Rentrée littéraire: Cinq romans pour cinq occasions

Tant de nouveautés chez votre libraire, et si peu de temps! Parmi les 607 livres qui paraissent cet automne, comment faire le tri? 20 Minutes vous a choisi les romans à dégainer pour chaque occasion.

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Un dîner de trentenaires

Le livre: Peine perdue d’Olivier Adam (Flammarion). Autour de l’agression inexpliquée de la star d’une équipe de foot, Antoine, au milieu d’une tempête sur la côte d’Azur, Olivier Adam emmêle vingt-deux portraits de gens du coin, pour la plupart de jeunes adultes angoissés par une vie qui leur échappe. Un roman choral magistralement mené.
Pour mettre tout le monde mal à l’aise: Lancer un «mais au fait, à cette table, quelqu’un est là où il voulait être à 30 ans?». Puis, pour convaincre les sériephiles, mentionner que «Friday Night Lights» a inspiré Olivier Adam.
Menu: Farcis à la provençal. Et beaucoup de pastis pour se remonter le moral.

Un vernissage snob

Le livre: Un monde flamboyant de Siri Hustvedt (Actes Sud), l’épouse à la ville de Paul Auster. Après sa mort, l’artiste plasticienne new yorkaise Harriet Burden fait l’objet d’une recherche universitaire: ses amis, des critiques d’art décrivent celle qui ont connue. Une femme évoluant dans un univers régi par les valeurs masculines… Un thriller intellectuel et féministe.
Pour animer la soirée: Comme Mary Shelley, l’auteur de Frankenstein (le livre de chevet d’Harriet Burden), mettre l’assistance au défi d’écrire une histoire de fantômes.
Menu: Un steak de thon, une bouteille de Saint-Véran.

Un thé avec votre tante catho

Le livre: Le Royaume d’Emmanuel Carrère (P.O.L). En 1990, l’auteur de Limonov a été «touché par la grâce». Pendant trois ans, il n’a pas manqué une messe. Puis, plus rien. En s’interrogeant sur son rapport à la foi, Carrère enquête sur les traces de cette petite secte qui, en l’an 50, assure qu’un Juif est ressuscité trois jours après avoir été crucifié… Le grand roman de la rentrée.
Pour la secouer gentiment: Lui demander comment elle, si sensée, peut croire en la résurrection. Argumenter en citant les Actes des apôtres. Si avec ça, elle n’est épatée.
Menu: Un agneau pascal, évidemment.

Un week-end à la campagne

Le livre: L’amour et les forêts d’Eric Reinhardt (Gallimard). Le portrait de Bénédicte Ombredanne, une Emma Bovary moderne harcelée par son mari, encore plus violent depuis qu’elle a avoué l’avoir trompé, deux ans plus tôt, lors d’une journée idyllique en forêt… Bouleversant, surtout pour son dernier tiers.
Au coin du feu: Apprendre à vos amis que le roman captivant qui vous a fait rater l’après-midi de chasse s’appuie sur des témoignages réels. Une femme aux prises avec un époux harceleur a abordé l’auteur de Cendrillon dans un train pour lui confier son histoire.
Menu: Un bon gibier et une bouteille de Saint-Graves.

Une nuit d’ivresse

Le livre: Pétronille d’Amélie Nothomb (Albin Michel). Ce millésime 2014 est un bon cru. Amélie Nothomb s’invente une relation amicale aussi loufoque qu'éméchée avec une partenaire de boisson baptisée Pétronille Fanto.
Avant de sabrer une bouteille de champagne: Se délecter de la description des visions que provoque le champagne sur Amélie Nothomb: «L’or de sa robe avait coulé en bracelets, les bulles en diamants».
Menu: Un apéro pas forcément dinatoire. Amélie Nothomb insiste bien là-dessus: pour apprécier le champagne et l’ivresse qui va avec, manger est «une insulte à la nourriture et plus encore à la boisson».