POLEMIQUEMichel Sapin renvoie dans ses cordes le ministre allemand des Finances

Michel Sapin renvoie dans ses cordes le ministre allemand des Finances

POLEMIQUEPour Wolfgang Schäuble, «la France serait contente que quelqu'un (la) force» à réformer...
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble le 27 février 2015 au Bundestage à Berlin
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble le 27 février 2015 au Bundestage à Berlin - Odd Andersen AFP
Mathieu Bruckmüller

M.B.

Il est connu pour ne pas être un adepte de la langue de bois et ses propos font de nouveau polémique. Jeudi, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, a assuré lors d'un débat à Washington que «la France serait contente que quelqu'un force le Parlement, mais c'est difficile, c'est la démocratie», après avoir évoqué les réformes selon lui «très réussies» menées en Espagne sous la supervision de la troïka.

Sapin et Macron «ont de longues histoires à raconter»

La troïka, terme tombé en disgrâce en raison du rejet par les Grecs de cette organisation, désigne un groupe de hauts fonctionnaires de la Banque centrale européenne, du Fonds monétaire international, et de l'Union européenne, qui contrôle la mise en œuvre de réformes dans les pays européens bénéficiant d'une aide internationale.

«Si vous en parlez avec mes amis français, que ce soit (le ministre des Finances) Michel Sapin ou (de l'Economie) Emmanuel Macron, ils ont de longues histoires à raconter sur la difficulté à convaincre l'opinion publique et le Parlement de la nécessité de réformes du marché du travail», avait dit auparavant ce chantre de la discipline budgétaire.

«La France déteste qu'on la force»

Une sortie qui n'est pas passée inaperçue en France. Michel Sapin a répondu vendredi à son homologue en lui disant que «la France déteste qu'on la force». «Le vocabulaire de la punition, de la sanction, de la contrainte, c'est ce qui fait détester l'Europe», a encore déclaré le ministre français. «Connaissant bien Wolfgang Schäuble, c'était plutôt une forme d'encouragement», a conclu Michel Sapin sur le ton de la plaisanterie.

Dans la matinée, sur Twitter, le Premier secrétaire du parti socialiste accuse le ministre des Finances allemand de «francophobie».

« La francophobie de Wolfgang #Schäuble est insupportable inacceptable et contre-productive. — Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) April 17, 2015 »



Même son de cloche chez le secrétaire national du Parti de gauche:

« Maul zu Herr Schäuble ! Le mépris autoritaire de la droite allemande contre le peuple français doit cesser ! http://t.co/coAcmx5yuP — Corbiere Alexis (@alexiscorbiere) April 17, 2015 »

Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012, a de son côté estimé que Wolfgang Schäuble devait «présenter des excuses au peuple français». Ses propos «illustrent la nouvelle arrogance allemande à l'heure où elle domine l'Europe qu'elle met en coupe réglée » selon lui qui qualifie le ministre allemand d'«odieux personnage, responsable de douze millions de pauvres en Allemagne, d'une économie minée par le vieillissement d'une population sans appétit d'avenir, le recul de l'espérance de vie et le délabrement général des équipements publics». Sur Twitter, il en a rajouté une couche.

« #Schäuble est un Bismarck d'opérette. #Merkel devrait lui offrir un cerveau avec une mémoire de l'Histoire. — Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 17, 2015 »



Vice-président du Front national, Florian Philippot a jugé de son côté que les déclarations de Wolfgang Schäuble «compromettent gravement l'honneur de notre pays». Pour le FN, le gouvernement «doit immédiatement convoquer l'ambassadeur d'Allemagne à Paris et exiger des excuses officielles de Mme Merkel en personne, devant ce qui apparaît comme un acte intolérable d'hostilité».



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