20 Minutes : Actualités et infos en direct
INTERVIEWEmmanuelle Cosse: «Je n’accepte pas la politique politicienne» sur la mort de Rémi Fraisse

Emmanuelle Cosse: «Je n’accepte pas la politique politicienne» sur la mort de Rémi Fraisse

INTERVIEWDans un entretien à «20 Minutes», la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts dénonce l'attitude du gouvernement et réclame l'arrêt définitif du projet...
Emmanuelle Cosse, le 21 août 2014 à Pessac (Gironde).
Emmanuelle Cosse, le 21 août 2014 à Pessac (Gironde). - JEAN-PIERRE MULLER / AFP
Maud Pierron

Propos recueillis par Maud Pierron

Dans la nuit de samedi à dimanche, un jeune homme est mort au cours d'affrontements avec des policiers. Très vite, des responsables d'EELV sont montés au créneau tandis que du côté du gouvernement, les premiers mots ont été au soutien des gendarmes. L'enquête a montré mardi que ses vêtements portaient des traces de TNT utilisée dans les grenades offensives des gendarmes. En attendant les conclusions de l'enquête judiciaire ouverte à Toulouse, le projet est suspendu, tout comme l'utilisation de grenades offensives. Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie- Les Verts évoque pour 20 Minutes ce drame et critique la gestion du gouvernement.

Les mots échangés entre écologistes et socialistes ont été très durs autour de la mort de Rémi Fraisse…

J’assume toutes mes paroles. Et nous, les écologistes, nous n’avons pas attaqué le gouvernement, nous avons juste demandé de prendre en compte la gravité de la situation, qu’un jeune de 21 ans est mort au cours d’une manifestation, et que c’est un drame, quelles que soient les circonstances. Nous avons aussir réclamé une enquête rapide. Mais dimanche, on n’a eu aucune réaction politique si ce n’est des écologistes. Lundi, on n'a eu aucune réaction politique si ce n’est des écologistes. Il a fallu attendre mardi pour que François Hollande réagisse et que les choses soient remises à l’endroit, que l'on dise que le profil de Rémi était celui d’un botaniste, plutôt d’un pacifiste et non d'un violent.

Le gouvernement a manqué de compassion?

Les termes prononcés mardi étaient nécessaires et bienvenus mais ils sont arrivés très tardivement. Pourquoi dès dimanche personne ne dit rien sur la mort d’un jeune de 21 ans alors que lorsque des agriculteurs mettent le feu au centre des impôts à Morlaix, le gouvernement réagit-il tout de suite?

Avez-vous craint que le gouvernement étouffe l’affaire?

C’est toujours la crainte que j’ai lorsqu’il y a des affrontements entre des jeunes et des forces de l’ordre. J’ai travaillé sur plusieurs affaires de bavures dont celle de Clichy. J’ai eu des craintes quand j’ai entendu qu’on commençait à dépeindre Rémi comme un dangereux activiste alors qu’on savait, car son père est un compagnon de route, que ce n’était pas du tout son profil. Or, ça commence toujours comme ça, on décrédibilise les personnes pour maquiller le fait qu’elles soient mortes. Rémi, c’était un jeune botaniste, qui est venu avec sa petite copine en week-end dans le Tarn pour manifester et qui n’est jamais rentré de week-end.

Un point de non-retour a-t-il été atteint entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts ?

Objectivement, je ne sais pas si cela va affecter les deux partis. Le débat était entre les écologistes et le gouvernement, c’est tout. Mais je n’accepte pas la politique politicienne sur ce drame.

On vous accuse, Bernard Cazeneuve en tête, de récupération politique...

Je récuse ces accusations, elles sont vraiment très mal placées. J’appelle tous les responsables socialistes et de l’opposition à la retenue. A EELV, on suit ce dossier depuis années, on est mobilisé depuis des années. Encore une fois, on n'a attaqué personne, on a demandé qu’on remette les choses à l’endroit. La réalité, c’est qu’on ne sait pas si c’est une bavure ou pas. J’attends sereinement les résultats de l’enquête, qui doit être exemplaire, rapide et transparente.

Réclamez-vous, comme Noël Mamère, la démission de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur?

Ce n’est pas la question. Je me refuse de faire ce que beaucoup aimeraient qu’on fasse: tomber dans une gestion politicienne de ce drame. Je me garde de jugements hâtifs sur des questions de personne.

Ségolène Royal organise la semaine prochaine pour trouver une solution

Ce n’est pas la peine de faire des réunions, la solution, au-delà de la suspension, c’est que le projet s’arrête définitivement. On avait demandé à Ségolène Royal une expertise indépendante et un moratoire, on n’a eu que l’expertise indépendante mais celle-ci est très importante, car elle dit bien que le projet est surdimensionné et que son financement est fragile. Le rapport dit aussi qu’aucune solution alternative n’a été étudiée. Il coûte 8 millions d’euros pour 30 exploitations…

Que vous inspirent les propos du président de la FNSEA qui évoque des «djihadistes verts» pour parler des opposants au barrage….

C’est outrancier, scandaleux et caricatural. La FNSEA ferait mieux d’avoir une vision moins partiale de l’agriculture, les agriculteurs s’en porteraient mieux.

Sujets liés