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ART CONTEMPORAINL’art contemporain, nouveau produit bancaire

L’art contemporain, nouveau produit bancaire

ART CONTEMPORAINLa Fiac peut donner aux amateurs d’art des idées de placement financier…
L'oeuvre Dead reckoning, de Zbynek Baladràn  présentée à la Fiac de Paris 2014
L'oeuvre Dead reckoning, de Zbynek Baladràn présentée à la Fiac de Paris 2014 -  Zbyneck Baladran / OH.Dancy
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

La Foire internationale d’art contemporain (Fiac) de Paris convie pour plusieurs jours (du 23 au 26 octobre) galeries et collectionneurs du monde entier. Le marché international se porte bien avec, en 2013, un nouveau record du montant de ventes observé. Au-delà des phénomènes de spéculation folle, la valeur des œuvres d’art contemporain est globalement à la hausse. A tel point que plusieurs sociétés de conseil en investissements incitent leurs clients américains à y placer leur argent.

Sans devenir de grands collectionneurs ou même de grands amateurs, ces investisseurs achètent une œuvre par goût, la garde un peu puis la revendent, à profit.

En France, cette pratique est encore «mal perçue, explique Antoine Dubernet, docteur en économie, spécialiste des investissements. Les Français ont encore une grande confiance dans le placement bancaire. Pourtant, acheter une œuvre d’art est un placement moins engageant qu’un achat immobilier, par exemple. Mais c’est encore une pratique très marginale.»

La spéculation ou la passion

Les Français ont, en moyenne, 25.000 euros sur leurs comptes bancaires, à des taux très bas. De quoi débuter une belle collection. A OFFicielle, foire satellite de la Fiac dédiée aux galeries et artiste émergents, certains œuvres sont vendues à moins de 1000 euros. «En comparaison avec le bonheur et l’enrichissement émotionnel que cela procure, acheter puis vivre avec une œuvre d’art vaut largement un meuble», explique Samy Abraham. Pour autant, le galeriste refuse de voir une œuvre d’art comme un placement.

«Je ne considère en aucun cas les œuvres que je présente comme des objets de spéculation. C’est complètement faux de dire qu’on va devenir riche en achetant de l’art contemporain. Même si certaines galeries travaillent avec cet argument et si les médias parlent toujours de ces artistes dont les œuvres sont passés de 500 dollars à 200.000 en deux mois.»

Entrer par la galerie

Pour autant, en s’en tenant à deux ou trois conseils de bon sens, les amateurs d’art contemporain peuvent sauter le pas et acheter une œuvre en ayant la certitude que leur argent n’est pas perdu. «Plutôt que tel ou tel artiste, les acheteurs néophytes doivent trouver une bonne galerie, explique Antoine Dubernet. Ce sera leur garantie que les artistes dont ils ont acheté une œuvre vont prendre de la valeur.»

«Acheter une œuvre doit être un acte à la fois réfléchi et passionné, une pulsion encadrée. Parce que l’acheteur doit évidemment composer avec son porte-monnaie. Je vends à mes clients un travail, explique Samy Abraham. La carrière des artistes avec lesquels je travaille se construit avec des expos, des commandes publiques, en étant exposés dans la presse.»

L’argument des conseillers en investissement est qu’en achetant sept ou huit œuvres de jeunes artistes différents, la plus-value est certaine. Samy Abraham refuse de voir les choses comme ça. «La seule plus-value qui compte est symbolique et sociale. Avoir une œuvre, la voir chaque matin avec un nouveau matin, nourrit intellectuellement.»

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