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SOCIETEIle-de-France: «Les jeunes connaissent mal leurs droits»

Ile-de-France: «Les jeunes connaissent mal leurs droits»

SOCIETEBrigitte Verheyde-Janvier sert de relais entre les jeunes Franciliens et l’administration et défend les victimes de discriminations…
Paris, le 3 septembre 2014, la déléguée u défenseur des droits (à droite accueille les jeunes le jeudi pour les aider à faire avancer leurs dossiers en cas de discrimination.
Paris, le 3 septembre 2014, la déléguée u défenseur des droits (à droite accueille les jeunes le jeudi pour les aider à faire avancer leurs dossiers en cas de discrimination. - O. Gabriel / 20 Minutes
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

Pas évident de s’y retrouver dans la paperasse pour demander une aide de la CAF. Ni de prouver qu’un employeur vous discrimine en raison de votre patronyme. Depuis mai, Brigitte Verheyde-Janvier donne un coup de pouce aux jeunes franciliens, qui voient une demande auprès d’une administration bloquée, ou qui se disent victimes de discrimination. Rencontre avec celle qui est en première ligne pour tâter le pouls de la jeunesse francilienne.

Quelle est votre mission?

Je peux aider les personnes qui ont un différend avec n’importe quelle administration: Pôle Emploi, CAF, Assurance maladie… A condition qu’elles aient déjà fait une demande et qu’elles aient reçu un refus ou aucune réponse, ce qui arrive souvent. On ne fait pas de miracles. On s’est rendu compte que les jeunes connaissaient mal leurs droits et le rôle du Défenseur des droits. Alors on a ouvert depuis quelques mois une permanence*. Beaucoup communiquent par Internet, mais se plaignent du manque d’humain.

Vous traitez aussi les cas de discrimination…

En effet, et ils ne savent pas toujours ce qui relève d’une injustice ou d’une discrimination. Pour que je puisse aider un jeune victime de discrimination, il faut prouver qu’il y a traitement défavorable dû au sexe, à l’âge, à la religion, la grossesse… J’ai reçu une jeune femme qui au retour de congé maternité a été reléguée dans un autre bureau, a vu des dossiers lui échapper, ses évaluations chuter. Selon notre rapport de 2013, les critères récurrents dans les affaires de discrimination se déclinent ainsi: 25% concernent l’origine, 16% le handicap, 16% la santé, 10% les activités syndicales, 8% la grossesse et 6% l’âge. J’ai reçu un jeune couple victime de discrimination de la part d’une agence immobilière. La jeune femme, blanche, avait visité seule l’appartement et obtenu un accord. Mais quand son compagnon de couleur s’est présenté, on lui a dit que les voisines ne supporteraient pas de voir des gens de couleur dans cet immeuble…

Quel est le processus pour traiter un dossier?

On n’est pas des avocats. J’analyse le dossier, je regarde s’il n’y a pas eu de cas similaires, je recherche les textes légaux et je préviens la société, l’agence, l’institution concernée. Mais je suis aussi là pour les écouter et pour expliciter pourquoi il y a eu un refus d’une administration. Quand il s’agit de discrimination, je remarque que, souvent, le réclamant a gain de cause, mais de façon détournée. Par exemple une société accède à la demande mais sans reconnaître la discrimination. J’ai par exemple traité le cas d’un enseignant stagiaire dans le privé. Candidat aux élections municipales sur la liste Front national, son contrat n’a pas été renouvelé. J’ai écrit à l’école qui l’a repris en CDD.

Est-ce que les discriminations liées à l’orientation sexuelle ont augmenté depuis les débats sur le mariage homosexuel?

Oui, beaucoup de jeunes homosexuels sont venus nous voir. Ils sont plus stigmatisés qu’avant. Très récemment, un transsexuel a fait l’objet de remarques déplacées dans une salle de sport.

Quelle est l’angoisse numéro 1 des jeunes que vous rencontrez?

L’accès à l’emploi. C’est la condition sine qua non pour devenir indépendant financièrement, pour trouver un logement… Et il arrive que les employeurs posent des questions discriminatoires lors d’un entretien d’embauche sur l’origine, l’état de santé, le désir de fonder une famille, la religion… Mais il est difficile de faire valoir ses droits quand on est en demande. Selon notre bilan 2013, les cas de discrimination que nous traitons concernent à 37% le privé, 28% le public et à 13% les biens et services.

*La déléguée du Défenseur de droits reçoit les jeunes de 15 à 30 ans sans rendez-vous le jeudi de 14h à 17h au CIDJ, 101 Quai Branly, 15e. Plus d’informations par ici.

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