ENERGIELes Européens divisés sur le climat jouent leur crédibilité face au reste du monde

Les Européens divisés sur le climat jouent leur crédibilité face au reste du monde

ENERGIELe «paquet énergie-climat» qui fixe les objectifs de réduction des gaz à effet de serre et la part d’énergies renouvelables en Europe se décide ce jeudi à Bruxelles…
Le bâtiment de la Commission européenne à Bruxelles, le 22 septembre 2014
Le bâtiment de la Commission européenne à Bruxelles, le 22 septembre 2014 - Emmanuel Dunand AFP
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Difficile de demander aux autres de bien faire quand on ne montre pas l’exemple: la France aura certainement cela en tête lors des négociations sur le paquet européen «énergie-climat» qui doit être adopté ce jeudi à Bruxelles. Proposé par la Commission européenne, il fixe des objectifs ambitieux: d’ici à 2030, les 28 pays de l’Union européenne devraient réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport à 1990, atteindre 27% d’énergies renouvelables et améliorer l’efficacité énergétique de 30%. Mais si la France, en tant que pays hôte du sommet sur le climat des Nations unies en 2015, a tout intérêt à soutenir ces ambitions, d’autres pays membres freinent des quatre fers.

Ceux qui veulent plus, ceux qui veulent moins

En tête de file des opposants à ce paquet climat, la Pologne, dont l’énergie provient à 80% du charbon, gros émetteur de gaz à effet de serre: le Premier ministre Ewa Kopacz a menacé de mettre un veto au projet. La Grande-Bretagne refuse pour sa part tout objectif contraignant sur les énergies renouvelables et s’oppose à fixer un chiffre sur l’efficacité énergétique.

A l’inverse, d’autres pays trouvent que ce paquet ne va pas assez loin: le Portugal, l’Allemagne et le Danemark voudraient porter la part d’énergies renouvelables à 30%, et la France aimerait que le texte propose «au moins 40%» de réduction des émissions de gaz à effet de serre au cas où le sommet international de 2015 se traduirait par des engagements encore plus forts. Quant aux pays les moins riches d’Europe, ils acceptent les mesures à condition d’être aidés financièrement dans leur transition énergétique.

Réduire les importations de gaz russe

Les débats risquent donc d’être houleux à Bruxelles. Si l’Europe est historiquement le bon élève de la planète en matière de lutte contre le réchauffement climatique, elle est aujourd’hui prise entre la nécessité de réduire sa dépendance aux importations d’énergie, notamment de gaz russe, et les investissements nécessaires pour développer des industries plus propres en CO2. La Commission européenne met en avant les bienfaits de cette politique climatique pour l’économie: à chaque pourcent d’énergie non consommée en Europe, ce sont 2,6% des importations de gaz qui ne sont plus nécessaires. Une économie de 53 milliards d’euros serait ainsi générée par le paquet 2030.

Les ONG ont appelé les chefs d’Etat européens à adopter le paquet climat, voire à fixer des objectifs encore plus élevés. Oxfam, par exemple, appelle à une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55%. Pour Connie Hedegaard, commissaire européenne au climat jusqu’à la fin du mois d’octobre, a appelé les dirigeants des 28 pays à se mettre d’accord «maintenant»: interrogée par Le Monde, elle estime que «les entreprises réclament de la visibilité pour pouvoir investir dans ce qui doit devenir la nouvelle économie "bas carbone" de l'Europe. Attendre encore c'est prolonger l'incertitude et prendre de gros risques.»

Déjà reportées en mars dernier, les négociations qui se tiennent ce jeudi pourraient, si elles n'aboutissent pas, se prolonger en 2015, la Commission ayant prévu «que l'Union européenne soumettra sa contribution au plus tard durant le premier trimestre 2015» pour le «sommet climat» de 2015.

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