AboMartine Brunschwig Graf rend hommage à Rolf Bloch
L'ancien directeur de la Fédération suisse des communautés israélites avait été le médiateur des fonds en déshérence.

«Rolf Bloch était la figure de l'homme bon. Il était profondément attaché à la Suisse et au judaïsme. C'est ce qui lui a permis de jouer le rôle qu'il a joué: il avait une crédibilité importante, pas seulement liée à ses fonctions, mais surtout à sa façon d'être et de vivre.» Martine Brunschwig Graf, présidente de la Commission fédérale contre le racisme, rend hommage à l'ancien directeur de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI). Le Bernois, qui a marqué la Suisse pour son rôle dans l'affaire des fonds en déshérence, est décédé à l'âge de 84 ans.
En pleine tourmente
«Né en Suisse, j'ai échappé aux persécutions, expliquait Rolf Bloch en 2006 dans La Liberté . J'en ai gardé une gêne, et c'est un devoir de m'engager pour compenser cette chance.» A côté de ses activités professionnelles à la tête de l'entreprise de chocolats familiale (lire ci-contre), il dirige durant dix ans la Communauté juive de Berne. De 1992 à 2000, il assure ensuite la présidence de la FSCI.
L'affaire des fonds en déshérence éclate en 1995. Les attaques fusent et Rolf Bloch se retrouve dans la tourmente. D'un côté, il estime que les banques doivent restituer les fonds et la Suisse faire la lumière sur son attitude durant la Seconde Guerre mondiale. De l'autre, il ne manque pas de critiquer l'attitude de certains avocats, politiciens et organisations juives aux Etats-Unis. «J'avais l'avantage d'avoir la double sensibilité juive et suisse. Aux Etats-Unis, j'ai demandé la justice pour le peuple juif et du fair-play envers la Suisse», racontera-t-il par la suite.
«Ferme et ouvert»
Attaché tant à son pays qu'à sa religion, Rolf Bloch devient de fait un médiateur. Avant la signature de l'accord global, en août 1998, le président de la FSCI multiplie les contacts avec toutes les parties. «Il fallait chercher des solutions et il a joué un rôle clé, se souvient Sabine Simkhovitch-Dreyfus, vice-présidente de la FSCI. Il avait à cœur de faire bouger les choses en Suisse sans que cela se fasse de façon trop excessive. Il réunissait à la fois une certaine fermeté, une force dans l'action et un esprit d'ouverture et de conciliation.»
Dès 1997, Rolf Bloch préside aussi le comité qui est chargé de distribuer le fonds en faveur des victimes de l'Holocauste. Constitué par la Confédération, celui-ci compte au total 273 millions de francs versés par les banques et l'industrie. Rolf Bloch parcourt alors le monde pour remettre cet argent aux bénéficiaires. Il dira ensuite avoir vécu «le moment le plus fort à la tête de la fédération».
Thomas Lyssy, qui était à l'époque vice-président de la FSCI, en est aujourd'hui certain: «Par sa façon de faire, Rolf Bloch a limité les dégâts pour la Suisse à l'époque des fonds en déshérence.» Dans notre pays, il a aussi fait barrage face au risque d'une montée de l'antisémitisme. «Il a su être là, avec d'autres, pour dire que nous étions juifs et Suisses, poursuit Thomas Lyssy. Pour nous, il était un repère, une personne qui essayait de toujours garder son calme.»
Et Martine Brunschwig Graf de conclure: «Il a toujours été loyal avec la Suisse et avec son appartenance juive. Il était très Suisse dans cette volonté de vivre ensemble dans la diversité. Quand on voit les débats actuels sur les religions, on comprend à quel point être citoyen suisse, c'est intégrer tout ce que l'on est.»
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