A quand un chômeur ministre du Travail ?

Monsieur le Président de la République,

A entendre les commentateurs politiques, vous êtes confronté à un vrai casse-tête pour désigner le successeur de François Rebsamen. Personne ne souhaite le poste de ministre du Travail ? Pourtant, vous êtes face à 5,7 millions de chômeurs (1) qui ne demandent, pour la plupart, qu'à travailler en étant parfois aussi compétents - je n'ose pas dire plus - que certains de vos ministres !

Pour employer un terme cher à nos spécialistes des ressources humaines en France, je pense que vous vous heurtez à un « problème de définition de profil ». Puis-je, à mon très modeste niveau, me permettre de vous aider à innover quelque peu ? Compte tenu des résultats en matière d'emploi de votre politique économique actuelle et de votre crédibilité au plus bas aux yeux des Français (dixit les sondages), vous avez tout à gagner à faire preuve d'audace.

Je vous propose de choisir, comme ministre du Travail, un chômeur ou un ex-bénéficiaire des services de Pôle emploi, naturellement compétent de par son expérience professionnelle antérieure dans le secteur privé. Et si vous alliez jusqu'à désigner une « personne active sans emploi depuis plus de un 1 de catégorie A » (formulation possible de notre administration du travail) issue plus particulièrement du secteur de la finance ? Ce pragmatisme, révolutionnaire dans l'approche, vous permettrait à vous, l'apôtre du dialogue social, d'avoir un interlocuteur :

- ayant une bonne connaissance « utilisateur » de Pôle emploi, connaissance indispensable tant pour éviter un certain nombre de « couacs » avec un public de 5,7 millions d'électeurs que pour prendre des mesures réellement novatrices et efficaces;

- à l'aise avec le monde de la finance que vous avez tant dénigré à vos débuts, au risque de voir ses représentants s'expatrier au-delà de nos frontières et commettre des erreurs préjudiciables à la croissance française : non seulement ce secteur d'activité est nécessaire au bon fonctionnement de nos entreprises, mais il représente - faut-il le rappeler - plus de 1,2 million d'emplois directs et indirects dans l'Hexagone (2).

- accepté par les partenaires sociaux, représentants tant du patronat que du personnel, puisque ayant exercé des responsabilités au sein d'une entreprise avant de connaître les affres du chômage.

Malheureusement, monsieur Hollande, je n'attends pas de vous ce courage. C'est bien dommage. En lisant cet article, vos défenseurs penseront que ce projet de recrutement du ministre du Travail est totalement irréaliste. Pourtant, je suis sérieuse. Je tiens à votre disposition des CV de candidats potentiels ayant des pistes d'action à vous conseiller.

Le monde a changé. Ce n'est pas avec vos « vieux amis », peut-être humainement sympathiques d'ailleurs, vos « vieilles recettes », que vous allez redresser le pays. Innovez en matière d'emploi, monsieur Hollande. Trop de Français sont en souffrance. Il vous faut montrer l'exemple, c'est votre rôle. Notre culture en matière de législation du travail, de recrutement, de formation et plus généralement de ressources humaines se doit d'évoluer. Si vous ne mettiez pas tout en oeuvre pour impulser et conduire ce mouvement, vous le président élu de tous les Français, seriez-vous digne du mandat qui vous a été confié ?