CERVEAUTélépathie: Jusqu’où peut-on aller dans la transmission de pensée ?

Télépathie: Jusqu’où peut-on aller dans la transmission de pensée ?

CERVEAUPour la première fois, la transmission d'un message mental simple entre deux personnes a été possible...
Illustration d'un cerveau humain.
Illustration d'un cerveau humain. - SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA
Romain Scotto

Romain Scotto

Communiquer avec quelqu’un à des milliers de kilomètres, sans prononcer le moindre mot ni taper sur un clavier semblait jusque-là réservé aux films de science-fiction. Mais depuis la semaine dernière et l’expérience publiée dans la revue américaine Plos One, le terme de «télépathie» n’est plus un gros mot dans la bouche des scientifiques. Pour la première fois, un message mental simple entre deux personnes, l’une installée en France, l’autre en Inde, a été transmis, certes avec l’aide d’un support informatique, mais sans utiliser les cinq sens humains.

Pour que cette «transmission de pensées» s’opère, le sujet actif porte des électrodes sur la tête transmettant via Internet ses activités cérébrales. L’ordinateur convertit ces impulsions électriques en code binaire, avant de les envoyer à un autre ordinateur qui les transmet au cerveau d’une autre personne sous forme de flash lumineux. Une prouesse scientifique qui ouvre déjà la voie à quelques pistes de réflexion, voire à certains fantasmes.

Des applications dans le domaine médical?

«Nous pensons que des interfaces directes entre ordinateurs et cerveaux seront possibles dans un avenir pas si éloigné, permettant une communication directe de cerveau à cerveau de façon routinière, créant de nouvelles possibilités dans les relations sociales», indiquent les chercheurs. A ce jour, seuls des messages courts et simples comme «bonjour» peuvent être transmis. Mais dans un avenir proche, les scientifiques imaginent déjà les premières applications concrètes de cette technique dans le domaine médical.

Avec l’aide d’une technologie plus facile d’utilisation et la miniature, des patients muets, victimes d’un AVC, voire dans le coma, pourraient de nouveau communiquer. D’autres voient encore plus loin en se penchant avec le plus grand sérieux sur des cas de télépathie sans le moindre relais informatique. Directement d’humain à humain. C’est le cas des membres de l’Institut Métapsychique International (IMI), un organisme regroupant divers scientifiques, qu’ils soient ingénieurs, psychiatres ou physiciens.

«Est-ce que je peux mettre l’étiquette "télépathie" dessus?»

Selon une enquête Sofres de 2002, 54 % des Français croient à la guérison par magnétiseurs, 40 % à la transmission de pensée et un peu plus de 33 % aux rêves prémonitoires. Autant de domaines de recherches biens connus à l’IMI où exerce Mario Varvoglis. «Ce qui m’intéresse, c’est de comprendre le fonctionnement de la conscience. Dans des protocoles expérimentaux, on trouve suffisamment de preuves d’échanges entre deux personnes qui nous permettent d’être convaincus qu’il y a un phénomène. Est-ce que je peux mettre l’étiquette "télépathie" dessus?» Ce docteur en psychologie expérimentale ne s’aventure pas plus.

Il évoque en revanche des témoignages étranges. Paranormaux. Des gens visualisant dans leur sommeil l’accident d’un proche, au moment où celui-ci se produit. «Quand on a autant de témoignages, c’est une curiosité scientifique. Mais entre l’observation et la compréhension des mécanismes, il y a un gouffre énorme», admet Mario Varvoglis, qui ne fige pas les frontières entre esprits. Dans les laboratoires de l’IMI ses collègues tentent de mettre en relation la pensée d’émetteurs et de récepteurs (humains). Ils observent les conditions de mise en place de la transmission de pensée, le profil des sujets enclins à l’appliquer. Un travail qui s’inscrit parfaitement dans la devise de l’institut: «Le paranormal, nous n’y croyons pas. Nous l’étudions.»

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