PORTRAITMexique: Qui était ce couple à la tête de la ville d’Iguala?

Mexique: Qui était ce couple à la tête de la ville d’Iguala?

PORTRAITJosé Luis Abarca, le maire d’Iguala, petite ville du sud du Mexique, et Maria de los Angeles Pineda, son épouse sœur de puissants criminels locaux, sont en fuite, accusés d’avoir ordonné l’attaque contre 43 étudiants…
José Luis Abarca et Maria de los Angeles Pineda, à la tête de la ville d'Iguala avant de s'enfuir, sont accusés d'avoir ordonné l'attaque contre les étudiants
José Luis Abarca et Maria de los Angeles Pineda, à la tête de la ville d'Iguala avant de s'enfuir, sont accusés d'avoir ordonné l'attaque contre les étudiants - Alejandrino Gonzalez/AP/SIPA
20 Minutes avec AFP

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Avec leurs vêtements de marque et leur petit empire local dans la bijouterie, le maire d'Iguala et son épouse affichaient leur bonne fortune. Un couple qui, étroitement lié aux narcotrafiquants, dirigea cette petite ville du sud du Mexique, jusqu'à sa fuite après la disparition de 43 étudiants.

José Luis Abarca et Maria de los Angeles Pineda, désormais accusés d'avoir ordonné l'attaque contre les étudiants, affichaient leur pouvoir sans se soucier des accusations d'homicide pesant sur lui, ni du fait qu'elle était la sœur de puissants criminels locaux.

Des chapeaux de paille à magnat local

A Iguala, à 200 kilomètres au sud de Mexico, peu de gens s'expliquent comment le gamin qui avait commencé par vendre des chapeaux de paille et des vêtements dans les rues avait pu devenir un magnat local, puis le maire de leur ville.

Certains reconnaissaient à Abarca des qualités de ténacité, mais d'autres ne pouvaient s'empêcher de regarder de travers son exubérante épouse, maintenant l'une des personnes les plus recherchées du Mexique.

Les membres du cartel de narcotrafiquants des Guerreros Unidos, interrogés en prison, présentent cette femme au teint clair et aux cheveux châtains non seulement comme une alliée, mais comme « la principale protagoniste des activités criminelles » depuis la mairie d'Iguala.

Les autorités judiciaires ont accusé jeudi le couple d'avoir ordonné à sa police municipale d'attaquer des dizaines d'élèves-enseignants la nuit du 26 septembre, provoquant 6 morts et 43 disparus, probablement pour éviter que les jeunes ne sabotent un événement public de Pineda.

«Orgeuil et arrogance»

Les habitants d’Iguala ont deux mots pour définir ce «couple impérial»: orgueil et arrogance. Maria, employée d'une petite bijouterie qui vendait aussi des dollars aux commerçants pour qu'ils paient les fournisseurs d'or, se souvient du mépris avec lequel la traitait Abarca quand elle lui apportait des billets verts, il y a cinq ans.

«Qu'est-ce que tu me ramènes, du déchet?», lui lançait Abarca quand elle lui proposait des billets d'un, de cinq ou de dix dollars. «C'était un despote, tout ce qui n'était pas au moins 100 dollars, c'était du déchet pour lui», se souvient-elle.

«On en avait peur»

Toujours tirée à quatre épingles, d'un contact froid et hautain, Pineda était, pour beaucoup, l'élément dominant dans le couple. Ce n'était pas un secret qu'elle ambitionnait de succéder à son mari à la fin de son mandat municipal.

«On en avait peur» assure un employé de la mairie. Selon lui, il «était plus que temps qu'ils s'en aillent» de la mairie, soulignant les pratiques népotiques du couple.

A l'opposé, la famille d'Abarca restée à Iguala donne une image très différente du maire, à qui la presse mexicaine attribue 17 propriétés dans la ville, y compris un gros centre commercial. «C'est un garçon travailleur, qui s'est fixé de nombreux défis. Il a gagné son argent lui-même et était dans une très bonne situation économique bien avant de devenir maire», dit sa sœur Roselia

Fils de modestes commerçants, troisième de cinq frères, Abarca avait abandonné des études de médecine pour se lancer dans les affaires. Il est entré en politique en 2012, «invité par des gens qui voulaient un changement» pour Iguala et qui considéraient qu'il était «étranger à cette politique sale», assure Roselia.

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