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FOOTBALLChampionnat indien: «Je ne l'aurai pas fait à 22 ans», raconte Johann Letzelter

Championnat indien: «Je ne l'aurai pas fait à 22 ans», raconte Johann Letzelter

FOOTBALLHuit joueurs français s’apprêtent à s’envoler pour l’Inde et son championnat…
La conférence de presse de lancement du championnat indien de football, le 28 août 2014, à Mumbai.
La conférence de presse de lancement du championnat indien de football, le 28 août 2014, à Mumbai. - PUNIT PARANJPE / AFP
Antoine Maes

Antoine Maes

Ce championnat-là, beIN n’en a pas encore acquis les droits. Dans un mois et demi, le championnat indien démarrera, et pas avec n’importe qui: Del Piero, Pires, Trezeguet… Mais aussi une petite colonie de Français, comme Bernard Mendy ou Cédric Hengbart. Johann Letzelter, venu de Niort, fait aussi partie de l’aventure. Il explique comment un joueur professionnel français se retrouve à signer à Mumbai.

Comment vous êtes-vous retrouvé en Inde?

J’étais en fin de contrat à Niort, j’étais donc à la recherche d’un club. J’ai fait le stage UNFP sur Paris. Ils ont reçu un e-mail d’un agent qui cherchait des joueurs pour aller là-bas. C’était un peu confus au départ, mais ensuite, un 2e agent, Bruno Satin, que l’UNFP connaît bien, s’est rapproché de nous par l’intermédiaire de Bernard Mendy. Pour que tout soit clair, il est venu nous expliquer le système, pour qu’il voit le profil de joueurs recherchés.

En clair, le championnat indien achète donc des joueurs français?

Le but est de faire un coup de pub avec des stars comme Pires ou Del Piero, ensuite il y a une base de joueurs indiens, et enfin, ils ont mandaté des agents pour trouver une cinquantaine de joueurs d’un certain niveau, et pas que des Français, parce qu’il y aussi des Espagnols et des Tchèques. Ils ne cherchaient pas des jeunes, ou avec une seule saison de National ou L2, plutôt des CV intéressants. Il fallait aussi être en bonne forme physique parce que le championnat ne dure qu’un peu plus de deux mois.

A quoi vous attendez-vous sur place?

J’ai hâte. Les 50 qui partent là-bas ont été choisis sous la forme d’une draft, comme en NBA. C’est unique dans le football. Jusque-là, on ne savait pas comment ça se passerait. Nous, on a signé un contrat, nos sommes étaient négociées, et quel que soit le club dans lequel on tomberait, notre contrat ne changerait pas.

Justement, que savez-vous du Mumbai City FC?

Je n’ai pas eu d’infos directes. J’ai reçu les contrats, les papiers pour le visa, une lettre de la Ligue indienne. J’ai eu le directeur sportif qui est entré en contact avec moi pour la paperasse. Pour l’effectif, je suis allé sur Internet. Je ne connais pas les joueurs, mais je sais que je serai le seul Français. Je sais que le coach, c’est Ruud Gullit, et que la star qui a signé, c’est un mec du Borussia Dortmund, Manuel Friedrich.

En quoi est-ce une bonne opportunité pour vous?

Je n’avais pas grand-chose d’autre. J’ai refusé des choses en France. Je suis marié, j’ai deux enfants, et les propositions en France étaient compliquées au niveau géographique, comme Grenoble ou Strasbourg. Ensuite, j’ai eu des contacts à l’étranger mais il n’y avait rien de concret. Ça m’a toujours tenté, l’étranger. Si j’avais signé un an là-bas, j’aurais fait venir ma famille, mais là, ça me fait revenir pour le mercato d’hiver. Je vais essayer de les faire venir deux semaines pendant les vacances scolaires. Et puis je vais jouer, je serai actif et financièrement, c’est intéressant.

A quel point?

Je vais gagner plus par mois que ce que je gagnais en Ligue 2. Mais ce qui est avantageux surtout, c’est que c’est net d’impôts, ils sont prélevés à la source. Et puis c’est tous frais payés: ils nous paient les billets d’avion aller-retour, on est logés dans un hôtel 4 ou 5 étoiles pendant trois mois, on a un chauffeur pour aller à l’entraînement, la nourriture est payée, on a un téléphone… Si on fait le calcul par rapport à la France, c’est vite réglé.

Est-ce que c’est aussi le symptôme d’un problème dans le football professionnel français?

De plus en plus de joueurs vont être amenés à partir. Parce qu’il y a de moins en moins de places, ici. Avec pas mal de joueurs étrangers qui viennent, ça bouffe un peu plus le marché. Il y a aussi de plus en plus de pays qui se développent. A l’UNFP, il y a des mecs qui sont partis en Slovénie, en Pologne… Des championnats qu’on ne connaissait pas avant, mais qui proposent des salaires intéressants, c’est quasiment de l’argent de poche. Ce choix, je ne l’aurais pas fait à 22 ans, parce qu’au niveau de la visibilité… Mais je vais avoir 30 ans, c’était le bon moment.

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