INTERVIEWLaurent Baumel: «On veut aider François Hollande à réussir... malgré lui»

Laurent Baumel: «On veut aider François Hollande à réussir... malgré lui»

INTERVIEWLe député Laurent Baumel explique à «20 Minutes» la démarche des frondeurs...
Laurent Baumel en 2007.
Laurent Baumel en 2007. - HALEY / SIPA
Maud Pierron

Propos recueillis par Maud Pierron

Laurent Baumel est l’un des députés qui a lancé le mouvement des frondeurs à l’Assemblée nationale. Il explique à 20 Minutes comment il a vécu ces derniers jours et comment il imagine la suite pour lui et ses camarades, alors que la majorité serre les rangs.

Comment appréhendez-vous cette université d’été, vu le contexte?

Elle est à haut risque car de très gros débats traversent le PS. Chaque année, on sait que la lecture médiatique qui est faite de La Rochelle est celle de la division. On n’y échappera évidemment pas cette année. Mais ce qui me paraît nouveau, c’est qu’il ne s’agit pas cette année d’une compétition de chef mais d’un vrai débat d’orientation politique avec un gouvernement qui a du mal à gouverner, à obtenir des résultats. Ce débat sur la ligne est digne au sein d’un parti politique et pas si exceptionnel. J’espère que c’est cela qu’on retiendra plutôt que la division ou le désarroi.

Finalement, Manuel Valls vous a-t-il rendu service en clarifiant son cap, mettant ce débat sur la table?

Non, car l’entêtement qui est le sien ne rend service ni à la gauche ni à la France. J’ai l’impression d’être embarqué dans un naufrage collectif.

Qu’avez-vous pensé de la tribune de soutien de 200 députés présentée comme une initiative anti-frondeurs?

Sur le fond, tout le monde peut signer le texte: «Ni godillot ni déloyal», même moi je m’y retrouve! Ça souligne surtout qu’il y a 100 députés qui ne l’ont pas signé. C’est ça le fait politique. C’est visiblement une énorme opération d’appareil conçue pour montrer un soutien massif au chef de l’Etat mais il y a un tiers des députés qui ne l’ont pas signé, et pas des moindres. Cela signifie qu’il n’y a pas que les frondeurs parmi les non-signataires, cela va au-delà. Et encore, cet appel a été concocté avant la séquence Macron-Medef-35 heures, cette série de provocations délibérées: je connais quelques députés qui l’ont signé qui ne le feraient pas aujourd’hui.

Pensez-vous que le mouvement des frondeurs peut s’amplifier?

Notre mouvement a en tout cas des potentialités d’élargissement, mais ce n’est pas garanti. C’est toujours intéressant de voir que certains n’ont pas voulu s’engager dans la grande opération de mobilisation.

Samedi les frondeurs lancent leur mouvement «Vive la gauche». C’est quoi la suite pour vous? Tenter de mettre le gouvernement en minorité?

D’abord nous voulons être plus nombreux au sein de notre mouvement. Si 70 ou 80 députés sont prêts à exprimer les désaccords, on pèsera plus dans le débat. Les provocations de Manuel Valls, l’orientation politique prise par l’exécutif, les mauvais résultats économiques: tout cela amènera peut-être certains députés à bouger et à s’abstenir sur certains textes. Mais le but n’est pas de mettre en minorité le gouvernement, nous voulons le forcer à négocier. On n’est pas Mélenchon, on ne parie pas sur l’échec du gouvernement. On veut aider François Hollande à réussir, à rééquilibrer sa politique. Mais parfois, il faut le faire malgré lui.

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