SOCIETEPourquoi la réputation d’alcooliques colle à la peau des Bretons

Pourquoi la réputation d’alcooliques colle à la peau des Bretons

SOCIETEL’exposition «Boire» s’ouvre vendredi au musée de Bretagne à Rennes…
Tableau pédagogique sur les dangers de l'alcool à la fin du 19e siècle.
Tableau pédagogique sur les dangers de l'alcool à la fin du 19e siècle. - Collection du musée de Bretagne.
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

Les clichés ont parfois la vie dure. Si la Bretagne affiche par exemple l’un des plus faibles taux de consommateurs réguliers de vin en France, selon la dernière étude de France Agrimer, l’étiquette de pochtrons colle inlassablement aux basques des Bretons.

Une réputation qui s’est forgée au XIXe siècle, comme l’illustre l’exposition « Boire » qui s’ouvre ce vendredi au Musée de Bretagne à Rennes.

« #ExpoBoire au @museedebretagne De belles collections d’ici et d’ailleurs à découvrir #leschampslibres pic.twitter.com/YYBbNqV1gZ — Fabienne Martin-Adam (@FabMartinAdam) 15 Octobre 2015 »

« Le terme d’alcoolisme a été créé au milieu du XIXe siècle par un médecin suédois. A cette époque, on associait l’alcoolisme à l’ivrognerie. Et les habitants de la Basse-Bretagne avaient tendance à s’enivrer. Ils ne buvaient quasiment pas de la semaine mais se mettaient dans des états d’ivresse de manière périodique avec des alcools forts. Un peu comme le phénomène actuel du binge drinking », souligne le chercheur Thierry Fillaut, auteur d’une thèse sur les Bretons et l’alcool, qui a participé à la conception de l’exposition.

Le rite de la cuite pour les enfants

Et l’ivresse n’est à cette époque pas l’apanage des hommes mais concerne également les femmes et les enfants. Des documents datant du XIXe siècle présentés dans l’exposition montrent ainsi que la première cuite était un passage obligé chez les jeunes Bretons, une sorte de rite initiatique.

Au XXe siècle, la consommation d’alcool se développe alors un peu partout en France, et notamment en Bretagne. Dans les années 1950, la Bretagne est ainsi la région où le taux de mortalité par alcoolisme est le plus fort en France. « On fabriquait alors beaucoup d’alcools comme l’eau-de-vie ou le cidre dans la région et toute la production était bue sur place », indique Thierry Fillaut.

Au fil des années, la tradition d’ivresse va se perpétuer dans la région, même si les Bretons, jeunes ou moins jeunes, ne sont pas les plus gros buveurs de France. « Cela peut s’expliquer par ce fonds culturel et par la perception que les Bretons ont de l’ivresse. On a un peu le même rapport que les Anglo-Saxons, à savoir que l’alcool est indissociable de la fête », assure le chercheur. Pour en savoir plus sur ce phénomène, l’exposition « Boire » est visible jusqu’au 30 avril. A savourer sans modération.

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