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80 000 personnes manifestent en Pologne contre le gouvernement

Un des principaux mots d’ordre de la mobilisation était la solidarité avec Lech Walesa.

Par  (Varsovie, correspondance)

Publié le 28 février 2016 à 00h58, modifié le 28 février 2016 à 07h37

Temps de Lecture 3 min.

Samedi 27 février, 80 000 personnes ont manifesté à Varsovie (Pologne), en soutien à Lech Walesa.

Cent jours après l’arrivée au pouvoir des ultraconservateurs du PiS (Droit et Justice) la mobilisation contre le gouvernement ne faiblit pas en Pologne. Samedi, près de 80 000 personnes venues de tout le pays ont manifesté dans les rues de Varsovie, menées par le Comité de défense de la démocratie (KOD), association citoyenne fondée dans l’élan de l’opposition à la politique du gouvernement. Un des principaux mots d’ordre de la mobilisation était la solidarité avec Lech Walesa attaqué par les milieux conservateurs depuis que l’Institut la mémoire nationale (IPN) a dévoilé, le 22 février, les dossiers concernant sa collaboration présumée avec la police politique communiste. « Lech Walesa : notre héros ! » a scandé à de nombreuses reprises la foule, brandissant des posters et des masques à l’effigie de l’ancien président et leader historique du syndicat Solidarnosc.

« Quand le pouvoir détruit l’Etat de droit, nous les citoyens, pouvons le réparer, a lancé le leader du KOD, Mateusz Kijowski. Nous exigeons avant tout le respect de la constitution. » Pendant le déroulement de la manifestation, le quotidien Gazeta Wyborcza a dévoilé le projet d’opinion de la Commission de Venise, organe consultatif du Conseil de l’Europe, qui a pris l’initiative d’évaluer le conflit autour du Tribunal constitutionnel en Pologne. Cet avis, qui sera rendu public le 12 mars, semble à première vue accablant pour le gouvernement. La Commission de Venise appelle notamment « tous les organes de l’Etat à respecter et à appliquer pleinement les arrêts du Tribunal constitutionnel » et en particulier le Parlement « au retrait des résolutions adoptées qui sont contraires aux décisions du Tribunal ». La chef du gouvernement, Beata Szydlo, a immédiatement fait part de son scepticisme. « Le fait que ce projet ait fuité dans les médias montre les véritables intentions de ceux qui veulent alimenter les mauvaises émotions », a-t-elle commenté.

« J’ai arrêté de regarder la télévision »

« Nous le peuple » : tel était le slogan de la manifestation, placée sous le signe de l’unité des différentes tendances de l’opposition. « Depuis la transition démocratique, personne n’a autant réussi à diviser le pays que Jaroslaw Kaczynski, affirme Seweryn, cadre commercial de trente-cinq ans. La société polonaise est devenue profondément clivée et ce gouvernement passe son temps à opposer les uns aux autres. » Pour lui « le problème du PiS, c’est qu’aucun compromis politique n’est possible. C’est un parti qui pense avoir le monopole de la vérité et pour qui la fin justifie les moyens ».

« La démocratie, ce n’est pas la dictature de la majorité », ajoute Andrzej. Ce graphiste de soixante-cinq ans ne doute pas du fait que « le gouvernement du PiS laissera des traces négatives durables. La manière dont le pouvoir s’accapare tous les postes clés, liquide les concours pour la haute fonction publique pour y placer ses hommes, est inacceptable. » Il n’épargne pas non plus la loi controversée sur les médias publics. « J’ai arrêté de regarder la télévision, je n’écoute plus la radio publique. L’atmosphère dans le pays recommence à sentir le communisme. » Dans la bouche des manifestants, les références au communisme et à la lutte au sein du syndicat Solidarnosc sont récurrentes. La plupart des mobilisés ont grandi dans la « République Populaire de Pologne » et les moins de vingt-cinq ans, comme dans toutes les manifestations du KOD, sont cruellement sous-représentés.

« Nous avons toujours combattu pour la démocratie », soutient Lucyna. Cette chanteuse de soixante ans a eu l’opportunité de voyager à l’époque communiste. « A cette époque, j’avais honte de mon pays. Nous avions en permanence un complexe d’infériorité. Vingt-cinq ans après, je suis devenue fière de la Pologne, et c’est en grande partie grâce à Lech Walesa. On n’a pas le droit de nous reprendre cette fierté. J’ai peur qu’avec le PiS, nous fassions un bond en arrière. » Pour elle, « l’affaire autour de Lech Walesa laisse un goût amer. Tout le monde commet des erreurs. Lui a largement racheté les siennes, et pour nous il restera avant tout un héros ».

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Parmi les manifestants, nombreux sont les entrepreneurs inquiets pour la situation économique du pays. « Nos enfants vont devoir payer longtemps les promesses populistes du gouvernement, affirme Karol, trente ans, chef d’entreprise dans le BTP. Leur programme dépensier fera que, dans deux ans, la Pologne finira comme la Grèce. Les finances publiques seront dilapidées. » « Nous en avons marre de cette division du pays, des discours de haine et du manque de tolérance », ajoute-t-il. Selon lui, « la Pologne est un pays profondément européen, et le PiS, ce n’est pas la Pologne ». Un sentiment largement partagé par les manifestants, à en juger par le nombre de drapeaux européens fièrement exhibés aux côtes des couleurs polonaises.

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