JAPONVIDEO. La musique japonaise en France, encore une affaire de niche

VIDEO. La musique japonaise en France, encore une affaire de niche

JAPONLa musique japonaise se résume souvent à la J-pop, qui plait surtout à un public initié d'adolescents...
Des membres du groupe de J-Pop AKB48 à Tokyo, le 7 juin 2014.
Des membres du groupe de J-Pop AKB48 à Tokyo, le 7 juin 2014. -  Eugene Hoshiko/AP/SIPA
Mathias Cena

Mathias Cena

De notre correspondant à Tokyo

Jupes courtes, mélodies sucrées et en avant! En matière de musique nipponne, la France est surtout habituée à une poignée d’artistes de J-pop, la pop japonaise, popularisés notamment par la Japan Expo. Si la chanteuse virtuelle Hatsune Miku commence à se faire un nom auprès du grand public grâce à son passage au Théâtre du Châtelet, d’autres artistes, comme Kyary Pamyu Pamyu, sont appréciés avant tout par un public d’initiés, plutôt jeune.

«Maintenant avec Internet, les ados français sont très à jour sur les tendances musicales au Japon, constate Yoko Yamada, qui coordonne des artistes entre l’Europe et le Japon. Un groupe de rock qui marche bien au Japon peut être connu simultanément en France par ce public.»

Hors J-pop, des groupes de rock indé japonais commencent timidement à remporter un certain succès auprès d’un public plus large, plutôt composé d’ados mais hors de la «niche» des fans de pop culture japonaise. Yoko Yamada cite l’exemple du groupe One Ok Rock, programmé au Bataclan en octobre dernier: «Les places sont littéralement parties en trois secondes, on a dû ajouter d’autres dates, notamment au Trianon. Il y avait beaucoup de jeunes, mais pas forcément très «geeks»«, précise-t-elle.



En jazz, la pianiste Hiromi Uehara, très tournée vers l’international, s’est produite plusieurs fois en France, mais elle serait plutôt une exception: «les professionnels français du jazz ne sont pas encore très ouverts aux artistes japonais, estime Yoko Yamada. Quant à la world music, «ceux qui en programment ne pensent pas forcément au Japon».



Un obstacle majeur se dresse encore entre les artistes japonais et le grand public français: de manière générale, les artistes japonais qui connaissent déjà le succès dans l’Archipel ne cherchent pas à jouer à l’étranger. «Ils n’en ont pas besoin», explique Yoko Yamada, «du coup, j’aimerais faire connaître de nouveaux artistes comme par exemple le groupe de rock Bawdies, un peu funk et soul. Ou amener certains groupes de hip hop underground japonais comme Simi Lab, mais c’est difficile car le hip-hop est très sectorisé. Les artistes français ne viennent jamais au Japon, et vice-versa. Ça ne marche pas, à cause de la langue.»



«Il n’y a pas d’équation unique pour tous artistes», tempère Mark Yokozawa, qui représente des artistes japonais qui souhaitent se produire dans d’autres pays asiatiques. Certains connaissent une popularité quasi instantanée à l’étranger, quand d’autres dépassent les frontières des années plus tard. Et quand les marchés sont si différents, le moindre détail compte, jusqu’aux produits dérivés vendus lors des concerts. «Par exemple, lors d’un concert en Chine, nous avions amené toute une panoplie de goodies, mais seuls les CD partaient», se souvient Mark Yokozawa. Yoko Yamada note, elle, que les sweats à capuche se vendent très bien en Europe, contrairement aux serviettes à mettre autour du cou, incontournables dans les concerts au Japon: «Les Européens ne savent pas ce que c’est».