Le contrat unique peut-il réellement être mis en place?

Manuel Valls a jugé jeudi «intéressante» l'idée d'un contrat de travail unique. Ce «projet» revenant régulièrement sur le devant de la scène - en prévoyant d’abolir la distinction CDI/CDD - a été proposé par le nouveau Nobel d'économie français Jean Tirole pour réformer le marché de l'emploi. Les partenaires sociaux sont divisés sur le sujet, mais pour la CGT, cette mesure n’a pas lieu d’être.

En effet, Thierry Lepaon, le numéro un de l’organisation syndicale, a fermement condamné cette idée car «ce serait la fin du contrat de travail à durée indéterminée». Avoir un seul contrat pour remplacer toutes les formes de contrat existantes (dont CDI, CDD), la CGT ne «souhaite pas que ce soit testé» car «ce serait la fin du contrat à durée indéterminée». «C'est une remise en cause du CDI», a-t-il dit au micro d’Europe 1. Certains économistes reconnaissent toutefois que cette idée a le mérite d’être pensée, mais dont la mise en place pourrait s’avérer difficile voire infaisable.

«Assouplir un contrat pour taxer plus»

«C'est une idée qui est intéressante», mais «c'est compliqué à mettre en musique» parce qu'«on a quand même besoin de CDD pour les remplacements, les congés de paternité ou de maternité...», explique à l’AFP, Gérard Cornilleau, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Pour Frédéric Lerais, directeur de l’Ires (Institut de recherches économiques et sociales) la mise en place d’un contrat unique est également très «compliquée» car il y aurait «beaucoup de précisions à apporter» à ce projet, explique-t-il à 20 Minutes.

«Un contrat unique voudrait dire: tout le monde est en CDI et plus personne en CDD ni d’intérim? Et dans quel secteur? Le public? Le privé?» Selon lui, le système est trop flou pour être mis en place. «D’autant que l’idée derrière n’est pas vraiment de relancer l’emploi mais davantage d’assouplir un contrat de travail, notamment pour taxer plus les licenciements et aussi éviter les recours aux prud’hommes», affirme-t-il.

«Une idée qui devrait au moins être discutée avec les partenaires sociaux»

«Cette idée de simplifier le système des contrats est très bonne et il faut l’explorer. Elle devrait au moins être discutée avec les partenaires sociaux», explique Michel Didier, directeur de Coe-Rexecode (Centre d’observation économique et de Recherche pour l’Expansion de l’économie et le Développement des Entreprises). «Mais ils ne veulent pas le faire car le contrat unique fait peur», ajoute-t-il. Car selon lui, derrière ce «mot» il y a trop de choses dont ils ne veulent pas «comme la réforme de l’assurance chômage». En revanche, il nuance ce principe de contrat unique comme moyen de créer des emplois en France.

«Certes, ça peut jouer sur les embauches, mais ça n’a pas de sens, car il y a d’autres leviers à actionner. En fait, le contrat unique pour fonctionner doit s’inscrire dans une réforme globale», note Michel Didier.