ASTROPHYSIQUEComment l'anticipation des éruptions solaires peut protéger la Terre

Comment l'anticipation des éruptions solaires peut protéger la Terre

ASTROPHYSIQUECes grandes effusions de lumière et de particules auraient une incidence croissante sur notre quotidien...
Aurore boréale en Irlande après une éruption solaire, le 17 mars 2013.
Aurore boréale en Irlande après une éruption solaire, le 17 mars 2013. - OSKARSSON/SOLENT NEWS/SIPA
Romain Scotto

Romain Scotto

Un jour peut-être, la Catherine Laborde du XXIIe siècle inclura un nouveau volet à ses bulletins météo. Après les prévisions du temps et de l'enneigement ou des marées, elle se penchera sur l’état du Soleil, son activité, son rayonnement et surtout ses éruptions. Ces grandes effusions de lumière et de particules, 15 fois supérieures à la taille de la Terre, auraient une incidence croissante sur notre quotidien. D’où l’importance d’anticiper leur apparition, indique Tahar Amari, auteur d’une publication inédite sur le sujet.



Avec son équipe, ce chercheur du CNRS a mis en évidence la formation d’une «corde magnétique» qui émerge de l’intérieur du Soleil. La transition vers l’événement éruptif ne serait pas possible avant la formation de cette «corde». Plusieurs critères ont été mis en évidence: un seuil énergétique et une altitude au-delà de laquelle les arcades magnétiques qui retiennent la corde s’affaiblissent. Si ces points critiques sont dépassés, il y a éruption. Grâce à cette découverte, «on pourra dire s’il se passe quelque chose ou pas sur la Terre. C’est un travail à la source des éruptions qui améliore l’échelle de temps pour réagir.» Le délai pour que les particules solaires atteignent notre planète étant de 24 à 72h.

Concrètement, l’idée est d’anticiper d’éventuelles perturbations des systèmes de communication sur Terre. «Notre planète est entourée d’une couche, la ionosphère, à travers laquelle passent les ondes radios. Quand il y a une éruption, cette "gaine" est modifiée, créant de multiples problèmes», résume le chercheur. Les systèmes de GPS et les générateurs électriques seraient ainsi touchés.

Les fausses commandes des satellites

Dans un domaine comme l’aéronautique, les conséquences sont nombreuses. Un avion doit en permanence être en contact avec le sol. Si les communications radio sont altérées, le contact est perdu. Par ailleurs, le personnel navigant étant constamment en l’air, il est aussi le premier touché par les particules énergétiques des éruptions. En cas de tempête solaire, les compagnies aériennes effectuent déjà des déroutages en volant à plus basse altitude et en évitant les pôles, plus exposés.

Ces particules ont aussi un impact sur le fonctionnement des satellites, entraînant des anomalies ou «fausses commandes.» Idem pour les fusées, type Ariane 5, dont l’orbite dépend parfois de ces événements. Une dernière incidence concerne le milieu boursier puisque les logiciels de «trading», réglés à la milliseconde reposent sur des horloges atomiques de haute précision. Elles ne résisteraient pas à de très fortes éruptions, comme celle de 1859. Les spécialistes évaluent aujourd’hui à une centaine de milliards de dollars le coût des dégâts de cette tempête. Rien de très rassurant quand on sait que la probabilité de subir une telle catastrophe dans les dix prochaines années est de 12%.

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