour trouver une nouvelle famille politique, l'eurodéputé ex-FN ne recule pas devant les petits reniements.
par Dominique Albertini
publié le 26 mai 2016 à 10h57

Impliqué dans la rocambolesque affaire «Air Cocaïne», l'eurodéputé Aymeric Chauprade avait quitté le Front national avec fracas en novembre 2015. Depuis, celui qui fut conseiller diplomatique de Marine Le Pen se cherche une nouvelle famille politique. Selon nos informations, l'homme serait en contact avec le groupe des Conservateurs et réformistes européens (European Conservatives and Reformists group, ECR). Avec ses 73 membres, ce groupe est le troisième plus important au Parlement européen. «Eurosceptique», il comprend notamment le parti conservateur britannique et le mouvement polonais Droit et Justice, au pouvoir dans leur pays respectif.

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Voilà plusieurs mois qu'Aymeric Chauprade discute avec certains représentants de l'ECR, dont il pourrait être le premier membre français. Mais il y a un hic : ce groupe se montre aussi très critique envers la Russie poutinienne, dont il dénonce régulièrement l'«impérialisme» et la «propagande». Tout le contraire du Front national et de son ancien eurodéputé : qualifiant la Russie d'«espoir du monde», le frontiste Chauprade multipliait les déplacements sur place et soutenait, en 2014, l'annexion de la Crimée par Moscou.

Qu'à cela ne tienne. Pour favoriser son rapprochement avec l'ECR, le géopolitogue s'efforce désormais d'effacer les traces de cet engagement. Depuis son départ du FN, l'homme a mis en sourdine ses plaidoyers prorusses, remplacés par des déclarations de soutien au pouvoir polonais. Lorsqu'est débattue à Strasbourg une résolution sur les atteintes aux droits de l'homme en Crimée, l'élu ne prend pas part au vote. Il s'est enfin séparé de deux assistants très proches de la Russie, l'un par ses réseaux personnels, l'autre par sa nationalité. Curiosité supplémentaire : la disparition, sur le site officiel de M. Chauprade, de plusieurs articles relatifs à la Russie, mais aussi à l'«islamisation» de la France ou à l'actualité du Front national.

Désormais à la tête de son propre (et fantomatique) mouvement, «les Français libres», Aymeric Chauprade ne manque plus une occasion de fustiger Marine Le Pen et son «projet économique d'essence marxiste». Pour mieux se vendre à la droite française, l'eurodéputé fait même miroiter un grand déballage sur son ancienne formation : «Je suis l'arme anti-FN pour la droite, a-t-il récemment déclaré au Monde. Je sais tout sur ce parti.» Cadre politique cherche port d'accueil, s'adresser au Parlement européen.

(Contacté par Libération, Aymeric Chauprade n'a pas donné suite à nos demandes)

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